Gérer les attentes du public et les nœuds de l’intrigue de la saison 2 de La Trêve ? Deux défis parallèles qui résument bien « l’angoisse » de ses trois scénaristes: Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck.
Malgré quelques avant-premières et la diffusion sur Proximus TV, la longue attente prendra officiellement fin ce dimanche après la diffusion des deux premiers épisodes prévue à 20h50 sur La Une. On a pris le pouls du trio avant le compte à rebours dominical…
Dans la saison 2 de La Trêve***, on retrouve ces personnages que l’on jurerait sortis tout droit du magazine Strip-Tease et cette fascination pour les affaires judiciaires ou policières qui dérapent et s’enlisent. Cette narration si particulière qui marie réalisme féroce, tendresse humaine et existences à la marge. Un cocktail qui a fait ses preuves en saison 1, mais qu’il n’était pas forcément aisé de retrouver en saison 2.
On a demandé aux trois scénaristes du polar belge, quel a été le déclic pour trouver leur nouvelle thématique…
« Le thème des personnes accusées à tort et des gens qui font des aveux alors qu’ils ne sont pas coupables, cela vient de l’affaire Patrick Dils. On avait lu un bouquin sur le sujet bien avant d’écrire La Trêve. Je suis ami avec Benjamin et Stéphane depuis très longtemps, on partage un bureau et on discute beaucoup de la vision du monde et des sujets de société, pour utiliser des grands mots. Mais on fait ça en mangeant un sandwich, pour utiliser des mots plus simples », plaisante Matthieu Donck. « Il y a des affaires comme celles-là qui nous fascinent. Ce n’est pas tellement le cas lui-même, mais les faits qui l’entourent. C’est comme dans l’enquête autour du petit Gregory. Quand on commence à décrire les gens de cette vallée, ce sont de vrais personnages de fiction. Il y a des gens dans les affaires les plus sordides qui, par la façon dont ils réagissent, attirent un faisceau de culpabilité sur eux, ou pas. Et c’est beaucoup plus intéressant à observer que le fait divers lui-même. Voir l’impact que cela va avoir plus loin, c’est cela qui nous intéressait… »
Il y aura forcément des déceptions ou des frustrations
Intrigue plus complexe, personnages plus nombreux, tout cela entraîne aussi davantage de pression…
« On a failli raconter cette histoire lors de la première saison mais cela nous semblait trop compliqué car on n’avait aucune expérience. C’était plus simple de raconter l’histoire d’un seul personnage enquêtant sur un meurtre », poursuit Matthieu Donck. « Dans la saison 2, on suit trois parcours chahutés, cela démultiplie les points de vue et les lignes narratives. Du coup, c’était plus compliqué à gérer », précise Benjamin d’Aoust.
« C’est un gros pari, une histoire plus complexe. Nous, on pense que c’est mieux mais il y avait surtout beaucoup plus à faire« , poursuit Matthieu Donck. « On pensait être plus cool avec dix jours de tournage supplémentaires mais on était vraiment beaucoup plus fatigués », admet Stéphane Bergmans.
Malgré cette dépense d’énergie, le succès n’est pas assuré, selon le trio. « Il n’y a pas la nouveauté que représentait la saison 1, donc c’est forcé qu’il y ait des déceptions ou frustrations » prédit Benjamin d’Aoust.
Il fallait qu’on se sente libres d’écrire ce qu’on voulait
« Chaque fois qu’on croise des gens, ils nous parlent de leurs espoirs ou paris concernant la saison 2 et cela nous stresse car chaque fois, on se dit : Houla, on n’en parle plus du tout, donc ils vont être déçus. On s’est dit qu’il fallait qu’on se sente libres de raconter ce qu’on voulait puisque, de toute façon, tout le monde allait préférer la saison 1. C’est rare que les suites dépassent le modèle« , analyse Matthieu Donck.
« Et puis, c’est normal. Puisque notre succès a été inattendu (cf. note suivante), on ne peut pas espérer un succès identique », analyse Benjamin d’Aoust. « En se disant cela, cela nous a libérés. Parce qu’au moment d’écrire, on ne peut pas se laisser influencer par les demandes du public », poursuit Matthieu Donck.
« La très grande partie du travail de scénariste, c’est de discuter et de travailler sur des thèmes. Comme on parle de quelque chose de très abstrait, il faut être sûr de parler de la même chose, de façon concrète en s’appuyant sur des photos des lieux et des personnages, ou sur des Post-It reprenant les grandes thématiques. Il y a les histoires auxquelles on accroche et celles auxquelles on n’accroche pas du tout. Avant d’écrire quoi que ce soit, on essaie de se surprendre et de se convaincre mutuellement. »
Entretien: Karin Tshidimba
nb: La bande annonce était déjà disponible ici
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