Au début de cette saison 4, on découvre que Marie-Jeanne (Florence Loiret-Caille) est montée en grade : elle est devenue directrice du Bureau des Légendes***.
Croisée au Festival de La Rochelle avec le producteur Alex Berger, la comédienne parle peu de cette promotion. « Elle a cette humilité vis-à-vis de son personnage, comme les vrais agents… » souligne son collègue Gilles Cohen (alias Moule à Gaufres, le Colonel Marc Lauré dans la série). On a tout de même saisi l’occasion pour parler du succès de la série française et tenter de la définir en peu de mots, comme le font les espions, très diserts en réalité.
Quatre mots pour condenser toute une saison… Joli défi.

Les dix nouveaux épisodes  de la saison 4 sont à découvrir dès ce samedi à 20h30 sur Be Séries

RENCONTRE

« Cela faisait trois ans que je réclamais de rencontrer des agents de la DGSE. » L’été dernier, Florence Loiret-Caille, alias Marie-Jeanne Duthilleul a enfin obtenu gain de cause. « J’ai rencontré l’homologue de Marie-Jeanne. Eh bien, ce sont des gens comme vous et moi qui prennent les transports en commun, qui ont une vie privée. Ils déjouent des attentats et personne ne parle d’eux. C’est tout le contraire des acteurs, en fait ! On a très peu discuté car ils ne peuvent livrer aucune information. Mais ils m’ont quand même dit qu’ils sont très contents que la série existe parce qu’elle explique leur vie de bureau qui est très spéciale. Je n’ai pas posé beaucoup de questions, j’ai surtout regardé comment ils sont habillés, comment ils se comportaient. Ce qui me touche, c’est que ce sont des gens qu’on ne voit pas et qui font des choses extraordinaires. Je leur ai quand même demandé ce qui les poussait à faire ce métier. Et il y a une forme de patriotisme très ancrée en eux. Ça m’a impressionnée… »

OMBRE (/LUMIÈRE)

« Eric Rochant et les auteurs parviennent à faire rentrer le spectateur dans un monde impénétrable, un endroit clos dans lequel d’habitude personne ne va et on est spectateur de quelque chose de très secret » analyse le comédien Gilles Cohen.

« Cela dénote le style particulier d’Eric Rochant : pas de fantaisie, pas de fantasme », souligne son partenaire, le producteur Alex Berger. « Prends les décisions comme si c’était toi et suis le texte à la lettre, dit-il aux acteurs. L’écriture est au centre de la série et comme les mots sont extrêmement précis et posés, avec ce langage très particulier du renseignement, le jeu découle de tout cela. Ce qui est intéressant, c’est aussi leurs relations personnelles. Car ces gens-là sont affreusement seuls dans la prise de décision. »

Un minutieux processus d’écriture et un patient travail sur « l’effet de réel » qui donnent toute sa crédibilité à la série.

(LE POIDS DES) MOTS

« Tout part de la communauté de scénaristes réunis par Rochant autour de lui » rappelle Florence Loiret.

« C’est une écriture archi structurée, très précise, c’est unique, cette série. Cela me fait penser à la tragédie classique. Sans doute parce que ma formation est théâtrale à la base. C’est posé comme de la tragédie pure. Il n’y a rien en trop. Juste quelques moments de tragi-comédie. Et en même temps, il y a énormément d’humour. Et de détachement avec Marie-Jeanne qui mêle le chaud et le froid » souligne Gilles Cohen dans un clin d’œil. « Il y a une convergence entre tous les personnages, un objectif commun. La série ressemble finalement à la réalité qu’elle décrit. Il y a beaucoup de décryptage : les acteurs face au texte ou les espions face aux messages qu’ils reçoivent et analysent » poursuit le comédien.

« Eric Rochant (à gauche sur la photo) étudie la sémantique et donc chaque mot a son importance. Ce n’est pas un hasard qu’il excelle dans une série telle que celle-là où chaque mot est soupesé au regard de la réalité que l’on tente de connaître », précise le producteur Alex Berger.

RÉALISME

« Le Bureau des Légendes propose une réinterprétation du genre de l’espionnage, loin du fantasme de James Bond. Le quotidien et la volonté de réalisme d’Eric sont la grande force de la série. Il a tenu à y introduire cette banalité du quotidien comme ce fut les cas avec la vie de Tony Soprano », précise Gilles Cohen.

« Ce style, ce ton est reconnu à travers le monde. Le BDL est vendu dans 100 pays, la plupart du temps en VO sous-titrée car cela les intéresse de découvrir la géopolitique vue de la France. Si cela fonctionne si bien c’est parce que ce n’est pas Homeland, ni The Americans, ni Jack Ryan : c’est autre chose », conclut le producteur Alex Berger.

Entretiens: Karin Tshidimba à La Rochelle