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Avoir des yeux et des oreilles partout : c’est le rêve de tout enquêteur. Un rêve en passe de devenir réalité grâce à l’application Sophe (référence à la déesse grecque de la sagesse, Sophie) qui permet la collecte, l’analyse et le partage de données via son réseau participatif impliquant n’importe quel citoyen sur base volontaire.

L’invention est le fait de Jeffrey Tanner (Jeremy Piven) un génie de l’informatique qui a décidé de revendre son entreprise très cotée (AllSourcer) pour se mettre en quête de l’assassin de sa fille. Un crime pour lequel la police s’est trompée de coupable, il en est persuadé.

Si le fil rouge de la série Wisdom of the crowd** (Wisdom: tous contre le crime, en VF) est bien la recherche du tueur de sa fille Mia, au fil des jours et du développement de Sophe, de multiples données émergent qui pousseront l’équipe de Tanner à se pencher sur d’autres affaires criminelles. Avec succès.

Une série à suivre tous les dimanches à 20h30 sur RTL-TVI.

Statistiques et lois mathématiques

Basé sur la série israélienne du même nom (créé par Dror Mishani et Shira Hadad), ce thriller développé par Ted Humphrey (The Good Wife, Incorporated) parie sur la « sagesse des foules » telle que formulée dans le livre de James Surowiecki qui note l’implacable facilité avec laquelle une foule parvient à deviner des éléments ou événements via l’observation et le croisement de données.

Le lien avec la série Person of interest qui prédisait les crimes ou, du moins, la probabilité du passage à l’acte de certains criminels est indéniable. Sauf que Wisdom of the crowd s’attaque à leur résolution et pas à leur prévention. S’appuyant sur une loi mathématique déjà observée par le scientifique Francis Galton en 1906, Wisdom fait totalement fi du spectre de l’erreur humaine et judiciaire, pourtant bien réelles.

En se concentrant uniquement sur le côté « lumineux » de l’expérience – comme si tous les intervenants, anonymes et bénévoles, étaient forcément bien disposés à l’égard de la justice et nullement mus par des préoccupations égoïstes, vénales voire revanchardes -, le récit atteint rapidement ses limites.

Car, même dans le meilleur des mondes, ce schéma n’est pas réaliste et relève forcément de l’utopie. Sans compter les risques de violation de la vie privée et de piratage des données. Des questions abordées avec nettement plus de profondeur, de réalisme et d’acuité dans une série comme Black Mirror, par exemple…

C’est sans doute la raison pour laquelle la série a très rapidement stagné dans ses audiences lors de sa diffusion sur CBS, provoquant son annulation au terme de 13 épisodes, seulement.

L’autre raison tient visiblement à la personnalité de Jeremy Piven, comédien et producteur de Wisdom qui a, entre-temps, été accusé d’agressions par différentes partenaires de ses précédents projets. Rendant difficile pour CBS de s’imaginer un avenir commun avec le comédien.

KT