Un générique gris bleuté surmonté d’un ciel plombé et une nature fantomatique se détachant dans la brume du matin. Une bande son qui fait penser à Léonard Cohen mais donne vie à des trognes qui fleurent bon le terroir flamand…
En quelques secondes à peine, la série Beau Séjour*** plante magistralement son décor dans cette région agricole à la frontière des Pays-Bas. Un plat pays propulsé en plein tourment à l’image de la jeune Kato Hoeven (Lynn Van Royen) qui se réveille la tête couverte de sang, allongée sur le sol de la chambre 108 de l’hôtel Beau Séjour en pleine rénovation.
Kato s’enfuit et après avoir erré quelque temps, elle se rend compte que les gens ne la voient pas… Déclarée morte mais toujours bien visible pour cinq de ses proches ou voisins, elle décide de mener sa propre enquête en parallèle de celle dirigée par la police. Totalement amnésique et impuissante face au lent processus de deuil entamé par ses parents, la jeune fille refuse de baisser les bras et veut comprendre ce qui lui est arrivé.
Ancrée à Lanklaar, petit village de l’arrière-pays à la frontière entre Limbourg et Pays-Bas, la série Beau Séjour suit la quête de cette adolescente déterminée à découvrir l’identité de son meurtrier. Découverte l’an dernier lors du festival Séries Mania à Paris, la série dramatique Beau Séjour est en cours de diffusion à la VRT. Pour une fois, le public francophone va pouvoir découvrir une série flamande sans trop de délai grâce à … Arte. Ce jeudi dès 20h55
Développé avant que Les Revenants ou The Leftovers ne soient diffusés, ce scénario plein d’humanité – imaginée par un duo de réalisatrices et un duo de scénaristes – prouve aussi l’attrait des créateurs de séries pour les thrillers et les expériences situées aux frontières du réel.
Perles du Nord et écrans francophones
Alors que l’envol des séries flamandes est un phénomène largement documenté avec le succès de Matrioshki, Vermist, Salamander ou Professor T à travers le monde, la RTBF et Be TV ne se tournent encore que timidement vers les talents du nord du pays, pourtant en bonne position dans l’univers des séries.
Ce fossé culturel et linguistique, la RTBF est en train de le combler grâce aux collaborations facilitées dans le cadre du Fonds des séries belges. Que ce soit en termes de conseils d’écriture (Guy Goossens sur La Trêve, Michel Sabbe sur Ennemi Public) voire même de réalisation avec le tournage en ce moment de la série Unité 42 par un trio de réalisateurs flamands.
Favoriser la créativité belge afin qu’elle soit reconnue aussi bien pour ses documentaires que pour son cinéma ou ses séries doit rester le premier souci de la Fédération Wallonie-Bruxelles et d’une chaîne de service public comme la RTBF.
Cela passe par deux règles élémentaires de bon sens – ne pas s’arrêter à la barrière de la langue et reconnaître que toute expérience est bonne à prendre. Deux postulats qui semblent, enfin, s’imposer à tous au moment où l’on cherche à booster les talents francophones.
Preuve supplémentaire de la nécessité de cet échange de savoir-faire : cette semaine, deux séries flamandes s’imposent sur nos petits écrans. La première, Beau Séjour, est à découvrir sur Arte, en VO sous-titrée ou en version doublée… La seconde est pratiquement méconnaissable puisque qu’il s’agit de Containment, remake américain de la série Cordon qui imaginait un quartier d’Anvers placé en quarantaine suite à la découverte d’un virus mortel. Transposée à Atlanta, l’intrigue gagne en ampleur ce qu’elle perd en proximité. Reste l’étincelle originelle… bien belge.
KT
D’après votre résumé de la série « Beau Séjour » cela ressemble beaucoup au film américain « Lovely Bones » (2009) de Peter Jackson avec Saoirse Ronan Mark Whalberg et Susan Sarandon.
Pour le point de départ de l’histoire, c’est exact, mais la tonalité, ensuite, est assez différente…
L’ hôtel Beau Séjour n’est que pour moitié fantastique, quoique cette moitié donne sa tonalité à la série. Il est tout autant une histoire policière, un thriller robuste avec ses flics pourris, ses dealers de drogue (gros et petits), ses directeurs d’athénée alcoolos, ses fructiculteurs (-trices) pas trop scrupuleux quant au respect des lois et last bust not least au Limbourg: ses motocrossmen en qui s’incarne la testostérone de la région. Testostérone? Pas toujours car Cato est là pour montrer que les filles savent tout aussi bien faire rugir les cylindrées.
Impossible d’avoir la VO + sous titres sur Arte Belgique même en Flandre avec Proximus TV. Uniquement version doublée. C’est du surréalisme à la belge – frustrant et incompréhensible…
J’ai regardé les 2 premiers épisodes: bonne série diminuée par l’absence du relief que devrait donner la VO
Hélas on ne peut que partager votre opinion sur le doublage de la série. Il est des plus médiocre et casse le plaisir qu’on peut prendre à regarder la série. Les téléspectateurs wallons se consoleront-ils en apprenant qu’en Flandre, quelques critiques se sont élevés contre le flamand « limbourgeois » de certains acteurs, peu crédible à leurs yeux. Il faut savoir que les acteurs avaient suivi une formation « phonétique » pour attraper l’intonation limbourgeoise mais certains spectateurs n’ont pas été convaincus par le résultat.
Il est possible de regarder la VO sous-titré sur le site web de Arte.
D’ou vient la musique du generique ?
La chanson du titre est une adaptation de la vieille chanson ‘Alone and forsaken’ de Hank Williams. J’ignore qui la chante en flamand durant le générique de l’intro.
J’ai pensé à Arno ?