De Basil Rathbone à Benedict Cumberbatch, de Robert Downey Jr à Millie Bobby Brown, Holmes n’a cessé de changer d’apparence pour mieux tromper ses ennemis, sans jamais égarer ses fans toujours plus nombreux et fidèles. En 2025, deux nouvelles séries ont rallumé le mythe

Au terme de 4 romans et 56 nouvelles, Sherlock Holmes n’avait pas tout dit. La preuve en est donnée à travers les séries et innombrables films qui s’emparent du personnage pour lui redonner vie ou étendre son domaine de compétences. Prouvant que le détective est immortel, comme l’avait déjà constaté à ses dépens Arthur Conan Doyle, forcé de le ressusciter après l’avoir fait disparaître en 1893 dans la nouvelle intitulée Le Dernier problème.

Lassé d’un succès qui l’empêchait de concentrer son attention sur les romans historiques qu’il souhaite écrire, Conan Doyle veut tourner la page. Il cédera finalement face à la demande populaire et à la pression financière, prolongeant les enquêtes du célèbre limier.

Entre 1900 et 2013, le site IMDB a recensé 275 films et séries où l’enquêteur s’impose à l’écran. Peu de films sont conservés de la période phare du cinéma muet mais, dès les années 20 et 30, les exemples pullulent d’acteurs endossant le fameux manteau à rotonde, d’inspiration militaire, typique du 19^e siècle. Impossible de tous les citer, mais deux d’entre eux ont connu une solide longévité dans le rôle : Basil Rathbone a marqué les esprits grâce à une série de 14 films, produits entre 1939 et 1946 aux Etats-Unis. Jeremy Brett lui a emboîté le pas avec la série produite par Granada Television entre 1984 et 1994. Quant à Peter Cushing, il prend la tête en 1959, de l’adaptation britannique du Chien de Baskerville toujours considérée comme l’une des plus célèbres du roman.

En 2009, Guy Ritchie ouvre une ère de modernité en confiant le rôle de Sherlock Holmes à Robert Downey Jr face à un Dr Watson campé par Jude Law. Holmes abandonne la pipe et la casquette pour opter pour la boxe et se tourner davantage vers l’action propre aux blockbusters.

Dès 2010, le formidable Benedict Cumberbatch poursuit la modernisation du personnage de Sherlock*** pour le compte de la BBC. L’acteur en épouse parfaitement la vivacité, les excentricités et le ton sarcastique, tout en les conjuguant avec les outils technologiques de son temps (téléphone portable, internet…) relançant la Holmesmania de plus belle, avec l’aide de Martin Freeman alias le fidèle Dr Watson, sous la plume de Mark Gatiss et Steven Moffat.

Au fil des aventures et des adaptations, son profil s’affine ou s’étoffe, provoquant l’engouement de nouveaux fans mais choquant parfois aussi les puristes. Le titre de la série Elementary** où brillent Jonny Lee Miller et Lucy Liu, en Watson féminin, fait référence à l’expression « Elémentaire, mon cher Watson » entrée dans le langage populaire alors même qu’elle n’a jamais été utilisée telle quelle par Conan Doyle, qui ne placera l’exclamation « Elémentaire ! » (tout court) qu’à deux reprises dans la bouche de son héros.

Le mouvement de la féminisation de l’univers holmesien se poursuit avec Enola Holmes**, petite sœur de Sherlock, devenue héroïne de livres pour enfants, sous la plume de Nancy Springer. Sur grand écran, elle adopte, en 2020 et 2022, les traits de Millie Bobbie Brown, aux côtés d’Henry Cavill et Fiona Shaw, entre autres.

En France, Lola Dewaere devient Charlie Holmes, arrière-petite fille de Sherlock dans la série Mademoiselle Holmes (2024).

Réputé casanier, Sherlock a pourtant connu des nombreuses aventures loin de son Angleterre natale : Allemagne, Canada, Danemark, Espagne, France, Etats-Unis, Italie, Suisse, République tchèque, Union soviétique,… et même quelques parodies au Brésil et au Venezuela.

Le détective a aussi connu une vie parallèle en radio, en bandes dessinées, jeux de société et jeux pour PC. Sans oublier quelques séries d’animation, notamment en Australie et au Japon… A croire qu’il est vraiment partout.

Karin Tshidimba

Nb : La série Sherlock (BBC) portée par le formidable Benedict Cumberbatch est disponible en intégralité sur Auvio et Netflix.