Sherlock S4.jpg« La mort nous attend tous à Samara, mais Samara peut-elle être évitée ? »

Cette phrase hante l’épisode de reprise qui ouvre la saison 4 de Sherlock*** proposée ce jeudi soir sur France 4. Une aubaine pour les fans alors que sa diffusion originelle remonte au 1er jour de l’an sur la BBC.
  Trois longues années de patience auront été nécessaires pour que l’on retrouve Sherlock Holmes comme on l’avait laissé, ou presque. Ce premier épisode affiche tout de même une légère baisse de régime, comme si l’idylle entre le Dr Watson et Mary nuisait à l’alchimie établie entre Sherlock et son fidèle second. La mise en garde liminaire n’en fait pas mystère : cette félicité affichée sera de courte durée.

La saison 4 démarre curieusement mais prend ensuite une tournure viscérale. Sur France 4, à 20h55

Sherlock 41.jpgCette nouvelle aventure se joue du goût du célèbre détective pour les disparitions et réapparitions mystérieuses ou spectaculaires, elle renoue ensuite avec un ton plus tragique qui va mettre à mal le fragile équilibre établi par le trio formé par Sherlock (Benedict Cumberbatch), John (Martin Freeman) et Mary (Amanda Abbington).

En repensant au mariage de Watson et à l’épisode de L’abominable mariée – qui proposait un divertissant voyage dans le temps -, certains en avaient presque oublié la formidable capacité de Sherlock à s’ennuyer de tout et à ruminer de sombres pensées.

Si The six Thatchers laisse par moments circonspect, c’est en raison de sa propension à user et abuser de subterfuges dignes des films d’espionnage : bagarres, explosions, disparitions, autant de rebondissements un peu trop mécaniques auxquels la série imaginée par Steven Moffat et Mark Gatiss ne nous avait pas habitués jusqu’ici.

La BBC affronte ses propres démons

Suit, heureusement, la nettement plus percutante « affaire Culverton Smith » du nom de ce philanthrope et entrepreneur qui, un jour, décide de confier son vilain petit secret (un projet de meurtre imminent) à quelques amis et à sa fille, en veillant toutefois à ce qu’ils ne puissent jamais s’en souvenir…

Sherlock 42.jpgSur cette enquête plane le fantôme de Jimmy Savile, ex-animateur star de la BBC, dont la révélation des turpitudes et des multiples agressions sexuelles sur mineurs avait défrayé la chronique en Grande-Bretagne. Dans The Lying detective, le meurtrier que pourchasse Sherlock possède un profil qui rappelle forcément celui du présentateur de la célèbre émission “Top of the Pops”.

Comme lui, le fameux «bienfaiteur» Smith jette régulièrement son dévolu sur les patients de l’hôpital que son association caritative soutient par ailleurs. Un comportement aussi pervers qu’abject… Dans ce rôle délicat et complexe, on reconnaît le formidable acteur Toby Jones qui donne toute sa force et sa justesse à cette cinglante mise en abyme des tourments de l’époque. Et souligne une fois encore l’audace et le courage de la BBC. Scénario brillant et densité humaine, montage au cordeau, sens de la répartie et beauté de la métaphore, logique implacable et clins d’oeil répétés à un passé tourmenté : Sherlock et Watson y retrouvent leur meilleur niveau.

Grâce à cette belle montée en puissance et à un épisode 3 (The Final problem) tout entier tourné autour d’intenses mystères Holmesiens, la saison 4 pleine d’énigmes, de tensions et d’émotions semblera bien trop courte à tous les fans du génial détective. D’autant que son épilogue accrédite à nouveau la thèse selon laquelle cette saison pourrait bien être la dernière…

KT