Accusé d’avoir raconté une blague sexiste, Douglas (Hugh Bonneville) est cloué au pilori sur les réseaux sociaux, mais qu’a-t-il vraiment dit ? Steven Moffat (Sherlock) pourchasse la vérité sur Arte.tv.
A ses yeux, ce n’était qu’une petite blague de rien du tout. Un truc sans importance qu’on lâche sans réfléchir alors qu’on a trop bu… Mais par la magie maléfique des réseaux sociaux, la petite phrase en l’air est devenue une énorme tempête médiatique qui lui est revenue en plein visage, tel un boomerang : le voilà accusé de propos sexistes.
Journaliste considéré, présentant le célèbre News at 6 depuis plusieurs décennies, Douglas Bellowes n’a pas vu le coup arriver et le voilà estomaqué, incapable de riposter, ni de se tirer de ce mauvais pas. Son épouse, patronne d’un tabloïd notoire, est d’autant plus furieuse qu’elle est persuadée que sa coprésentatrice, la jeune Madeline Crow (Karen Gillan), est prête à tout pour faire enfler la rumeur et provoquer la chute de Douglas. Elle a beau se démener, rien n’y fait : Douglas semble s’enferrer de plus en plus.

L’excellente idée de Steven Moffat est d’avoir confié ces deux rôles sur le fil à deux comédiens de talent, bien connus du grand public : Hugh Bonneville (Downton Abbey) et Alex Kingston (Urgences). Le créateur laisse ensuite mijoter l’intrigue, en ménageant le suspense jusqu’à l’exaspération. On perçoit bien le courroux de Sheila qui voit son mari se laisse mener par le bout du nez par une jeune arriviste aux dents longues.
Les maques tombent, la vérité trépasse
Précédé par sa réputation de Lord, acquise dans Downton Abbey, Hugh Bonneville campe un Douglas Bellowes sûr de son succès qui semble tout au plus maladroit ou indélicat, lorsqu’il est en état d’ébriété, mais bien inoffensif, au final. En quatre épisodes à peine, Moffat parvient à démonter les mécanismes d’un emballement médiatique et les raisons qui poussent chacun à agir en ne tenant compte que de ses propres intérêts. Le quatrième et dernier épisode de Douglas is cancelled, qui dévoile le pot aux roses, est magistralement dialogué, monté et interprété, notamment par l’épatante Karen Gillan (Doctor Who), dévoilant au cours d’une confrontation d’anthologie un mécanisme d’emprise, de dénigrement et de supposition qui correspond bien à la définition d’une attitude, et d’un milieu profondément sexistes.
Au-delà de la cancel culture à laquelle se réfère son titre, la série observe nos comportements en société, notre duplicité et la part de mensonge derrière laquelle chacun se cache avec plus ou moins d’assiduité. Sans oublier les perfidies, les a priori et les préjugés qui minent nos rapports à autrui. Rappelant que plus encore que les accusations et les comportements déviants, c’est l’inaction et le silence (coupable) qui ruinent nos sociétés. La démonstration se révèle brillante et sans appel.
Karin Tshidimba
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