elementary 1.jpgIl y a des téléscopages malheureux. Celui entre le Sherlock*** de Steven Moffat et l’Elementary** de Robert Doherty est de ceux-là. Non pas que Johnny Lee Miller ne soit pas brillant dans le rôle du détective aux incroyables capacités intellectuelles, mais Benedict Cumberbatch l’est plus encore.

Evidemment, l’incroyable succès – critique et public – de la série britannique lancée en 2010 par Steven Moffat ne pouvait laisser longtemps l’Oncle Sam indifférent. Robert Doherty a donc décidé de proposer sa version modernisée du mythe, transposant l’action à New York dès 2012. Une innovation culottée, dont nous avions déjà parlé, et que l’on pourra découvrir ce dimanche à 20 h 25 sur RTL-TVI.

Holmes y est un citoyen atypique, mais bien ancré dans son époque, tellement bien qu’il sort en fait de cure de désintox et doit être suivi par un “compagnon de sevrage”, en la personne du Dr Joan Watson, ex-chirurgienne de talent. La rencontre des deux êtres – l’un, volubile, sûr de lui, excentrique et tatoué et l’autre, pratiquant la discrétion comme une seconde religion – ne manque pas de piment. Loin de son Londres natal, Sherlock Holmes a décidé de reprendre son boulot de consultant auprès de la police de New York, n’acceptant de traîner Watson dans son sillage que parce qu’il y est contraint et forcé.

La fascination de l’une et la curiosité de l’autre fondent leurs liens de cohabitation au fil d’enquêtes qui génèrent leur lot de surprises et de découvertes même si, dans la version US des aventures de Sherlock Holmes, l’enquête (le côté « procedural » cher aux Américains) prime (trop) souvent sur le développement de la relation entre les deux personnages.

Cette nouvelle version perd-elle forcément au jeu des comparaisons avec son aînée britannique ? Oui et non, car le nouveau duo fonctionne bien et la touche d’originalité vient autant de la prestation de Lucy Liu (vue dans “Ally McBeal” et “Southland”) que de celle de Johnny Lee Miller (“Dark Shadows”, “Eli Stone”), véritablement habité par son rôle.

Parmi les multiples adaptations du mythe de Sherlock Holmes, c’est l’une des rares combinaisons totalement inédites : faire de Watson une femme ! Avec son petit air énigmatique, mariant à la fois le doute et l’ironie, Joan Watson offre un joli contrepoint à l’arrogance et à la suffisance d’Holmes. Quant à Johnny Lee Miller, il offre une version plus sombre et torturée du personnage imaginé par Conan Doyle. Et si on accepte d’oublier la brillante recréation de Benedict Cumberbatch, on s’aperçoit que Johnny Lee Miller relève le défi avec un joli flegme et un épatant phrasé.

Après quelques épisodes de mise en place un peu trop sages et laborieux, la série prend enfin son envol. Aux Etats-Unis, la saison 2 achève en ce moment son second tour de piste avec succès sur la chaîne CBS. 
KT