Samuel Labarthe, alias le commissaire Swan Laurence, vient de tourner un épisode façon comédie musicale qui va ravir le public très fidèle des Petits meurtres d’Agatha Christie, diffusés le vendredi sur France 2.
« Swan Laurence est un personnage de clown blanc, un Dr House antipathique et psychorigide au possible. On a construit le ressort comique des Petits meurtres d’Agatha Christie sur la relation chien-chat entre Laurence et la journaliste Alice Avril. Élodie Frenck avec son talent est parvenue à faire de Marlène, son personnage de secrétaire, une figure majeure. On s’est donc retrouvé à trois avec de nouvelles intrigues à partager. Marlène aime et idéalise tellement le commissaire qu’elle le décode et l’emmène là où est son désir. Laurence a commencé à se transformer à travers le regard de Marlène. Elle est tellement mignonne : tout est positif avec elle. »
Bien plus affable que son personnage dans la série, Samuel Labarthe reconnaît s’amuser beaucoup dans ce rôle d’homme intransigeant et terriblement macho, « mais avec des failles ».
« Swan Laurence véhicule l’imagerie de l’homme des années 60, façon James Bond et OSS 117″
« Ce rapport aux femmes est une idée de Sophie Révil, la directrice artistique et productrice de la série. Les scénaristes sont des femmes pour la plupart, à part le Belge Thierry Debroux. Ils ont beaucoup travaillé le fantasme du héros solitaire. Plus on a de failles, plus on essaie de les masquer, surtout si on doit avoir de l’autorité. Cette sensibilité du commissaire Laurence est ressortie avec les épisodes autour du docteur Euphrasie Maillol [jouée par Natacha Lindinger, NdlR]. Il a eu un très grand chagrin d’amour à ce moment-là et on a pris conscience du fait qu’il était fragile. »
Pour Samuel Labarthe, « Swan Laurence véhicule l’imagerie fantasmagorique de l’homme des années 60, façon James Bond et OSS 117. Sophie Révil, qui est la grande prêtresse des Petits meurtres, a une très belle écoute et est toujours cliente si on a de bonnes idées. J’avais envie de faire une comédie sur le travestissement à la Certains l’aiment chaud et elle a été d’accord car L’homme au complet marron s’y prêtait bien. Le personnage de double du Drame en trois actes [à voir le 27/9 sur France 2, NdlR] était aussi un défi technique et d’acteur assez intéressant. Et dans l’épisode du 20 septembre, il y a cette petite boule de poils qui introduit forcément de la comédie chez un personnage qui n’aime rien, ni personne. Avec, en plus, la mauvaise foi qui caractérise Swan Laurence. »
Autant d’idées originales que les acteurs et scénaristes évoquent au cours de leur rencontre annuelle avec le public lors du Festival de Fiction de La Rochelle, « toujours suivie par un dîner d’équipe. »
« Les Petits meurtres ont un univers de bande dessinée »
Dans l’épisode spécial musical, tourné en mars dernier et présenté en avant-première à La Rochelle, Samuel Labarthe chante et danse avec ses inséparables partenaires Blandine Bellavoir (Alice Avril) et Élodie Frenck (Marlène).
« Notre série a un univers de bande dessinée avec des voitures et des costumes qui n’existent plus. Je la compare souvent avec Tintin. On va vers le burlesque, c’est assez jouissif. Le public connaît nos personnages et s’y est attaché. C’est très chouette de les surprendre. L’épisode façon comédie musicale, montré en salle, a fait un tabac. On y a glissé un clin d’œil à Jacques Demy et à Lalaland. C’était un cadeau de le découvrir avec le public, ils ont applaudi à chaque fin de chanson. »
Un public très fidèle aux Petits meurtres d’Agatha Christie qui goûte les aventures du trio comme il l’a fait précédemment avec le duo lancé en janvier 2009 : Antoine Duléry et Marius Collucci, alias Larosière et Emile Lampion.
« Il y a eu une belle réinvention de la série, en mars 2013. Or c’était un vrai défi. Car beaucoup de gens écrivaient qu’ils ne regarderaient plus après le départ du premier duo. On s’est tellement amusé dès le premier épisode que, très vite, la série a fait un carton. Je tire mon chapeau aux créateurs qui auraient pu se morfondre… Ils ne s’attendaient pas du tout à ce que cela s’arrête et, en très peu de temps, ils ont créé une nouvelle mouture formidable. J’avais déjà pas mal joué avant, mais je me rends compte que les gens me reconnaissent nettement plus depuis le succès des Petits meurtres. Il y a un rendez-vous qui a été créé depuis 7 ans. Je suis ravi que cela touche le public car c’est une aventure collective qui fait vivre toute une équipe. Et en même temps, c’est une sacrée pression car c’est un succès à double tranchant, on se demande toujours : vont-ils me suivre sur autre chose ? »
« Si on devient acteur dans sa vie, c’est juste pour ce projet. »
Dans les faits, Samuel Labarthe dispose de peu de temps pour s’extraire du costume du commissaire Laurence qu’il endosse cinq mois par an. « Le tournage a lieu à Lille en deux sessions de deux épisodes : 45 jours au printemps et 45 jours en automne« , détaille l’acteur. Difficile de concilier cet emploi du temps avec de longs projets…
« Je m’étais fait la promesse de ne pas laisser passer une saison sans faire de théâtre mais, depuis 2016, je n’y arrive pas, concède l’ancien pensionnaire de la Comédie-Française. Le théâtre, ce sont les lettres de noblesse de l’acteur parce que c’est un exercice de spectacle vivant où tout peut arriver ; il faut jouer chaque soir comme si c’était la première fois. C’est une belle gymnastique intellectuelle et physique qui permet d’explorer d’autres zones du personnage et qui maintient l’acteur dans un état de création permanente. »
« Je fais des lectures [comme cet été, avec L’Usage du monde de Nicolas Bouvier, NdlR], je participe à d’autres tournages, mais le théâtre est vraiment le creuset de l’acteur : cela me nettoie. »
« À la télévision, on a un temps de réflexion très court, un plan de travail très rempli : on doit être efficace. Cela se joue sur l’immédiateté, on doit toujours aller de l’avant, on n’a pas le temps de se retourner sur une scène. Au fil des enquêtes, on a réussi à emmener nos personnages ailleurs, les scénaristes nous font des répliques sur mesure et nous permettent d’explorer d’autres pistes. Ce sont des variations sur un même thème » – construites au fil des 27 épisodes produits et des inventions encore à venir…
Samuel Labarthe s’apprête pourtant à faire une infidélité au commissaire Laurence.
« Si on devient acteur dans sa vie, c’est juste pour ce projet. C’est mon cadeau de Noël avant l’heure. Je tourne une fiction sur De Gaulle pour France 2 du 8 octobre au 17 janvier : on va le suivre des années 40 aux années 70. La diffusion est prévue en 2020 pour les 50 ans de la mort du général. C’est un très grand rôle et un grand défi dans tous les sens du terme. Photos, discours, images d’archives et livres sont sur mon bureau » en prévision des 50 jours de tournage à venir sous la direction de François Velle.
Karin Tshidimba, à La Rochelle
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