L’épisode de ce venpetits meurtres Noël.pngdredi soir est un conte de Noël inédit écrit « à la manière » d’Agatha Christie.
La personne qui a repris cette plume alerte est un scénariste belge: Thierry Debroux. Comédien, metteur en scène et directeur du Théâtre du Parc, il
« pratique Agatha Christie depuis longtemps. C’est un univers que je connais bien en tant que lecteur, d’abord. Et puis, cela fait à peu près dix ans que j’écris des Petits meurtres d’Agatha Christie puisque j’avais déjà écrit pour le duo Larosière-Lampion de la première collection. »

L’épisode « Le crime de Noël » qu’il a imaginé, réalisé par Rodolphe Tissot avec Blandine Bellavoir, Elodie Frenck et Samuel Labarthe (photo) est à voir ce vendredi à 20 h 55 sur France 2.


Un nombre « limité » de romans à adapter

« Plus on a adapté d’enquêtes, plus on s’est éloigné des romans initiaux avec l’autorisation du petit-fils et de l’arrière-petit-fils d’Agatha Christie », souligne Thierry Debroux.
Petits meurtres Noël 2.jpg« On prenait le titre, l’identité de l’assassin et deux trois éléments d’intrigue, mais on inventait ce qui arrivait à nos personnages principaux. C’est comme cela que dans le dernier épisode que j’ai écrit, ‘L’homme au complet marron’, le commissaire Lawrence se déguise en femme. On n’a gardé que le titre et un personnage de danseuse qui m’a donné l’idée de l’univers de la danse, mais c’est tout. J’étais donc déjà rodé au fait de devoir inventer à partir des intrigues d’Agatha Christie. Parmi les quatre scénaristes, je suis celui qui s’écarte le plus des romans originaux. »

Les tout grands romans n’étant pas libres de droit, le nombre d’histoires que l’on peut adapter baisse inexorablement. « Comme on a déjà adapté les meilleurs romans, il y a un moment où certaines structures se répètent et les intrigues sont un peu moins diversifiées. On était donc amené à inventer de plus en plus. Quand France 2 a eu envie de créer un épisode de Noël, la productrice Sophie Revil m’a proposé de m’en charger. Il a fallu avoir l’autorisation du petit-fils et de l’arrière-petit-fils d’Agatha Christie. Ils sont très à cheval sur le respect de l’univers de leur aïeule mais, en même temps, ils ont confiance. »

Des héritiers que Thierry Debroux a fini par rencontrer. « L’arrière-petit-fils est celui qui a repris les affaires en mains aujourd’hui. Il est venu sur le tournage et nous avons déjeuné ensemble. C’était une grande première, pour eux, cet épisode inventé spécialement pour la télévision. Ils ont été très prudents mais ils ont beaucoup aimé l’histoire et ils continuent à nous laisser une entière liberté. C’est un univers familier donc je pense n’avoir trahi personne, et certainement pas Agatha Christie qui retrouverait ses poussins si elle regardait cet épisode. »

« J’étais très fier quand on m’a demandé d’inventer cet épisode »

petits meurtres Noël 3.jpgC’est un concours de circonstances qui a fait entrer Thierry Debroux dans le milieu de la télévision.
« J’ai écrit pour le théâtre pendant vingt ans. On me disait souvent que mon écriture fonctionnerait très bien pour le cinéma ou la télévision. Comme je n’y connaissais rien, j’ai suivi une formation d’un an et demi à la Fémis, à Paris. » Après cette formation, un producteur est venu voir une de ses pièces (« Darwin », au Rideau de Bruxelles) et l’a mis en relation avec deux agences parisiennes.

« L’agent Lise Arif s’est bien occupée de moi. Elle a lu une autre de mes pièces au style un peu british qui a eu beaucoup de succès : ‘La Poupée Titanic’, une histoire construite un peu comme un Agatha Christie. Elle l’a fait lire à la productrice Sophie Revil. Or ‘Les Petits meurtres’ démarraient à ce moment-là. » Sophie Revil a ensuite rencontré Thierry Debroux et l’a engagé…

petits meurtres thierry debroux.jpgQuatre scénaristes travaillent sur la série-phare de France2, l’une des préférées des Français. Mais chacun reçoit un roman à adapter et écrit seul. « J’étais très fier quand on m’a demandé d’inventer cet épisode, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Et puis l’univers de l’orphelinat et de Noël, c’est du pain bénit pour un scénariste. Je me suis beaucoup amusé », reconnaît Thierry Debroux, un sourire dans la voix.

De quoi imaginer d’autres inédits ? « On est de plus en plus exigeants, cela limite le nombre de possibilités et de romans à adapter. On s’interroge sur la longévité de la série. N’a-t-on pas fait le tour ? On veut éviter de se répéter et ne pas baisser en qualité. Il faut créer une partition forte pour chacun. On arrive petit à petit au bout des situations fortes, donc, à une fin, j’ai l’impression… »

Entretien: Karin Tshidimba