Chris Lang compose un scénario façon Cluedo qui met aux prises les membres d’une riche famille britannique recomposée face au testament explosif d’un patriarche redouté. Un thriller psychologique mêlé de murder mystery à voir sur Auvio

Séparé par des centaines de kilomètres, un couple échange des nouvelles avant d’aller dormir. Les mots sont tendres et la complicité réelle. Mais la félicité sera de courte durée. Le lendemain, Jack Wright (Trevor Eve) est retrouvé mort, une balle dans la poitrine. Son épouse, Sally (Nikki Amuka-Bird), bien qu’effondrée, s’inquiète rapidement des comptes bloqués et des démarches à entreprendre pour la suite… Mais celle-ci s’annonce plutôt mouvementée puisque la police découvre bientôt que le riche homme d’affaires ne s’est pas suicidé mais a été assassiné.

Visiblement, le scénariste Chris Lang (Unforgotten) a pris beaucoup de plaisir à tresser cet écheveau de destins contrariés, en déployant notamment leurs histoires sur deux temporalités. D’entrée de jeu, la série dévoile une série de personnes qui sont interrogées. Les interviews individuelles sont menées face caméra, brouillant encore plus les frontières entre la réalité et la fiction. Au fil des confessions et des interrogatoires, la constellation de cette famille, en partie minée par les secrets et les tensions, se déploie graduellement. Et on découvre que le patriarche récemment décédé n’a pas hésité à diviser les siens pour mieux imposer son pouvoir.

L’ombre des séries Dallas et Succession

Des personnages miniatures éparpillés sur une immense page blanche. Un titre, écrit en lettres de sang, les enserre les uns après les autres entre les boucles d’une large écriture déliée. La métaphore du générique de la série Heritage** (I Jack Wright, en VO) est on ne peut plus claire. La bagarre entre les héritiers Wright s’annonce sanglante. D’autant que de vilains petits secrets ne tardent pas à être révélés. Il faut dire que sa richesse insolente – on parle d’un empire de 100 millions de livres, bâti sur la brique et le secteur de l’immobilier – a effectivement de quoi aiguiser de nombreux appétits. Dans cette famille recomposée, où l’entente est purement de façade, la lecture du testament, volontairement surprenant, vient encore envenimer la situation.

Une famille recomposée, des ego surdimensionnés et une fortune très enviée: pas étonnant que la comparaison avec la série Succession se soit imposée à nombre d’observateurs. Même si Heritage est une création de la BBC et que l’ambiance générale de ce polar est assez différente. D’autant plus que l’intrigue se déroule entre Londres et la campagne environnante, mais inclut aussi quelques sauts de puce à Paris.

Sous le soleil du Texas ou de la Californie, on connaît la chanson pleine de sanglots longs, de rivalités féroces et de tensions entre potentiels héritiers. Depuis le succès mondial de l’américaine Dallas, les querelles des ultra-riches ont largement démontré leur immense potentiel d’attractivité. Heritage ne fait pas exception à la règle même si elle emprunte davantage aux règles du Cluedo et du murder mystery qu’au thriller psychologique.

Entre la fille disparue, la dernière épouse et les fils déshérités et la petite-fille privilégiée, la police ne manque pas de suspects. Au fil des jours, chacun des héritiers révèle des aspects nettement moins reluisants de sa personnalité. Le travail du duo d’enquêteurs, Kat Jones et Hector Morgan – rôles endossés par Liz Kingsman (Parlement) et Harry LLoyd (Game of Thrones) – n’en est que plus intense.

Tom Vaughan (Mademoiselle Détective) mobilise toute sa créativité de réalisateur au service de ce récit aux multiples rebondissements et aux univers contrastés, afin de mieux révéler les rêves secrets de chacun. Cette première coproduction entre la RTBF et la BBC ne manque ni de sel ni de cachet.

Karin Tshidimba

Heritage / I Jack Wright Scandales dans la famille Création Chris Lang Réalisation Tom Vaughan Avec Nikki Amuka-Bird, Trevor Eve, Ruby Serkis, John Simm, Gemma Jones, Harry Lloyd,… Sur Auvio 6 x 52’