La série, produite par Canal+, revient avec une saison 3 sombre et intense, fébrile, déchirante, mais pas totalement désespérée, à voir sur Be tv. Toute ressemblance avec la situation belge…
On hésite entre le qualificatif de « champ de ruines » ou celui, plus imagé encore, de clinique en mode « Mad Max » pour décrire le service des urgences de l’hôpital Poincaré… Couloirs engorgés, infirmières débordées, patients passant plusieurs heures sur des brancards et médecins survoltés tandis que les lits des différents services sont tous occupés : on voit bien qu’à force de repousser les murs et les limites, le personnel est sur le point de craquer.
Plus de trois années se sont écoulées depuis les événements traumatiques ayant ponctué les démêlés, en saison 2, des équipes d’Hippocrate. La deuxième saison avait touché les fans en plein coeur : Chloé (Louise Bourgoin), Hugo (Zacharie Chasseriaud), Alyson (Alice Belaïdi), Arben (Karim Leklou) et le Dr Brun (Bouli Lanners) avaient tous été profondément ébranlés par les répercussions d’une situation sanitaire alarmante et d’un isolement (en saison 1) qui avaient étonnamment préfiguré la crise du Covid.
Désobéir pour guérir
Dans cette saison 3, Thomas Lilti revient porter le scalpel dans la plaie de l’hôpital public français. On retrouve les équipes soignantes toujours mobilisées et créatives mais, cette fois, les médecins sont confrontés à des difficultés récurrentes et des choix déchirants en raison de conditions de travail dégradées, causées par le sous-financement des soins de santé.

La pénurie de soignants et de lits cause l’engorgement du service des urgences dont les horaires ont été réduits pour l’été, afin d’éviter un burn-out généralisé des soignants. Si tous souffrent, ils ne s’en plaignent qu’à demi-mot, cherchant sans cesse le moyen de rester humains et à l’écoute même au sein du chaos.
Pourtant, face aux prises en charge de plus en plus tardives et compliquées, à la pénurie de certains médicaments et à la vétusté de certains appareils, le découragement guette le quatuor de jeunes médecins solidaires. D’autant qu’ils étaient cinq lors de la saison précédente. La souffrance s’étend de plus en plus des malades aux soignants.
L’impossibilité de soigner
La situation est d’autant plus tendue que leur chef, le Dr Brun semble avoir opté pour un fonctionnement en mode « médecine de guerre », visant à trier le plus vite possible les patients à l’entrée du service, afin d’écarter un maximum de soins jugés bénins. Comme l’exigent les nouvelles règles en vigueur.
Cette situation nullement fictive met en évidence les aberrations et les contradictions auxquelles conduit une politique d’économies aveugle et sourde face à la détresse humaine. Une situation vécue notamment par la France et la Grande-Bretagne, qui tend à se profiler en Belgique aussi, offrant à la série créée par Thomas Lilti un statut quasiment documentaire.
«Ce qui m’intéresse, c’est l’ultra-réalisme qui me permet de faire une saison politique : cette saison 3 aborde la question de la désobéissance civile et, en même temps, toute cette réflexion est portée par la part romanesque de personnages héroïques», détaille le scénariste et réalisateur Thomas Lilti (Première Année, Médecin de campagne), s’appuyant sur sa propre expérience de médecin.
Karin Tshidimba
★★★★ Hippocrate Traitement de choc Création et Réalisation Thomas Lilti Avec Louise Bourgoin, Zacharie Chasseriaud, Alice Belaïdi, Karim Leklou, Bouli Lanners Sur Be tv 6 x 52’
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