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Aujourd’hui chaque chaîne a la sienne, avec des millions de vues à la clé. Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle reflète cette créativité francophone et européenne titillée par le succès des plateformes.

Il y a dix ans tout juste (le 15 septembre 2014), Netflix faisait son entrée en France et secouait durablement le paysage audiovisuel français. Une onde de choc qui continue à se propager même si les états-majors des chaînes ont su réagir en développant notamment leur propres offres numériques à destination du public des 15-25 ans. Avec plusieurs millions de vues à la clé et un sensible rajeunissement de leur public aussi. Des exemples ? La formidable série Samuel a généré 40 millions de vues sur Arte.tv et France Télévisions a atteint 33,2 millions de visiteurs uniques mensuels, en moyenne, lors du premier semestre 2024.

Chaque nouveauté, série ou fiction unitaire, connaît désormais une vie « avant, pendant et après sa diffusion sur antenne » sur la plateforme de son diffuseur. La règle vaut pour Arte, TF1 et France Télévisions, qui a affiché le plus grand nombre de fictions et de séries en compétition cette année.

Autour de 30% de foyers abonnés en Belgique et en France

Il suffit de voir les annonces de cette rentrée de la fiction française qui, traditionnellement, ont pour cadre le Festival de La Rochelle (FFTV) pour voir que chacun a su tirer les leçons du passé et que l’heure est à davantage d’audace. D’autant que l’influence de Netflix ne faiblit avec près de 30% des foyers français abonnés à la plateforme, ce qui représente le cinquième taux le plus élevé au monde. En 2023 en Belgique, on évoquait le chiffre de 38% de foyers abonnés.

Même si le géant américain n’a pas produit que des chefs-d’oeuvre – on se souvient, notamment, de la désastreuse série Marseille avec Gérard Depardieu – son arrivée dans le PAF a poussé producteurs et diffuseurs à sortir de leur zone de confort pour aborder des sujets plus contemporains et inscrits davantage en résonance avec les grandes questions de société : violences faites aux femmes et aux enfants, scandales dans l’église, mais aussi drame de la solitude, stress post-traumatique et séisme des attentats… Autant de prises de risque qui se reflètent dans la sélection 2024.

« Ca c’est Paris », nouvelle série de Dominique Besnehard pour France TV.

Des récits davantage ancrés dans la société

En marge du palmarès d’une 26e édition, faisant la part belle à la fiction francophone et européenne, chaque soirée, entre le 10 et le 14 septembre, a permis de découvrir les grandes nouveautés qui marqueront l’automne et l’hiver 2024.

Avec Les Enfants sont rois (Disney+) d’après le roman de Delphine de Vigan, Cimetière indien (Canal+), Murder Club sur M6, Une Amie dévouée (HBO Max) portée par Laure Calamy, Le Monde n’existe pas (Arte), la nouvelle série d’Erwan Le Duc, Cat’s Eyes (TF1), adaptation du manga éponyme et Ca, c’est Paris (France Télévisions), la nouvelle création de Dominique Besnehard, les chaînes françaises ont donné le ton de leur fin d’année et des première semaines de 2025. Où les dérives des réseaux sociaux, les traumas de la guerre d’Algérie, les meurtres irrésolus et le spectre du Bataclan nous bousculent autant que l’univers des mangas et les paillettes des cabarets, irrésistiblement, nous attirent.

Karin Tshidimba, à La Rochelle