La comédienne française adopte son premier rôle récurrent en télévision dans cette série policière explorant les limites de la psyché et de la justice. A voir dès ce jeudi sur Auvio et La Une, avant TF1.
Louise Arbus est la meilleure dans son domaine. Redoutable professeure de psycho-criminologie à l’Université, elle a rompu, depuis quelques années, tous liens avec la police qu’elle aidait régulièrement lors d’enquêtes délicates. Mais cette fois, Louise (Muriel Robin) ne pourra pas refuser de s’en mêler. Dans sa mise en scène macabre, le tueur a en effet utilisé un extrait de son dernier livre (La psyché du serial killer) comme pour la mettre au défi de percer le secret de son identité. Ce lien potentiel entre enquêteur et serial killer n’est pas sans rappeler celui exploré au sein de la série Castle qui mettait en scène un écrivain célèbre faisant équipe avec la police.
Pantalon en cuir – chemisier en soie ou tailleur et talons aiguilles, Louise Arbus avoue ses penchants de fashion victime et sa tendance à transgresser la loi. Mamy d’un petit garçon passionné d’échec, elle est fan de chaussures, aussi. Une personnalité complexe – aussi brillante qu’exaspérante – qui ne demande qu’à être explorée.
Dans ce rôle de psycho-criminologue sûre de sa supériorité intellectuelle sur une “police procédurière et manquant d’imagination”, Muriel Robin cabotine un peu, mais se révèle caustique et convaincante. Cela lui permet de prendre ses distances par rapport à l’interprétation tranchante de Viola Davis. Tous les amateurs de séries auront en effet reconnu les points de départ communs entre la française Master Crimes et la série américaine How to get away with Murder qui a propulsé la comédienne afro-américaine sur le devant de la scène internationale, durant six saisons (voir note précédente). La série est disponible sur Netflix.
La série française s’affirme nettement plus caustique et pince-sans-rire, jouant sur l’opposition entre deux partenaires physiquement et intellectuellement très dissemblables. Dont les forces et les failles se dévoilent au fil des enquêtes. Louise Arbus est en effet hantée par une erreur judiciaire commise il y a des années et dont elle tente toujours de modifier l’issue.
Dans le rôle de Barbara Delandre, inspectrice efficace mais mère en difficulté, partenaire contrainte de la célèbre criminologue, on reconnaît Anne Le Nen, compagne de Muriel Robin à la ville. En pull et pantalon, revolver rivé à la hanche, elle tranche forcément avec les tenues très apprêtées de l’avocate, un contraste classique des duos policiers. “Entre votre rigueur et son talent, cela va faire des étincelles”, lui assène le commissaire Rugasira (Olivier Claverie) pour la convaincre de faire équipe avec Louise.
L’intérêt de la série HTGAWM reposait en grande partie sur la personnalité charismatique de l’avocate-enseignante mais aussi sur la complémentarité et les dissonances au sein de son équipe d’étudiants-enquêteurs. Ce postulat est repris dans la série française qui propose un intéressant quatuor estudiantin. Boris (l’humoriste Nordine Ganso) connaît son Code et la jurisprudence sur le bout des doigts ; Samuel (Victor Meutelet vu dans Le Bazar de la charité) beau gosse timide et pragmatique ; Mia (Astrid Roos vue dans Paris Police 1900) hackeuse et tête brûlée et Valentine (Thaïs Vauquières) influenceuse beauté, moins superficielle qu’il n’y paraît.
La première enquête, déployée sur deux épisodes, est hantée par le spectre des péchés capitaux.
À la conception, on retrouve la scénariste et autrice Elsa Marpeau, qui a déjà marqué les esprits avec la mini-série Le secret d’Elise et la série Alexandra Ehle, sur une médecin légiste fantasque campée par Julie Depardieu. Reste à découvrir le profil qu’adoptera la suite de la mini-série, déployée sur six épisodes.
Karin Tshidimba
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