Porté par le goût des vannes et de l’autodérision de ces lycéens valides et en situation de handicap, ce récit pétillant et touchant est à découvrir dès jeudi sur La Une, à 20h20.

Enfer et damnation, c’est l’image qui s’impose à l’esprit de Victoire (Chine Thybaud) en ce jour de rentrée alors que la voiture de sa mère file vers son nouveau lycée situé à Vaucresson. Adieu Paris, le collège, les copines et Adrien, son crush du moment. La voilà expatriée loin de la capitale pour permettre à son frère Théo d’intégrer un lycée mieux adapté à ses problèmes d’épilepsie. Autant dire que la jeune fille est vénère. Lorsqu’elle découvre qu’elle sera en outre la référente de l’une de ses camarades de classe moins valide et devra l’aider dans ses tâches quotidiennes – manger, aller aux toilettes,…- l’adolescente annonce le plus sérieusement du monde qu’elle préférerait « se pendre »… Mais le dédain affiché par Victoire n’est pas du tout du goût des autres élèves qui comptent bien lui faire passer l’envie de les prendre pour des demeurés ou des cas sociaux… Victoire va découvrir à ses dépens, qu’il vaut mieux ne pas s’en prendre à la petite bande motorisée.

« On n’est pas des bras cassés ici »

La grande force de la créatrice de la mini-série, Fanny Riedberger (En Famille, Clem), est de parvenir à décrire avec beaucoup de justesse les sentiments d’injustice, d’étrangeté et de rejet qui se mêlent dans l’esprit de Victoire. Et de mettre ainsi en lumière l’impact concret et les difficultés rencontrées par les familles dont l’un des membres est en situation de handicap. Un quotidien qui requiert sacrifices, souplesse et grandes capacités d’adaptation, mais qui offre aussi une richesse de découvertes et des brassées d’émotions en contrepartie.

A la fois fragile et hyper égocentrée, l’adolescente va mettre un certain temps avant d’en prendre conscience. Et comprendre peu à peu la chance qui est la sienne et qu’elle néglige trop souvent. Au contact des autres élèves, au moral et à la volonté d’acier, malgré les douleurs et difficultés quotidiennes, Victoire va peu à peu modifier son comportement et son point de vue sur son environnement, en même temps que son quotidien va s’enrichir grâce aux vertus contagieuses de l’altruisme.

A propos de la chute et de l’art de se relever

Il y a un petit parfum de Bracelets rouges dans la description du quotidien de ces élèves, dont certains résident à l’internat. Pour ces derniers – comme pour les jeunes patients suivis par la série espagnole originelle – l’entraide et la solidarité sont des valeurs-maîtresses permettant d’affronter le quotidien. De même que la série hospitalière n’était pas uniquement focalisée sur les soins, il n’est pas seulement question de handicap et d’inclusivité dans cette fiction qui aborde aussi des thèmes propres à l’adolescence : le regard sur soi, les doutes, la peur du rejet, la solitude, l’amitié, la force du groupe, la quête d’autonomie et les premières amours…

Cette richesse émotionnelle fait l’exceptionnelle valeur de cette fiction sacrée meilleure série au Festival de la Fiction TV de la Rochelle. Un prix amplement mérité pour ce récit nuancé qui permettra sans doute de modifier le regard sur le handicap, dans nos sociétés où, à quelques rares exceptions près – Astrid et Raphaëlle, The Good Doctor, Vestiaires -, il reste encore ignoré ou trop discret.

Surtout ne pas baisser pavillon

Coup de coeur instantané du public et de la presse en septembre dernier, la formidable série Lycée Toulouse-Lautrec décrit, en six épisodes, le quotidien de cet établissement unique en France, qui mêle des enfants valides et d’autres en situation de handicap. « L’histoire de Victoire est la mienne, je n’ai rien inventé ou presque. Je voulais témoigner de cette expérience hors normes et rendre hommage à ce lycée pour tout le bien qu’il m’a apporté », a confié la scénariste et productrice Fanny Riedberger, en présentant sa série au public.
Se basant sur sa propre expérience d’élève, au départ extrêmement hostile et réticente, l’auteure livre une fiction emplie d’humour, de tendresse et de force de vie. Une trajectoire pleine de clins d’oeil et d’autodérision portée notamment par Stéphane De Groodt, Valérie Karsenti, Rayane Bensetti, Aure Atika, Chine Thybaud et la formidable Ness Merad, dans son propre rôle d’adolescente frondeuse et tétraplégique. Un récit de vie authentique où les blagues fusent et les répliques claquent, chacun tentant de se faire respecter. Ecrite à six mains avec Eliane Vigneron et Nicolas Mercier, la série a été réalisée en collaboration avec Nicolas Cuche. Elle est à suivre le 9 janvier sur TF1 et dès le 29 décembre sur la RTBF.
Karin Tshidimba
★★★ Lycée Toulouse Lautrec Talents Academy Création Fanny Riedberger et Justine Planchon Réalisation Fanny Riedberger, Nicolas Cuche Avec Chine Thybaud, Stéphane De Groodt, Valérie Karsenti, Ness Merad Sur La Une/Auvio Le 29 décembre et dès le 9 janvier sur TF1 (6 x 52’)