Mike Bartlett (Doctor Foster) observe les relations humaines et la confusion des sentiments au sein d’une petite maison à appartements dans la banlieue de Manchester

Les histoires de nos voisins fournissent souvent les meilleurs potins, mais derrière les barbecues enfumés, les enfants bruyants et les jardins proprets se cachent souvent des réalités qu’on ignore. C’est cette vérité universelle qu’explore la série Life en s’immisçant dans quatre appartements abritant quatre destins liés par une même adresse dans un petit immeuble de la banlieue de Manchester.

A travers les parcours de Gail, Belle, Hannah et David ce sont quatre moments clés de la vie qu’explore Mike Bartlett: départ à la retraite, future naissance, deuil et adolescence.

A la veille de son 70e anniversaire, Gail (Alison Steadman) affiche un visage plein de douceur et une vie entière à tenir son rôle de mère et de grand-mère accomplie. Alors qu’elle file chercher son mari Henry (Peter Davison) à l’hôpital, elle manque de peu de renverser Dawn Mitchell, une camarade de classe qu’elle n’a plus vue depuis 50 ans. A sa grand surprise, Dawn lui fait remarquer que les remarques sarcastiques et les blagues incessantes d’Henry à son encontre, renvoient une image plutôt négative d’elle-même.

Gail (Alison Steadman) tente de faire bonne figure face à son fils Jonathan (Geoffrey Streatfeild).

La vie mode d’emploi

Au rez-de-chaussée, vivent Belle et Hannah dans leur appartement respectif, de part et d’autre du couloir. La première (Victoria Hamilton), perfectionniste et maniaque, n’a pas grand chose d’autre dans sa vie que le travail et la pratique du Pilates. Mais lorsque sa sœur doit très hospitalisée pour troubles sévères, Belle n’a plus d’autre choix que d’accueillir sa fille adolescente Maya (Erin Kellyman) chez elle. A son grand désarroi.

De l’autre côté du couloir, Hannah Finbar (Melissa Johns) prépare activement la naissance de son premier enfant. Mais lorsqu’Andy (Calvin Demba) le père de celui-ci réapparaît dans sa vie, son nouveau compagnon Liam se montre très protecteur.

Au dernier étage, David (Adrian Lester vu dans Undercover) est de loin le plus discret de tous les locataires. Professeur à l’université, il est sur le point de partir seul en vacances sans sa femme Kelly. Il en souffre visiblement si bien que lorsqu’il croise la route d’une jeune femme séduisante et très entreprenante (Saira Choudhry vue dans No Offence), David fuit ses avances.

A travers ces quatre personnalités, Life interroge la confusion des sentiments et les choix qui s’imposent à nous à tout âge pour avancer dans la vie. En choisissant de privilégier des horizons vraiment variés – métiers, classe sociale, origines et choix de vie très différents – Mike Bartlett, dont le travail intimiste avait déjà été salué en 2015 dans la série Doctor Foster, poursuit son exploration sociale. Il renoue en effet avec l’un des personnages de la série portée par la comédienne Suranne Jones: Annabelle (Victoria Hamilton) était la voisine de Gemma Foster et a quitté la ville pour refaire sa vie ailleurs. L’irruption dans sa vie d’une adolescente très déterminée va l’obliger une fois encore à évoluer.

Dans sa façon d’aborder l’âge, le handicap, la maladie, la maternité, la filiation ou les addictions, Life fait preuve d’une belle maîtrise émotionnelle, faisant d’elle une comédie dramatique avec supplément d’âme.

Karin Tshidimba