Elle a été James Bond Girl, elle est aujourd’hui Harry Wild mais c’est en Dr Quinn que la comédienne a marqué la mémoire des téléspectateurs. Un personnage féminin très fort né presque par hasard… Le Dr Quinn pourrait-elle revenir ? Jane Seymour a détaillé ses projets avec nous.

A la simple évocation de ce rôle emblématique, son interprète, Jane Seymour, s’enflamme…
« Tout le monde pensait que cette série ne fonctionnerait jamais à cause du personnage féminin – un médecin, une femme intelligente – à cause des questions de moralité, des valeurs familiales et du poids de l’Histoire, notamment vis-à-vis des Amérindiens. C’était très intéressant de voir que beaucoup de personnes n’avaient aucun droit à l’époque. Particulièrement les femmes qui n’avaient pas forcément le droit à l’éducation. Difficile dans ce monde régi par la violence des hommes et des armes, de s’affirmer comme une femme forte tout en restant féminine. Il fallait lutter pour obtenir le respect et éviter de se faire agresser. D’autant qu’elles ne pouvaient pas courir très vite avec leurs vêtements encombrants, rappelle la comédienne en mimant la course avec robe bouffante. En tant que femme, il fallait même être plus forte qu’aujourd’hui », assure-t-elle.

Dans l’ombre de James Bond

Veste à fleurs brodées, large sourire, longue chevelure châtain et yeux vairons pétillants (un brun et un vert, tous les deux d’une couleur intenses), si l’on excepte quelques rides, le passage des ans ne semble avoir aucune prise sur Jane Seymour. Côté tempérament, l’actrice et productrice de 71 ans semble toujours aussi déterminée et enthousiaste.

Née Joyce Frankenberg, d’un père anglais et d’une mère hollandaise, l’actrice, qui est aussi productrice et artiste peintre, possède aujourd’hui la nationalité américaine car elle vit aux États-Unis depuis 1976. Son entrée dans l’univers de Bond, James Bond dans Leave and let die (1973) a marqué les mémoires et reste son meilleur souvenir de cinéma. La comédienne cite aussi Somewhere in time, une « romance magnifique » (1980) et Wedding crashers avec Owen Wilson et Vince Vaughn (2005) qui lui « a ouvert une nouvelle carrière en tant que comédienne ».
Pourtant, le costume qui lui colle encore toujours à la peau est celui de Michaela Quinn dans lequel elle est apparue pour la première fois le 1er janvier 1993 sur la chaîne CBS. Devenant aux yeux du monde entier le Dr Mike, originaire de Boston, venue s’installer à la mort de son père, à Colorado Springs, dans l’Ouest sauvage américain. Un rôle dans lequel l’actrice brille aux côtés du tout aussi charismatique Joe Lando, ami des Cheyennes.

Le Dr Quinn, pionnière de l’audioviusel

Une série qui a tout changé et pas seulement pour la comédienne…
« Personne ne pensait que cela aurait du succès, pourtant la série a duré sept ans et a été diffusée dans 98 pays. Cela a permis de faire ensuite d’autres films et séries dont le rôle principal était féminin. Aujourd’hui, on peut même voir des projets portés par des femmes plus âgées, comme moi. (Elle sourit) A l’époque, la carrière des femmes se terminait à 40 ans. Or j’avais 40 ans lorsque je suis devenue le Dr Quinn. J’ai souvent prouvé que les idées reçues étaient fausses. » (rire)

La rumeur dit même que le Dr Quinn pourrait revenir…
« Nous avons un très beau script imaginé par la créatrice (Beth Sullivan, NdlR). Nous avons juste besoin de trouver la chaîne qui le diffusera. Nous avons tous envie de revenir. L’histoire se déroulerait 30 ans plus tard. Ce serait encore plus intéressant. Car c’est l’époque où les femmes se sont émancipées. Beaucoup d’histoires très intéressantes ont eu lieu au tournant du siècle. Ce serait fantastique. »

Un retour de la série qui serait aussi celui d’une équipe.
« Oui, la plupart des acteurs reviendrait, mais certains ont quitté le métier comme Chad Allen et Jessica Bowman. Peut-être qu’Erika Flores serait là aussi. Mais Joe, William et moi, les personnages principaux, nous serons là. »

 


Où peut-on voir Jane Seymour aujourd’hui ?

Si Jane Seymour croise les doigts pour que ce jour advienne, elle ne se tourne pas les pouces pour autant. Dans sa nouvelle série, créée par David Logan pour la chaîne Acorn TV, elle campe le personnage d’Harry Wild, une professeure de Littérature anglaise, qui vit à Dublin. « Harriet ne s’est jamais mariée, elle a un fils qui est inspecteur de police et qui est père lui-même. Un jour, elle démissionne parce qu’elle est lassée de ses étudiants qui n’assistent pas au cours, ne travaillent pas et ne sont pas vraiment intéressés par la matière. Par inadvertance, elle résout un crime dans le premier épisode grâce à ses connaissances en Histoire et en Littérature et elle devient amie avec Fergus (Rohan Nedd, NdlR) un gamin qui vient de la mauvaise partie de la ville et n’a jamais reçu d’éducation. Ensemble, ils forment une solide équipe de détectives. C’est une comédie. Harry est forte, indépendante, irrévérencieuse. Beaucoup de femmes l’aiment parce qu’elle dit et fait ce qu’elles-mêmes aimeraient faire. Son fils ne l’écoute jamais et la rabroue sans cesse », plaisante la comédienne.

Cet autre personnage de femme déterminée explique sans doute son incroyable longévité professionnelle et lui assure un regard acéré sur les changements dans le métier.
« L’industrie du streaming permet à chacun de trouver ce qu’il veut regarder. On peut éviter les publicités et s’adonner au binge watching ce qui me plaît car je ne dois pas attendre la semaine suivante et m’inquiéter de l’heure qu’il est. Beaucoup de chaînes proposent les séries sur leurs chaînes traditionnelles avant de les mettre sur les plateformes, donc on a les deux options. L’essor du streaming permet aussi d’échapper à la censure qui s’applique encore aux chaînes traditionnelles » souligne la comédienne.

Outre la série Harry Wild, Jane Seymour vient de jouer dans deux séries de Chuck Lorre: La Méthode Kosminsky et B- Positive. « C’était très agréable. J’ai aussi fait beaucoup de mini-séries. A une époque, on m’appelait même la reine des mini-séries et aujourd’hui, il y en a de plus en plus. J’aime beaucoup ce format car souvent, au cinéma, on est obligé de beaucoup couper pour ramener le film autour de 2h. Et, au début, pour faire une série, on devait développer 22 épisodes. C’est vraiment beaucoup, mais le format d’Harry Wild est parfait: huit épisodes d’une heure. »

Dr Quinn, série aux thèmes toujours bien actuels

Ce nouveau format est sans doute une piste à exploiter pour le potentiel retour du Dr Quinn. Qu’a-t-elle gardé de son personnage ?
« Michaela m’a sauvée la vie… Financièrement et émotionnellement… » (A l’époque, l’actrice sortait d’un divorce compliqué qui l’a ruinée, NDLR). « Je suis si fière de cette série. Elle est intemporelle. Elle ne sera jamais dépassée parce qu’elle est authentique dans cette période de l’Histoire. Donc on peut la regarder en 2025 ou 2030, elle aura toujours la même authenticité. »
La série a abordé beaucoup de sujets marquants pour l’époque: euthanasie, racisme, religion, etc. « Oui, Docteur Quinn s’est emparée de nombreuses problématiques bien avant qu’elles ne deviennent populaires en télévision: problèmes d’eau, de virus et de bactéries, migration, rapports avec les Premières Nations, tout ce dont nous parlons encore aujourd’hui. »

L’occasion pour ses petits-enfants de découvrir la série en sa compagnie ?
« Mes petits-enfants ne sont pas autorisés à trop regarder la télévision… Ils ont vu quelques épisodes, j’espère qu’ils pourront en voir plus. Ma fille les encourage à lire beaucoup de livres mais j’ai négocié avec elle qu’ils puissent regarder au moins un épisode par semaine… » glisse-t-elle avec un clin d’œil.

Karin Tshidimba, à Monte-Carlo

nb: L’intégrale de Docteur Quinn, femme médecin est disponible en ce moment sur la plateforme 6Play en France ou en DVD.