Le récit de ce long combat pour la justice est inscrit au cœur de la nouvelle création française de Disney+, Oussekine***, à découvrir ce 11 mai en intégralité.

C’est l’histoire d’un destin brisé et de violences policières qui ne faisaient pas encore la Une des journaux, car elles ne concernaient qu’une partie de la population française. C’est l’histoire d’un racisme ordinaire qui a traumatisé toute une génération « issue de l’immigration » découvrant que malgré ses « efforts d’intégration », elle n’était pas à l’abri de l’injustice.

Le 5 décembre 1986, Malik Oussekine sort d’une boîte de jazz où il est allé écouter Nina Simone. Dans le Quartier latin, des étudiants manifestent contre la réforme des facs universitaires. Les « voltigeurs », gendarmes motorisés, sont envoyés pour remettre les manifestants au pas. Pris en chasse par l’un de ces escadrons qui le prend pour un étudiant contestataire, Malik Oussekine sera frappé à mort et mourra des suites de ses blessures. Sa famille va se battre pendant trois ans pour tenter de faire condamner la police.

Un combat pour la justice

L’histoire de ce long combat pour la justice est inscrite au cœur de la nouvelle création française de Disney +, Oussekine , à découvrir ce 11 mai en intégralité. Cette affaire méconnue en Belgique a défrayé la chronique en France à la fin des années 1980 et a douloureusement fait ressurgir une autre affaire oubliée : celle des Algériens noyés dans la Seine en 1961.

Au fil de quatre épisodes, la mini-série marie le récit de la tragédie de cette nuit de décembre 1986 avec des flash-backs qui permettent de découvrir la vie ordinaire et heureuse de cette famille d’origine algérienne, installée en France depuis 22 ans, soit quelques mois avant la naissance de Malik. Des moments d’insouciance qui illustrent la vie de cet étudiant brillant, élégant et discret, qui bascule en quelques minutes, entraînant à sa suite les illusions de toute sa famille.

Pour donner vie à son récit, le réalisateur Antoine Chevrollier (Le Bureau des Légendes, Baron Noir) a réuni un casting de haute volée (Hiam Abbass, Tewfik Jallab, Sayyid El Alami, Naidra Ayadi, Thierry Godard, Olivier Gourmet, Kad Merad, Laurent Stocker) mais aussi une équipe d’écriture reflétant la diversité des origines en France : l’auteure Faïza Guène ; le réalisateur franco-burkinabé Cédric Ido ; le scénariste Julien Lilti et la jeune réalisatrice Lina Soualem.

Le résultat est une série prenante et digne qui évite les écueils de la fiction à message tout en recadrant l’histoire officielle. Une fiction universelle, sans pathos ni excès, qui décrypte avec justesse la France d’aujourd’hui et d’hier, sans chercher à la noircir ou à la simplifier. Et qui met en lumière toutes les nuances du roman national hexagonal.

Karin Tshidimba