Après une saison 1 centrée sur Hatik, c’est au tour de Laëtitia Kerfa d’imposer son flow au coeur de la série française reine de Canal. Avec quelques clichés à la clé. A voir sur Be 1, jeudi à 20h55

Une bande son qui déchire, des stars du rap comme s’il en pleuvait et la révélation de nouveaux talents: autant d’atouts (marketing) qui ont séduit les fans ou les amateurs en quête d’une exploration en profondeur de la scène hip-hop française. Pour sa série Validé*, le réalisateur et acteur Franck Gastambide (Kaïra Shopping, Taxi 5) a su fédérer les énergies du milieu et rassembler un casting solide qui a notamment permis la mise en lumière de nouvelles voix, comme celle de Clément (Hatik), héros de la saison 1, ex-dealeur devenu roi de la punchline sous le nom d’Apash.

Ce qui séduit, dans la série originale produite par Canal, c’est son côté quasi documentaire qui place des acteurs de la scène rap française dans leur propre rôle à l’écran. Si le réalisateur Franck Gastambide campe le beatmaker DJ Sno, des rappeurs comme Alonzo, Rohff ou le groupe Sniper défilent devant le micro, rejoints par Fred Musa et Laurent Bouneau de Skyrock ou par la chanteuse Amel Bent.

Le résultat ne s’est pas fait attendre: les 10 premiers épisodes ont permis d’engranger 40 millions de vues en quelques semaines à peine. Et la saison 2 (9 épisodes) pourrait faire encore mieux.
Mais si l’arène est bien choisie et l’exploration du milieu solidement menée, les intrigues sont parfois trop attendues et certains acteurs pèchent par excès de formatage. Le milieu du rap se montre alors trop fidèle aux clichés véhiculés à son sujet: drogue, bastons et petite pépées. C’était déjà le cas au fil de la saison 1, qui s’était terminée de façon explosive dans une scène digne d’un clip de gangsta rap américain.

Quelle est la place des femmes dans le « game » ?

Pour sa saison 2, Validé a choisi un angle original et innovant: la question de la place des femmes dans ce milieu testosteroné à souhait. Grâce à son charisme, la jeune comédienne et rappeuse guadeloupéenne Laëtitia Kerfa convainc, tant sur scène qu’en dehors. Mère célibataire (Sara) d’un petit garçon de 6 ans et vendeuse dans un magasin de sport, l’artiste débutante s’était fait connaître sous le nom de Lalpha, avant de quitter la scène underground. Mais William (Saïdou Camara) et Brahim (Barhim Bouhlel), les deux complices d’Apash, aidés par Inès Belmadi (Sabrina Ouazani), sont bien décidés à la faire remonter sur scène…

Abordant notamment la question de la part chantée dans le rap, cette saison 2 permet de rappeler que depuis la sortie de scène de Diam’s, la veine féminine reste insuffisamment mise en lumière, en France comme ailleurs. Si cet aspect de la série est bien amené et décrypté, toutes les intrigues ne sont pas traitées avec la même exigence en termes de réalisation ou d’interprétation et l’on se surprend parfois à décrocher face à certains clichés ou raccourcis mafieux. La bande son, en revanche, n’enregistre aucune baisse de régime.

Les fans de rap en redemandent donc et les chiffres de streaming s’envolent: dix millions de streams ont été enregistrés pour la saison 2 en 6 jours seulement. C’est un record absolu pour Canal+, qui a enregistré deux fois plus de visionnages que pour la saison 1 au même moment. Preuve que la suite de la série était attendue pour son lancement le 11 octobre dernier.

Tout comme Hatik, placé sous le feu des projecteurs en saison 1, l’attention des médias se focalise cette fois sur Laëtitia Kerfa. Après trois mois de tournage et une avant-première dans le cadre du festival CanneSeries, les évènement se bousculent pour la jeune artiste dont le premier album doit sortir début 2022. Et ce n’est sans doute qu’un début… La série a en effet été achetée par la plateforme HBO Max et par Radio Canada.

Karin Tshidimba