Ce vendredi, la série Lupin revient sur Netflix. Les acteurs Omar Sy et Ludivine Sagnier et le scénariste George Kay évoquent leur tournage post-Covid.

Ravie du succès de son adaptation de l’univers d’Arsène Lupin, Netflix n’a pas lésiné sur les moyens pour faire du lancement de la partie 2 de sa série un événement, ce vendredi 11 juin. L’attente est grande pour le public qui n’a pu découvrir que 5 des 10 épisodes de la saison 1 lancée en janvier dernier. Une interruption qui traduit une réalité : celle d’un tournage mis en pause pour cause de confinement généralisé en France.

Jeudi dernier, une conférence de presse internationale était organisée (sous embargo jusqu’à ce lundi matin) en présence d’Omar Sy, de Ludivine Sagnier et du scénariste de la série, le Britannique George Kay. L’occasion pour les deux Français de montrer leur fluidité dans la langue de Shakespeare face à des journalistes connectés depuis la Belgique, la Colombie, la France, Israël, l’Indonésie, les Pays-Bas… Pour rappel : l’audience estimée de la première partie est de 70 millions de visionnages à travers le monde; la série a été doublée en 15 langues et sous-titrée dans une trentaine d’autres…

Dilemme : venger son père ou être un bon père ?

« Dans la partie 1, Assane est focalisé sur la revanche qu’il souhaite prendre au nom de son père. Dans cette partie-ci, il se bat pour son fils. Il se retrouve dans cette situation conflictuelle où il doit presque choisir entre être un bon père ou venger son père. Ce sont les deux causes qui l’animent. Ses intentions sont bonnes, on l’aime pour ce qu’il essaie de faire car personne ne veut avoir un héros parfait. Lorsqu’Assane échoue, cela le rend encore plus touchant parce qu’on peut se reconnaître en lui et le comprendre », détaille le scénariste britannique George Kay.

« J’aime son côté sombre et ses échecs parce que c’est ce qui le rend intéressant et touchant. Assane veut bien faire mais parfois il s’y prend mal. C’était nouveau pour moi de jouer ce type de personnage, cela en fait une expérience vraiment riche. L’intérêt est de disposer de tout ce temps pour développer le personnage et jouer ces scènes aux tonalités très différentes. C’est une bénédiction d’avoir toutes ces émotions et tous ces acteurs. Le challenge, ce ne sont pas quelques scènes en particulier. Le défi, c’est d’avoir toutes ces nuances – les poursuites, les combats, la romance avec cette superbe actrice – et de trouver un équilibre. J’ai aimé ce mélange », confie le comédien Omar Sy.

L’invisibilité, un thème au cœur du divertissement

Un personnage ancré dans le réel pour lequel le Sherlock de Steven Moffat « n’est qu’une des nombreuses sources d’inspiration », précise George Kay. « Notre volonté était de faire un sujet contemporain, de faire d’Assane Diop un personnage moderne. L’adaptation de Moffat est très bien mais ceci est très différent : nous avons créé un nouveau personnage qui n’est pas Lupin mais un admirateur de son univers. »
« On veut continuer à parler des gens qui travaillent dans l’ombre et qu’on ne voit pas dans la société mais nous ne voulons pas que cette composante sociale ou politique prenne le pas sur le divertissement. Nous voulons que le message passe à travers les dix heures de fiction mais que les gens continuent à se divertir et à découvrir l’histoire des personnages« , poursuit le scénariste.

« Je pense que la façon dont nous l’avons fait est la bonne, intervient Omar Sy. Nous voulons avant tout divertir les gens et cette composante sociale est l’un des outils dont nous disposons pour raconter notre histoire. C’est une question d’équilibre, nous voulons le préserver car désormais, c’est l’ADN de la série. »

Tout comme la façon « très réaliste dont Paris est montrée. On y voit des parties de la ville contemporaine qu’on ne voit pas souvent et qui ne correspondent pas à l’idée de carte postale que l’on se fait de Paris. Je pense que cela a plu aux téléspectateurs étrangers« , souligne l’actrice Ludivine Sagnier.

« C’est toujours difficile de savoir ce qui plaît au public. Il vaut même mieux ne pas trop s’interroger et décortiquer cela. En fait, ce qu’il faut faire c’est continuer comme on a commencé car on ne saura jamais précisément ce qui a conquis le public », insiste Omar Sy. Même si le comédien espère que « la diversité mise en avant dans la série aura une influence sur le futur de la création française… On espère toujours avoir une influence grâce aux projets auxquels on participe. »

Nous voulions transmettre le livre à une nouvelle génération

« Les masques et les kilos en trop » pour l’un. « La chaleur étouffante et les fous rires » pour l’autre restent étroitement liés aux souvenirs de ce premier tournage post-confinement. « On était si heureux de pouvoir tourner même si c’était parfois compliqué », reconnaît Omar Sy. « On était surtout heureux de travailler ensemble car on se connaît depuis longtemps mais on n’avait jamais joué ensemble. »

L’acteur a également composé le look d’Assane avec soin : « Nous avons beaucoup discuté avec Camille, styliste de la série et Louis Leterrier (réalisateur des premiers épisodes, NdlR). Lupin a ce style iconique : chapeau, monocle et cape. Nous voulions garder l’idée d’un look reconnaissable entre tous et d’un super-héros joué par un homme simple. D’où le choix du long manteau pour garder l’idée de la cape et du béret pour coller à celle du chapeau et à la France. Pour le style, nous avons choisi les sneakers car nous adorons ces chaussures, Louis et moi. On y a réfléchi longuement » admet-il.

Quant à Ludivine Sagnier, elle a commencé à raconter l’histoire d’Arsène Lupin à ses enfants bien avant que le livre de Maurice Leblanc ne redevienne un succès en librairie. La volonté de l’équipe était d’ailleurs de faire en sorte que « le livre soit transmis à une nouvelle génération parce que cela dit beaucoup sur ce que c’était d’être Français et à quoi ressemblait la société à l’époque. Les livres ont ce rôle au sein des familles, c’est bien de continuer à les léguer à nos enfants. Lupin est un personnage important de la littérature française. Et la lecture joue vraiment un rôle dans la transmission de la culture », souligne Omar Sy, presque solennel.

Propos recueillis par Karin Tshidimba