Arrêtée en 2017 dans des circonstances controversées, Master of None** fait son grand retour ce dimanche sur Netflix. Une bonne nouvelle pour les fans de la série même si ce nouveau chapitre, centré sur le personnage de Denise, s’annonce bien plus bref que les précédents…

Sans aucun doute, la pandémie a-t-elle permis le retour de cette série américaine, née en 2015 et interrompue en 2017, saluée par plusieurs Emmy Awards et Golden Globes, mais désormais entachée par les soupçons de harcèlement pesant sur son comédien principal, Aziz Ansari (ancien de Parks & Recreation).
C’est donc sans le personnage de Dev Shah, acteur en devenir et épicurien patenté, que Master of None** redémarre, concentrant son intrigue sur le quotidien de Denise (Lena Waithe), confidente solide et discrète de Dev, et lesbienne assumée.

La tonalité intime et chaleureuse de cette chronique urbaine et générationnelle restera inchangée même si New York ne sera visiblement plus au centre des pérégrinations amoureuses et professionnelles de ces jeunes trentenaires indécis, procrastineurs et parfois un peu dépassés, entre galères de boulot, virées entre potes et rendez-vous plus ou moins aboutis. Un public cible auquel les séries se sont toujours largement adressées. Il suffit de mesurer le succès de Friends à travers les années pour s’en convaincre.

Cette disparition des radars de Master of None était d’autant plus regrettable que la série avait contribué à réparer une injustice : en mettant en lumière des acteurs venus d’horizons multiples et en témoignant des difficultés rencontrées par les comédiens d’origine indienne et asiatique, pour trouver des rôles intéressants dans les films ou les séries. Ce qui signifie, en clair : des personnages dépassant les stéréotypes de l’épicier ou du chauffeur de taxi « avec fort accent », du restaurateur souriant ou du scientifique/informaticien introverti et brillant.

Amour, couple et parentalité

Une grande part du mérite en revenait à Anziz Ansari, à la fois cocréateur avec Alan Yang, showrunner et comédien principal de la série, qui avait réussi à imposer sa singularité et son humour décalé auprès de nombreux fans, séduits pas ces interprètes souvent immatures, férocement caustiques et passionnés de découvertes culinaires en tous genres.

C’est sur ce réservoir de fidèles que compte Netflix pour relancer Master of None : Moments in love. Sans surprise, ce nouveau chapitre interroge les questions de couple et de parentalité, d’amour et d’intimité, du passage à l’âge adulte et de la perte de repères. Écrit par Ansari et Lena Waithe, cette nouvelle chronique pleine de mélancolie accueille le personnage d’Alicia campée par Naomi Ackie.

Difficile, à ce stade, de savoir si cette courte saison (5 épisodes au lieu des 10 habituels) a valeur de test ou de « simple conclusion » pour une équipe de comédiens et de techniciens qui, elle, n’a pas démérité. Reste à voir si le public s’y reconnaîtra et leur emboîtera le pas…

Karin Tshidimba