Les prochains tournages de séries belges sont attendus à l’automne et début 2020. D’ordinaire, l’été est propice à la réalisation de fictions mais en Fédération Wallonie-Bruxelles, l’heure est plutôt à l’écriture. On a fait le point sur les projets en développement à la RTBF avec Marc Janssen, responsable de la Fiction.

Si l’ancien hôpital de Saint-Ode est devenu un lieu d’excursion pour les fans de La Trêve – connue à l’international sous le titre The Break –, la diffusion d’Unité 42 depuis juin sur Netflix, après France 2, amènera-t-elle un flot nouveau de touristes à Bruxelles ? Il est sans doute encore un peu tôt pour le déterminer. Tout comme il faudra encore patienter avant de découvrir les lieux de tournage des futures séries belges car celui de La Patrouille, forcément prévu durant l’été (on y suit les péripéties d’une troupe de scouts lors de leur camp) a finalement été postposé à l’été 2020…

Les prochaines séries à partir en tournage seront donc Unseen (série en 8 épisodes, écrite par Marie Enthoven et Bruno Roche) début octobre et Pandore (série politico-judiciaire) au début 2020 (en février?). « Unseen, qui se cherche encore un titre en français, exploite un phénomène paranormal pour parler de la famille d’aujourd’hui » précise Marc Janssen, responsable de la thématique Fiction à la RTBF. Inscrite dans les pas d’une juge d’instruction déterminée, Pandore est portée par trois auteures-réalisatrices : Anne Coesens, Savina Dellicour et Vania Leturcq.

La saison 2 d’Unité 42 attendue sur La Une cet automne

Dans l’intervalle, le public de la RTBF aura pu renouer avec Unité 42, série policière qui suit les équipes de la Cyber Crime Unit emmenée par Constance Gay et Patrick Ridremont. Son tournage s’est achevé à la fin juin et la primeur de la saison 2 est réservée à Proximus TV, comme lors de la première saison. Une saison 3 est d’ailleurs déjà en cours d’écriture comme c’est le cas aussi pour Ennemi Public. Et La Trêve ? Petit sourire en coin de Marc Janssen qui ne ferme, bien sûr, aucune porte mais reconnaît que « l’équipe est en train de développer un autre projet, une nouvelle série et je ne peux en dire plus aujourd’hui… »

A défaut de tournage imminent, l’été s’annonce donc extrêmement studieux pour les équipes de scénaristes planchant sur de futures séries belges. On en dénombre 16 au total, dont 7 ont franchi, début juillet, une nouvelle phase de production. C’est le cas de la série Baraki, comédie en 26 minutes qui va commencer la mise en production de ses 20 épisodes. Quant aux séries La Vague (sélectionnée en octobre 2017), Les Affreux et Ghost Society (sélectionnées en décembre 2018), elles poursuivent leur développement et ont été rejointes par Matière Première et Transports.

Matière Première de Diego Martinez Vignatti et Boris Tilquin, développée en 8 épisodes avec AT Prod, est à la fois un drame familial et un thriller économico-politique qui voit Alice Delamotte, héritière de l’empire DMC (Delamotte Mining Co.) tenter d’éliminer son père en représailles de la disparition tragique de sa mère dont elle le juge responsable.

Enfin, Transports scénarisée par Nathalie André et Françoise Hoste (Cobra Films), s’intéresse à une famille de transporteurs routiers qui se bat pour sauver son activité, y compris en se livrant à quelques sombres trafics.

Davantage de femmes scénaristes

Si La Trêve et Ennemi Public ont pu faire croire à un univers terriblement masculin, Unité 42 et eLegal ont démontré que la série belge n’était pas uniquement une affaire d’hommes. Même si les femmes scénaristes restent minoritaires parmi les 16 projets en cours de développement, « on constate que notre appel du pied a fonctionné et nous avons désormais trois projets de séries portés par des équipes entièrement ou majoritairement féminines. » C’était déjà le cas de la série Unité 42, portée par Charlotte Joulia et son équipe, il en va de même pour les séries Attraction, Pandore et Transports. D’autres équipes, comme celles d’eLegal avant elles,  affichent une belle mixité, c’est le cas de La Patrouille, Pure et Unseen.

On n’a pas la science infuse, on fait des erreurs et on en fera encore

Malheureusement, certains projets n’ont plus le vent en poupe. C’est le cas des séries Fronde, Mammouth et Prince Albert qui ont été arrêtées.
« On n’a pas la science infuse, on a fait des erreurs et on en fera sans doute encore. Le chemin se trace en marchant, souligne Marc Janssen. Nous avons surtout voulu aider certains auteurs débutants à faire leurs armes » car c’est en écrivant qu’on devient scénariste. « Parfois, les projets deviennent meilleurs de phase en phase ; à d’autres moments, les projets s’arrêtent parce que les idées se tarissent, les équipes se délitent ou ne trouvent pas les financements nécessaires. »

Après les échecs partiels mais successifs, en termes d’audiences et/ou de retours critiques, des séries Champion et eLegal, un soin tout particulier est accordé aux différentes phases de développement des scénarios et à l’établissement de budgets et plans de tournage solides. Le Fonds des séries mis en place par la Fédération Wallonie Bruxelles et la RTBF ne couvre qu’une partie des budgets nécessaires, à charge pour le coproducteur privé de trouver le reste des financements.

L’enthousiasme demeure toutefois intact : un nouvel appel à projets à destination des futur(e)s auteur(e)s a d’ailleurs été lancé, il précise que les projets de séries belges peuvent désormais se décliner en 8 ou 10 épisodes (cf. ci-dessous). Pour tous ceux que la création de séries titille, la date limite de remise des dossiers est fixée au 30 août à 16h.

« La Vague » de Stéphane Henocque, Nicolas Maricq & Maia Descamps.

Produire 6, 8 ou 10 épisodes ?

Le triomphe des séries britanniques à l’international et des mini-séries américaines a largement relancé le débat sur le nombre d’épisodes « idéal » en matière de séries. Le temps où les séries comptaient toujours 22 épisodes semble largement révolu. En Belgique, le chiffre dix ne semble plus constituer un incontournable voire même un idéal sériel… Ce qui ravit certaines équipes qui préféreraient s’engager sur 8 plutôt que 10 épisodes. Un avis que Marc Janssen tient à nuancer.

« On a pu croire que grâce au modèle anglo-saxon (6 ou 8 épisodes) les séries plus courtes se vendaient mieux à l’international. On a donc permis aux équipes de réduire le nombre d’épisodes produits, mais on constate que le financement s’avère compliqué parce que les vendeurs internationaux proposent une somme par épisode et, forcément, quand on a moins d’épisodes à proposer, les montants totaux diminuent. Ce qui influence toute l’économie de la série. Car plus on développe d’épisodes, plus on peut amortir les coûts fixes. Sans compter que lorsque les séries sont plus courtes, le coût de grille augmente pour nous, car on doit remplacer ces soirées belges par des achats de fictions étrangères. Cela reste donc un calcul délicat et complexe », explique Marc Janssen. Une réflexion budgétaire qui doit accompagner aussi la phase de création…

Entretien: Karin Tshidimba