Ce mardi au Festival de Monte-Carlo, l’acteur reçoit une Nymphe de cristal saluant l’ensemble de sa carrière commencée sur le petit écran avant d’embrasser le grand. Le comédien, présent sur Netflix, loue la liberté des plateformes…

« La série a été un vrai pilier de ma carrière. Huit mois et demi de tournage par an, cela vous donne une bonne discipline, une bonne connaissance des scénarios et une base solide pour la suite. » Lorsqu’il évoque la série Les rues de San Francisco diffusée il y a presque 50 ans, Michael Douglas insiste en souriant face aux journalistes : « il n’y avait que deux chaînes alors aux Etats-Unis : NBC et CBS ; une nouvelle chaîne venait de voir le jour : ABC. Après quatre ans, j’ai pourtant quitté la télévision pour produire Vol au-dessus d’un nid de coucou au cinéma. On m’a traité de fou d’abandonner une série qui était aussi populaire. A l’époque, c’était très difficile de passer de l’un à l’autre, c’était deux médias très différents. Tout le monde voulait être une star du grand écran car la télévision était un média gratuit, donc moins bien considéré. Seuls Clint Eastwood et Steve McQueen avaient réussi cette transition. »
« Cinquante ans plus tard, me voici de retour en télévision. Créé il y a 59 ans, ce festival était en avance sur son temps car il avait déjà perçu cette montée en puissance du petit écran. Je remercie le festival de saluer et reconnaître ce cycle de vie qui m’a ramené à mon point de départ : la télévision. »

Son retour sur le petit écran, Michael Douglas le doit à Steven Soderbergh et à son film Ma vie avec Liberace, développé avec Matt Damon. « J’ai été très touché par l’histoire de Liberace, c’était un film qu’aucun producteur ne voulait faire à Hollywood, c’est devenu un film HBO qui a connu un beau succès à Cannes et m’a donné une bonne compréhension de ce qu’était devenu la télévision. J’ai eu envie de produire des films plus difficiles et le streaming m’est apparu comme une bénédiction. Car on voit sur les plateformes de streaming des œuvres davantage concentrées sur les personnages et pas des films style Avengers, etc. Chuck Lorre est venu me voir avec Netflix et m’a offert cette super idée de série sur le monde des acteurs pour mon retour en télévision. Une série de 30 minutes, sans coupure de publicité et une comédie en plus : tous ces ingrédients m’ont poussé à dire oui. »

Selon Michael Douglas, une plateforme comme Netflix permet à plus de points de vue et de personnes de s’exprimer, la preuve avec une série comme La méthode Kominsky
« Aujourd’hui dans tous les pays, vous avez à disposition des centaines de chaînes. La différence vient du fait d’avoir des abonnés qui ne paient pas pour avoir une série en particulier mais un ensemble de propositions. Ce ne sont plus les publicitaires qui financent les programmes mais bien les abonnés. Des réseaux comme Netflix diffusent les séries à travers le monde, le lancement se fait partout simultanément en 40 langues différentes. J’ai toujours insisté, quel que soit le pays, pour emmener ma voix avec moi car elle fait partie de moi-même. Je raconte toujours cette anecdote : lorsque j’ai reçu mon premier prix pour Les Rues de San Francisco en Allemagne, j’ai voulu remercier le public et j’ai vu qu’ils étaient très étonnés et se demandaient qui j’étais parce qu’en allemand, j’avais cette voix rauque et sexy à souhait. Il ne connaissait pas ma voix de souris, ma véritable voix. J’ai compris très tôt que je devais m’intéresser à la prestation des acteurs choisis pour me doubler. »
Quant aux avantages du streaming, ils sont nombreux à ses yeux: « le streaming a permis d’améliorer les scénarios, a permis aux acteurs de passer beaucoup plus facilement de la télévision au cinéma, ça a été un énorme encouragement pour tous les talents. Je suis très heureux de recevoir ce prix dans un festival de télévision parce que c’est le média qui a lancé ma carrière. »

« Ce qui m’a attiré dans le scénario de La méthode Kosminsky, c’est que je ne suis pas connu comme acteur comique, et tous les comédiens aiment se lancer de nouveaux défis. Les scénarios sont fantastiques, les épisodes sont diffusés chaque semaine. On tourne la saison 2, je pense que vous allez l’apprécier », confie-t-il avec un grand sourire.

Karin Tshidimba, à Monte-Carlo