La réalisatrice Jeanie Finley s’est glissée dans les coulisses de l’ultime saison de la série phénomène. “The Last watch” montre surtout l’attachement de chaque membre de l’équipe à cette immense aventure vécue durant huit saisons. A voir lundi sur Be1 à 21h15 et/ou mardi à 22h35 sur Be Séries

Comme des gamins quittant à regret le royaume qui les a consacrés et où ils ont vécu tant de victoires, de défaites ou de secrets, tant de moments suspendus hors du temps. Comme des vacanciers nostalgiques au moment de boucler leur valise pour rentrer chez eux. Il y a dans The Last Watch** ce parfum de mélancolie qui nous cueille parfois certains soirs. Comment revenir à la vie ordinaire après avoir vécu tant d’aventures hors normes ? La question est posée par de nombreux membres de l’équipe pléthorique qui a contribué, secrètement, au succès de la saga médiévalo-fantastique.

Pour retracer cette aventure, la réalisatrice Jeanie Finlay s’est inscrite dans les pas des costumières, des cascadeurs, des accessoiristes, des régisseurs, du responsable des batailles, du maître de la neige, de la productrice exécutive Bernie Caulfield, de la directrice artistique et des maquilleuses, durant toute la dernière année de tournage de la saison 8.

Les ouvriers de l’ombre

Son film souligne ce qui a fait le succès incontestable de la série : sa créativité, son originalité, son univers à la fois unique et extrêmement codifié, ainsi que l’extrême soin apporté à chaque détail par des armées de techniciens aguerris et passionnés.

Tout commence d’ailleurs au moment de l’ultime table de lecture : ce moment où toute l’équipe se rassemble et où les comédiens découvrent les textes dans leur intégralité avec, en guise de bonus, l’un des membres de l’équipe qui leur sert de conteur. Afin de les plonger dans l’ambiance et que chacun sache exactement de quoi sera fait l’ultime volet de l’histoire. Des moments forcément émouvants pour tous les personnages principaux qui découvrent ce que l’avenir leur réserve…

Ce film de près de deux heures fera plaisir aux inconditionnels comme aux amateurs qui se réjouiront de découvrir ainsi le dessous des cartes, les rouages de cette impressionnante ingénierie. De Belfast où était installé le Titanic Studio, principal lieu de tournage de la série, en passant par Dubrovnik et Séville.

Si les critiques ont surtout visé les scénarios, la réalisation est unanimement saluée – notamment celle de David Nutter en charge de quelques épisodes clé -, ainsi que les effets spéciaux et les scènes d’ensemble, forcément impressionnantes.

Tournages nocturnes et batailles

Jeanie Finlay s’est vu offrir un incroyable privilège : assister à quelques-unes des nombreuses scènes nocturnes et batailles qui ont émaillé cette ultime saison. Les préparatifs et la minutie, la volonté de chacun de ne pas décevoir les attentes de la production transparaissent à chaque plan.
«Game of Thrones devait s’arrêter car on ne pouvait tout simplement pas faire de saison plus ambitieuse ou plus étonnante que celle-ci», confie la directrice artistique Deborah Riley.

Série de tous les superlatifs et de tous les excès, Game of Thrones s’en est allée en laissant ses fans sur leur faim d’autant que la dernière saison conçue en roue libre – elle ne s’appuie plus sur les romans, non encore publiés, de George RR Martin mais sur ses rares indications – a suscité des millions de commentaires sur la toile. Pour sa violence, sa misogynie, une fois encore, mais aussi son incapacité à rendre justice à ses dizaines de personnages en huit épisodes seulement.

Regarder ce documentaire en forme d’hommage brisera sans doute un peu la magie pour certains mais permettra à d’autres de se replonger dans le chaudron magique une toute dernière fois.

Karin Tshidimba