Unité 42 famille.jpgD’un côté, Samuel Leroy, le policier « vieille école », plutôt taciturne, père de famille en crise, passablement déphasé d’Unité 42 (à voir le dimanche à 20h55 sur La Une).
De l’autre, Thierry Rouget, l’électricien ivrogne et père indigne suspecté de meurtre dans la série La forêt (mardi à 20h55 sur France 3).
Entre les deux, il y a un fossé franchi allègrement par le comédien belge Patrick Ridremont.

Formé à la Ligue d’impro, où il est toujours très actif, l’acteur est aussi réalisateur et scénariste. Entre écriture d’un film, d’une pièce de théâtre et de one-man-show (Olivier Leborgne, Virginie Hocq), Patrick Ridremont change aisément de casquette comme en attestent aussi ses rôles dans les séries belges et françaises, même si y prédomine la figure de l’homme en bleu…

Son passage à la Cyber Crime Unit de Bruxelles, la patte particulière du tournage d’Unité 42 avec trois réalisateurs flamands, la promesse de la saison 2, autant de questions que nous avons abordées avec lui. Sans oublier une question bonus en vidéo

« Samuel Leroy tente de se sauver dans le boulot »

« J’ai joué beaucoup de policiers mais cette fois, Sam est un flic de la vieille école. Ces histoires d’ordinateurs, de rames, de consoles et d’http, il s’en fout un peu. Pour lui, une arme, ça se porte à la ceinture et un suspect, ça s’interroge et ça s’arrête. Une réplique le définit très bien : «Je préfère lire sur les visages que dans des codes, donc on va aller trouver ce mec-là». C’est un homme de terrain avec l’empathie et le côté très humain que cela implique.

Unité 42 tir.jpgEn fait, je ressemble aux spectateurs de la RTBF qui ne sont sûrement pas tous des geeks », plaisante le comédien. « De temps en temps, certaines notions techniques sont balancées et on compte sur mon personnage pour clarifier ce que cela signifie concrètement. Sam n’est pas bête, mais tout cela va peut-être un peu trop vite pour lui. »

Samuel Leroy est « à cheval sur deux générations, la sienne et la nouvelle génération de flics. Il est confronté à quelque chose qui le dépasse un peu : le numérique et la cybercriminalité. Il est obligé d’affronter cela, ce qui n’est pas simple, en même temps que sa situation familiale chaotique avec la disparition de sa femme et l’éducation de ses trois enfants. Au boulot, il est confronté à une collègue qui est plus voyou que flic. Mais finalement, tous ces obstacles, ça le maintient en vie. Samuel se sauve dans le boulot, c’est plutôt pas mal pour un flic. »

Comme ses partenaires, Patrick Ridremont est passé à la Cyber Crime Unit pour observer le travail des véritables spécialistes belges de la cybercriminalité.

« Ca reste des flics avant d’être des informaticiens, ce sont des gens normaux confrontés à des choses terriblement anormales. J’ai été impressionné par le silence et le calme qui règnent dans leurs bureaux. Belle coïncidence : le chef de la CCU s’est spécialisé dans la cybercriminalité passé ses 50 ans. Ce qui prouve que mon personnage est plutôt réaliste même s’il y a des invraisemblances dans le scénario. On n’a que 52 minutes donc tout se passe en accéléré. Ce n’est pas un documentaire. »

« Entre silence et pudeur, un univers presque scandinave »

Cette série lui a surtout permis de vivre une expérience unique : tourner dans une série francophone filmée par des réalisateurs flamands.

Unité 42 tournage 3.jpg« La Belgique est au nord de la France, mais la Flandre est encore au Nord du Nord de la France. Les Flamands arrivent avec une manière de réaliser totalement différente. Chez nous, on a des réalisateurs latins qui sont plus dans la commedia dell’arte. Les réalisateurs flamands filment des silences, des respirations. C’est une école qu’on connaît mal en francophonie. Pour moi, c’est une chance d’entrer dans ce nouvel univers et de travailler en même temps dans une production RTBF. »

« Aujourd’hui, je me reconcentre sur l’audiovisuel mais en variant les genres : En Immersion (Arte), Emma (TF1), FranceKbek (OCS), BXL/USA (Be TV),… et en découvrant l’univers et l’approche spécifique de nouveaux réalisateurs, comme c’est le cas avec Indra Siera », poursuit-il.

« Indra Siera (à gauche sur la photo, NdlR) a un univers très riche, très particulier, presque scandinave. Il y a chez lui, un mélange entre la pudeur, la retenue et l’humain qui prend toute la place. C’est au spectateur de ressentir les choses et pas aux acteurs à en rajouter. La vie familiale chahutée de Samuel Leroy est très présente à l’écran sans que cela soit lourd. »

« Pour un comédien, les tournages, c’est de la jonglerie »

Rompu à l’exercice de la série télévisée, Patrick Ridremont s’est rapidement adapté au rythme demandé.

Unité 42 tournage 2.jpg« Tout a commencé par deux semaines de lectures des scénarios avec les comédiens et le réalisateur. Ensuite, nous avions 8 jours de tournage pour mettre en boîte chaque épisode de 52 minutes. Ce qui est passionnant, c’est de rencontrer de nouvelle personnes et de s’adapter à tout le monde. C’est parfois difficile mais c’est aussi le plus intéressant et le plus agréable dans ce métier. »

« Les tournages, en tant que comédien, c’est de l’entraînement, de la jonglerie, on apprend des choses très techniques. Le temps est court, le métier est cher, le réalisateur doit être directif et efficace, l’acteur doit répondre «Chef, oui chef». Il faut apprendre à gérer tout cela. Et, de temps en temps, je bénis les 4 minutes où on m’oublie dans un coin et où je peux souffler. »

Quant à la perspective de retrouver son personnage de Samuel Leroy dans la saison 2, elle l’enthousiasme mais il préfère préserver le suspense.

« Le fait de savoir qu’il y aura une saison 2, c’est à la fois rassurant et encourageant, pour la chaîne et les producteurs, même si c’est loin parce que le tournage n’aura sûrement pas lieu avant un an.
Je ne suis pas trop pressé de savoir ce qu’il y aura dans la saison 2, je préfère le découvrir, en simple spectateur, à la lecture des scénarios. »

Avant de partir, nous l’avons interrogé sur la série qui l’a le plus inspiré, voici sa réponse…

Rencontre: Karin Tshidimba