Olivier Marchal campe avec puissance et folie le mari et père  dominaterr et violent dans la mini-série Jacqueline Sauvage : c’était lui ou moi**. Le comédien parle de la complexité de son personnage et de la difficulté du tournage pour lui et tou(te)s ses partenaires plongés dans le drame des violences conjugales. Une fiction en forme de manifeste à voir sur TF1, ce lundi soir à 21 h.
Mise à jour (2/10): 7,9 millions de Français ont suivi la mini-série lundi soir, représentant 32,2 % de parts de marché.

La projection m’a beaucoup touché, j’avais le cœur qui battait la chamade. C’est un film délicat fait avec beaucoup de pudeur. Lorsque Jacqueline Sauvage est venue sur le tournage, on était tous impressionnés« , confie Olivier Marchal. L’acteur endosse le rôle de Norbert Marot, le mari violent que Jacqueline Sauvage a tué au terme de 47 années d’enfer conjugal.

« Ce qui a été terrible pour ses filles et elle, c’est qu’on ne les croyait pas. Évidemment pendant le procès, les coups et la terreur, on ne les voit pas. Alors que la fiction permet de les ressentir. Cela passe par le cœur et l’émotion. Vous pouvez vous identifier », soulignent Muriel Robin et Alix Poisson qui interprètent respectivement la femme battue et l’une de ses avocates (cf. interviews).

« C’est pour cela qu’on n’avait pas le droit de se tromper, si le public décroche pendant le récit, c’est au détriment du sujet. Il fallait qu’on soit à la hauteur de l’enjeu. » Un enjeu qui dépasse le cas de Jacqueline Sauvage pour embrasser le sort des 150 femmes qui meurent chaque année en France sous les coups de leur mari.

Le travail a débuté dès l’écriture du scénario, directement inspiré du livre de Jacqueline Sauvage et de ses avocates. « Yves Rénier avait déjà lu le livre et travaillé dessus. On a rencontré Jacqueline et on s’en est inspiré. On a fait des choix, on a dû résumer la partie consacrée au procès. Jacqueline et ses filles nous ont livré des phrases très fortes dites à la barre. C’était important de respecter leurs mots. Ses trois filles sont très heureuses que le film porte cette cause-là même si c’est dur pour elles car elles préféreraient que cette histoire soit derrière elles », explique le scénariste Jean Falculete.

« Au départ, Jacqueline voulait le sauver »

Une histoire lourde à porter pour tous les comédiens impliqués, les femmes comme les hommes.
« C’était humiliant à faire, pour Muriel mais aussi pour moi, en fait. Je m’excusais souvent après les scènes auprès de mes partenaires », confie Olivier Marchal. « On ne peut pas seulement jouer ce type de situations, il faut être dedans. On est pris dans l’émotion du moment. L’humanité, cela ne se joue pas. Olivier, il l’a. Cela sert beaucoup le rôle » souligne Muriel Robin.

« On va chercher dans la connerie humaine, dans la sauvagerie et la barbarie pour l’incarner. Des types comme ça, j’en ai croisé dans mon précédent métier de policier et des femmes qui, même salement amochées, refusaient de porter plainte. Norbert est un personnage à la fois dur et intéressant à construire. Il avait l’alcool mauvais et il a eu une enfance terrible. Il était fracassé et malheureux, il a été en maison de redressement jeune, mais cela n’excuse rien ! Jacqueline savait tout cela et elle avait ce côté maman, comme beaucoup de femmes, donc elle voulait le sauver. Norbert était dans le contrôle extrême de toute sa famille mais il pouvait aussi être charmeur et très gentil. Il a glissé de plus en plus vers la violence avec le temps. Il avait honte aussi… » précise Olivier Marchal.

« Souvent, ce sont des névroses imbriquées. Il n’y a rien de plus compliqué à défaire. Quand ce ne sont pas des relations équilibrées, cela comble un besoin d’amour presque irrationnel chez chacun », souligne Muriel Robin.

« Tous les gens réunis sur ce projet ont endossé une certaine forme de responsabilité. Il faut que les femmes sachent que si elles vont porter plainte, elles seront encadrées et traitées décemment. C’est notre demande, notre combat », précise le scénariste. Muriel Robin a en outre appelé à une mobilisation le 6 octobre prochain.

Karin Tshidimba, à La Rochelle