Atlanta duo.jpgRappeur, scénariste, acteur : c’est le tiercé gagnant de Donald Glover, alias Childish Gambino lorsqu’il tient le micro.
Son dernier clip « This is America » a franchi le cap des 100 millions de vues en une semaine à peine et a permis à l’Américain d’accéder au club très restreint des artistes à avoir réussi une telle prouesse. Club où il rejoint Adele, Taylor Swift, Miley Cyrus et Psy.

Son autre actualité de la semaine s’inscrit sur grand écran. L’artiste est à l’affiche du nouveau « Star Wars » qui sort ce mercredi, il y campe Lando Calrissian, meilleur ami/ennemi d’Han Solo. L’occasion de sortir définitivement de son (relatif) anonymat. Soit deux bonnes raisons de se (re)pencher sur Atlanta***, sa série en tous points originale.

«Comment s’en sortir lorsqu’on est un jeune Noir sans ressources dans le sud des Etats-Unis ?» est la question centrale posée par cette série, au sous-texte politique mordant, dont les deux saisons (21 épisodes) ont été produites par la chaîne FX.

atlanta.jpgSon personnage, Earn, y est aussi inclassable que lui-même: promis à un avenir brillant grâce à son admission à la Fac de Princeton, Earn l’a quittée pour une obscure raison et s’est improvisé manager de son cousin rappeur Al, alias Paper Boi. Et même si ce boulot commence à produire quelques fruits, Earn est toujours indécis et à la limite de la précarité.

Donald Glover le reconnaît: le but de cette dramédie n’est pas d’illustrer son propos mais de le faire « ressentir » à son public qui, d’une scène à l’autre, oscille entre hilarité, perplexité et émotion.
Atlanta n’est pas une série qu’on regarde distraitement. Le rire y est souvent grinçant voire étranglé par un fond de tristesse ou d’amertume provoquées par un quotidien souvent « mal engagé ».

 

30 Rock, Community: un humour teinté de politique

Formé à l’école de la série, avec Tina Fey, sur l’excellente 30 Rock, Donald Glover a participé à l’expérience Community avant de prendre les rênes de sa propre série dont il est à la fois l’auteur (avec son frère Stephen), le producteur et l’un des acteurs.

Atlanta famille.jpgDans Atlanta, Donald Glover dépeint une vie de débrouille et de magouilles, souvent gagnée par l’ironie et l’absurdité des situations lorsqu’il s’agit de tenter de nouer les deux bouts quand on est un jeune père « à temps partiel » et sans le sou.
Avec tous les dérapages que cela peut susciter: violence, racisme, arrestations, drogue, rivalité… mais aussi la foule de clichés et de préjugés que cela charrie.

La série pose la question fondamentale pour la génération des trentenaires: que faire de sa vie ? Et de façon plus précise: comment trouver sa place quand on est Noir et issu d’une banlieue déshéritée ? Multipliant les constats sur notre époque sujette à la peur, au rejet et aux a priori, la série (dé)montre que même l’argent ne permet pas de s’acheter une respectabilité dans une société pourtant régie par les lois du marketing et par le désir de briller à n’importe quel prix.

Atlanta explore les stéréotypes (subis ou entretenus) attachés à l’univers de la musique et du rap, en particulier et à la communauté afro-américaine, en général. En cela, elle rejoint bien le flow et les images les plus marquantes de son nouveau titre: «This is America».

Dans cette réflexion menée sur deux saisons, on peut voir le « reflet masculin » des constats dressés par une autre créatrice afro-américaine, Issa Rae, dont la série Insecure aborde aussi largement la question du racisme larvé qui ronge les Etats-Unis.

Couronnée par la critique et diffusée sur la chaîne FX, Atlanta a remporté deux Golden Globes en 2017. La saison 2, sortie en mars aux Etats-Unis, est attendue sur Be TV.

Karin Tshidimba