seven seconds affiche.jpgIl a suffi de quelques secondes d’inattention pour que l’inspecteur Peter Jablonski (Beau Knapp) heurte un vélo « sorti de nulle part ».
En découvrant que la victime est un adolescent noir, ses collègues choisissent de faire disparaître les preuves et l’envoient rejoindre sa femme, en route pour l’hôpital.

Dans le secteur sud du New Jersey, les relations entre la police et la population sont loin d’être apaisées et cette affaire pourrait à nouveau « tout embraser ». L’inspecteur DiAngelo (David Lyons) choisit donc d’enterrer la vérité et de faire barrage, de faire bloc « face à l’ennemi », entraînant ses hommes à sa suite.

Dans cette équipe, la solidarité est un devoir sacré et le groupe, qui a défini son propre code moral, n’est pas tendre avec ceux qui veulent y déroger. On pense à The Shield, forcément même si les données du théorème sont un peu différentes. Déclinée en 10 épisodes, Seven seconds*** est dispo sur Netflix depuis vendredi.

seven seconds flics.jpgPour la jeune recrue Jablonski, flic idéaliste et à fleur de peau, la pilule est d’autant plus amère à avaler que la lutte contre les violences policières est une priorité, comme l’a rappelé le maire, et que sa vie est sur le point d’être considérablement bouleversée.

A chacun ses secrets

Composant sa série comme on élabore un mille-feuille, Veena Sud apporte à chaque nouvelle scène une couche de complexité supplémentaire.
Où l’on découvre le passé trouble de certains membres de la famille du jeune Brenton Butler, l’adolescent renversé, et les problèmes d’alcool de KJ Harper (Clare-Hope Ashitey), la jeune substitut du Procureur noire en charge d’instruire l’affaire.

Jablonski est originaire du secteur Est et connaît mal les règles et la vie dans le secteur sud. Il s’est laissé convaincre par DiAngelo (David Lyons) d’intégrer son équipe travaillant dans le secteur des stups, mais le jeune flic le regrette un peu aujourd’hui.

seven seconds mother.jpgOriginaire de Toronto, Veena Sud a vécu dans le New Jersey et trouvait ironique la façon dont la Statue de la Liberté tourne le dos (et montre son postérieur) aux populations très métissées du New Jersey. Elle en fait l’un des ressorts de son intrigue qui épouse tour à tour le point de vue de différents personnages.
De la mère de famille et professeur dévouée (Regina King, photo) – en quête de réponses à toutes les questions qui la taraudent depuis que sa vie a basculé -, à la substitut du Procureur visiblement torturée, en passant par le jeune engagé (Zachary Momoh) rentré fraîchement d’Afghanistan.

Méfiances et tensions exacerbées

Traitant d’importantes questions de fond, Seven seconds n’affiche pas le caractère haletant de The Killing dont Veena Sud a assuré l’adaptation américaine ou la mécanique implacable de l’anthologie American Crime dont Regina King fut l’un des rouages-clés. Mais comme elle, Seven seconds interroge les manquements et les failles de la justice amércaine…  
La série pointe surtout les divisions viscérales et exacerbées entre les communautés qui font que tout événement est analysé à travers ce prisme au risque de créer un effet boule de neige et des conséquences exponentielles à ce qui n’était qu’un banal, mais regrettable, accident, au départ.

Dans Seven seconds, on retrouve aussi la notion d’engrenage et de quotidien torpillé, pour la famille du jeune Brenton Butler, comme ce fut le cas dans The Night of même si la série, en opérant par plongées successives, dévoile par bribes et morceaux les vies de chacun des protagonistes au-delà des évidences et des faux-semblants.

KT