American Crime Story.jpgC’est l’histoire d’un homme que personne ne voulait voir, ou croire, coupable. L’histoire d’un Dieu du stade qui vendait du rêve et s’est retrouvé terrassé par une sordide affaire de violences conjugales et de meurtre – commis avec ou sans préméditation, la question restait à trancher.

Au départ, pourtant, l’histoire d’Orenthal James Simpson et de Nicole Brown avait tout du conte de fée. Celui d’un jeune noir qui, grâce à ses qualités athlétiques et à son mental d’acier, avait gravi tous les échelons jusqu’à devenir l’idole de toute une nation et à épouser une reine de beauté. Au point de pouvoir affirmer le plus sérieusement du monde: «Je ne suis pas noir, je suis OJ» signifiant ainsi qu’il transcendait la ségrégation toujours latente au pays de l’Oncle Sam (dont le début de l’épisode 5 d’American Crime Story*** donne un aperçu amer). Le parcours d’OJ Simpson, en effet, était une source d’inspiration qui a permis à toute une partie de la population noire de s’identifier à sa réussite.

A l’heure où Arte propose un documentaire en 5 parties qui retrace ce moment-clé de l’histoire des Etats-Unis, coup d’oeil sur la série qu’en a tiré Ryan Murphy récemment acquise par Netflix.

American Crime Story 2.jpgSon procès (1994-1995) a ravivé les tensions raciales propres aux Etats-Unis. Elles se sont rejouées avec une acuité d’autant plus tenace qu’elles rappelaient à tous les récentes émeutes de Los Angeles et les démêlés récurrents de la population noire, déshéritée, avec la police de la ville (LAPD).

Le sort réservé à l’idole déchue a focalisé l’attention du grand public et a servi de catalyseur aux haines et aux rancoeurs, mais aussi de baromètre face au racisme larvé, aux inégalités sociales et aux dysfonctionnements du système judiciaire américain.

Dans un contexte de brutalités policières, de corruption au sein du LAPD, l’arrestation d’une icône noire échauffe l’opinion. Un procès-fleuve (270 jours) s’en suivit, retracé dans le livre de Jeffrey Toobin : « The Run of His Life: The People versus O. J. Simpson ». La série imaginée par Ryan Murphy s’en inspire librement à travers une reconstitution en dix épisodes, disponible sur Netflix France depuis le début du mois de juillet.

Justice à deux vitesses, casting de premier plan

Alors qu’Arte diffuse le documentaire d’Ezra Edelman portant sur cette même affaire, il est intéressant de voir la transposition qui en a été faite en fiction avec un casting de premier plan mettant en exergue une problématique qui n’a rien perdu de sa cruelle actualité… American Crime story 3.jpg
L’affaire OJ Simpson démonte les rouages d’une justice à deux vitesses permettant aux plus riches d’instrumentaliser les jurés à leur guise.

Où l’on découvre que ce procès a servi de manifeste pour l’avocat Johnny Cochran (photo du milieu) afin de mettre en évidence les a priori, injustices et humiliations imposées à la population afro-américaine alors que le procès aurait dû se concentrer sur la seule question de la violence conjugale et donc de la culpabilité supposée de la star O.J. Mais une fois encore le storytelling a démontré sa capacité à emporter tout sur son passage. L’ironie voulant qu’OJ Simpson soit sauvé par cette même communauté afro-américaine qu’il avait pris tant de soin à renier.

Cette reconstitution fascinante est portée par des acteurs de premier plan: Cuba Gooding Junior dans le rôle-titre (cf son interview lors de son passage à Séries Mania), John Travolta dans celui de son avocat prêt à toutes les compromissions pour la gloire et les dollars et David Schwimmer qui campe son fidèle ami, Robert Kardashian. Courtney B. Vance est l’avocat Johnny Cochran qui sut si bien mettre en évidence les problèmes raciaux posés par cette enquête tandis que Sarah Paulson (photo ci-dessus) endosse le rôle de la procureure Marcia Clark détestée et moquée par une grande partie du public, Noirs comme Blancs.

Véritable succès pour la chaîne FX (3 à 5 millions de fidèles), cette première affaire a idéalement lancé l’anthologie imaginée par Ryan Murphy qui, à chaque saison, revisite une enquête qui a défrayé la chronique judiciaire aux Etats-Unis.

KT