legion 1.jpgVous qui entrez ici, perdez l’espoir de tout comprendre au premier regard…
Legion*** est le type de série cryptique qui requiert plus que de l’attention: une forte concentration doublée d’un brin d’intuition. Même comme cela, elle se révèle rétive à l’analyse du premier explorateur venu.
Sensorielle, hallucinée, hypnotique, Legion est bien plus qu’une série, c’est un voyage au cœur d’une histoire complexe, se jouant de toutes les connexions possibles de notre cortex et d’une inscription énigmatique dans l’espace et dans le temps.

Le 1er épisode de la saison est tellement riche en sous-texte et espaces parallèles qu’il est difficile de les percevoir au premier coup d’œil et encore plus de le résumer. Legion s’apparente davantage à une expérience à vivre qu’à une histoire à raconter. Heureusement, les épisodes suivants permettent de décrypter cette suite de visions et d’informations et de se frayer un chemin dans cette jungle narrative.

Nouvelle série de l’univers Marvel, déclinée des X-Men, Legion s’ouvre sur cette interrogation: David Haller est-il un dangereux schizophrène ou un télépathe surpuissant possédant des talents de télékinésiste, à savoir qu’il peut agir sur la matière par sa seule force mentale ?

La question se pose dès ce vendredi à 20h30 sur Be Séries

Conte de la folie ordinaire

legion 2.jpgUne équipe secrète, venue de Summerland, penche pour la 2e option et est venue libérer David de l’hôpital où il avait été placé depuis quelques années. Dirigée par l’énigmatique Melanie (Jean Smart), celle-ci lui offre de se « débarrasser des brumes du passé » et de se réconcilier avec sa mémoire peuplée de songes effrayants, afin de pouvoir dompter ses nouveaux dons.

Sans pousser aussi loin le curseur, Noah Hawley, son créateur, propose une narration qui mobilise nos sens et nous retourne quasiment le cerveau, nous donnant l’impression d’être en plein « trip ». Connu pour son adaptation en série du Fargo des frères Coen, Hawley choisit de raconter l’histoire selon le point de vue de David, comme si nous étions installés dans un coin du cortex de ce super-héros tentant de découvrir et de canaliser ses super pouvoirs.

Romance et douceur

Dan Stevens, acteur vu dans Downton Abbey livre une prestation impressionnante, alternant les crises sensorielles et les moments d’accalmie et de douceur. Pour traduire ces changements d’humeurs et de sensations, Hawley joue à la fois sur la couleur et sur le son (formidable musique de Jeff Russo), en nous immergeant dans un bain de sensations extrêmes : transferts, télépathie, hypnose, suggestions…

legion 3.jpgAu milieu de ces données étranges qui flirtent avec les limites de l’esprit, il est en est une plus familière: la distance que doivent observer David et Syd (Rachel Keller) pour s’aimer… Le duo a recours à une suite de subterfuges qui ravivent le souvenir de la relation contrariée entre les deux héros de la série Pushing daisies

La comparaison s’arrête là car ces deux êtres « mutants » sont poursuivis par une obscure division gouvernementale chargée de réduire à néant ceux dont ils ne parviennent pas à contenir les pouvoirs. Raison pour laquelle Syd Barrett tente de protéger David, doué d’un potentiel sans égal, mais que son esprit confus ne parvient pas encore à dominer.

Un récit en forme de rodéo

Suivant les méandres de son esprit désorienté et son lent apprentissage, le téléspectateur est embarqué dans sa nef remontant lentement aux sources de son histoire personnelle. Un voyage intérieur qui se joue des limites de l’espace et du temps et semble inventer sans cesse sa propre chronologie.
Le résultat est d’autant plus bluffant que la mise en scène adopte cette allure de tectonique et cette rythmique dignes d’un rodéo.

La plus belle réussite de cette entreprise époustouflante, lancée par la chaîne FX en février, est de parvenir à instiller de l’humour et de la romance dans cette nef de fous à l’esthétique pop, psychédélique et rétro.

KT