la treve series mania.jpgL’année 2016 restera sans doute à jamais marquée dans les annales de la création audiovisuelle belge. Après avoir obtenu un formidable succès d’audience (du 21 février au 20 mars) sur les antennes de la RTBF, et avoir été vendue à France2, la TSR (Télévision suisse) et la VRT – une première dans l’histoire des séries belges ! – La Trêve vient d’être sacrée meilleure série francophone lors de la 7e édition du Festival Séries Mania, à Paris (photo Nathalie Prébende).

Et ce n’est pas tout. Tout aussi talentueuse, l’équipe d’Ennemi Public, non contente d’avoir raflé le prix coup de coeur du jury des MipDrama Awards le 3 avril dernier, voit le talent de son acteur principal Angelo Bison (photo du milieu), récompensé à juste titre. Dans le rôle de Guy Béranger, meurtrier récemment libéré et accepté dans une communauté de moines du côté de Vielsart, petit village ardennais, l’acteur livre une prestation d’une implacable vérité. A découvrir dès dimanche prochain sur La Une.

Quant à la série flamande Beau Séjour (photo du bas) attendue à la rentrée à la VRT et déjà achetée par Arte, elle a reçu le prix du public ex aequo.

Avec deux séries récompensées, la RTBF et la Fédération Wallonie Bruxelles voient tous leurs efforts de mise en place et de développement d’un véritable vivier de séries 100 % belges (francophones) récompensés. Désormais, il ne sera plus dit ou écrit que la Belgique n’est pas une terre de séries. Car les quelques succès antérieurs (A tort ou à raison, Melting Pot café) peinaient clairement à dépasser nos frontières (linguistiques). De là à ce que les séries suivent l’exemple du cinéma belge, il n’y a qu’un pas que beaucoup voudraient voir bientôt franchi.

La qualité du « Belgian Noir » selon Variety

ennemi public béranger.jpgLa présence de trois séries belges, dans la sélection finale soumise aux votes des différents jurys, était déjà un indice fort de la bonne santé et de la qualité des productions du plat pays. Preuve indubitable de cet engouement, le public venu en nombre à chaque séance et débattant avec passion des trois séries proposées : Ennemi Public et La Trêve, présentées au sein de la compétition francophone, et Beau Séjour (VRT) au sein de la compétition internationale.

Un élan d’ailleurs souligné par le magazine américain « Variety » qui a consacré un article à cet envol du « Belgian Noir », comme il l’a qualifié. Une référence flatteuse lorsque l’on sait l’engouement mondial suscité il y a quelques années par la découverte du Nordic Noir, portant très haut la flamme des séries scandinaves.

Malgré des budgets et des temps de tournage étriqués, tant La Trêve qu’Ennemi Public ou Beau Séjour soutenaient aisément la comparaison avec d’autres séries en lice à Paris, charriant le même parfum de polar. Que ce soit dans Au-delà des mursCleverman, Jour polaire, The Kettering Incident ou Thirteen : la veine noire a littéralement irrigué le coeur de Séries Mania cette année.

Les forêts, lieu de tous les tourments

beau séjour vrt.jpgDurant dix jours, les claques scénaristiques n’ont pas manqué avec des histoires d’enfants disparus, enlevés et parfois même retrouvés sans que pour autant leurs traumatismes ne soient effacés. Des meurtriers surgissant du passé ou des victimes réapparaissant de façon inexpliquée, des guerres de clans…
Cette 7e édition a plus que jamais démontré que, du Canada à la Tasmanie en passant par l’Australie, de la Belgique à l’Argentine en passant par Israël, d’Ouest en Est et du Nord au Sud, partout sur le globe, les mêmes peurs sont chevillées au coeur des êtres humains.

Les particularités de la série étant celles d’un récit qui s’inscrit dans la durée, c’est au trajet émotionnel vécu par ses personnages qu’elle s’intéresse avant tout. En refusant de n’envisager que l’élément déclencheur de ces émotions, mais en interrogeant aussi les conditions de leur émergence, la série permet à chacun de se positionner par rapport à une situation inédite et forte.

Véritable clin d’oeil aux histoires belges, les forêts ont joué un rôle majeur dans cette 7e édition: The Kettering Incident de Victoria Madden et Vincent Sheehan, The Five d’Harlan Coben et même Au-delà des murs d’Hervé Hadmar et Marc Herpoux (avec la formidable actrice flamande Veerle Baetens) ont offert une belle résonance aux tourments constatés en Belgique.

Avec 38 000 spectateurs et 1391 professionnels présents, le festival parisien a doublé sa fréquentation par rapport à l’an dernier. Preuve que les séries ont toujours plus d’amateurs.

KT, à Paris

Voici le palmarès complet

Grand prix Séries Mania :
« El Marginal” de Sebastián Ortega, série argentine bluffante qui se déroule dans l’enceinte d’une prison aux allures de cour des miracles (TV Pública).


Prix Spécial du jury
(présidé par David Chase) :
“The Kettering Incident” de Victoria Madden et Vincent Sheehan, formidable série australienne au parfum fantastique diffusée sur Foxtel


Prix du public
 :
Deux séries ex æquo : “Beau Séjour” de Nathalie Basteyns, Kaat Beels, Sanne Nuyens et Bert Van Dael (VRT) et “Jour polaire” de Mans Marlind et Björn Stein, série franco-suédoise (SVT) attendue sur Canal+.


Meilleure série francophone
(prix de la presse internationale) :
La Trêve”, série RTBF de Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck, qui sera diffusée l’automne prochain sur France 2, mais aussi sur la VRT et la TSR (en Suisse)


Meilleure interprétation masculine
 :
Angelo Bison dans la série RTBF “Ennemi public”, créée par Antoine Bours, Gilles de Voghel, Matthieu Frances et Christopher Yates. Sa diffusion démarre le dimanche 1er mai sur La Une à 20h50


Meilleure interprétation féminine
 :
Laurence Lebœuf dans la série canadienne “Marche à l’ombre”, créée par Ian Lauzon et Ludovic Huot (Super Ecran)


Meilleure série
(prix de l’Associtaion française des critiques de séries) :
Mr. Robot” de Sam Esmail, série diffusée sur USA Network, attendue prochainement sur France 2


Meilleure série
(prix des blogueurs) :
“NSU German History X” créée par Gabriela Sperl, série actuellement diffusée en Allemagne par ARD.


Meilleure websérie
 :
« Dating Dali” d’Alonso Laporta et Gon Alonso (Espagne)