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no offence.jpgLes Britanniques ont le chic pour mettre nos nerfs et nos zygomatiques à rude épreuve. Paul Abbott le prouve encore avec No Offence**, création on ne peut plus originale qui dynamite les limites du bon goût et de la bienséance.
Avec Hit & Miss ou Shameless, le scénariste-producteur nous avait habitués à faire peu de cas des convenances. Avec “No Offence”, il poursuit sur sa lancée en plongeant au cœur d’un commissariat où les inspecteurs ne manquent pas d’aspérités. Quant aux affaires traitées, elles n’épargnent personne… Mais les vrais stars de Manchester sont le trio d’inspectrices mises en scène avec un humour résolument trash. Vous voilà prévenus.

Le commandant Vivienne Deering (Joanna Scanlan, à gauche sur la photo) est une matronne, le genre de femme face à laquelle on ne la ramène pas trop. Entre franc parler et caractère bien trempé, elle ménage pourtant une place de choix à l’écoute et à la discussion. Les hommes et les femmes de son commissariat savent qu’elle se battra pour eux quoi qu’il advienne. Si bien que lorsque démarre l’affaire Cathy Calvert, la disparition inquiétante d’une jeune trisomique, elle parvient à tous les mobiliser malgré les heures supplémentaires et les obstacles qui s’accumulent.

no offence duo.jpgParvenir à raconter une histoire de disparition tournant autour de jeunes handicapés sans pathos, ni mièvrerie, la proposition peut sembler culottée. D’autant que No Offence** ne dédaigne ni l’humour vachard, ni les situations borderline. Mais ce genre de défi n’est pas de ceux qui font reculer Paul Abbott, bien au contraire.

L’ambiance dans ce commissariat de Manchester est particulière avec ses blagues décomplexées, sa désorganisation apparente et ses réunions de crise dans les toilettes des filles. Le commandant Deering est aussi rentre-dedans qu’intransigeante. Et lorsque deux de ses jeunes inspectrices postulent pour le poste de capitaine, elle est fière de ses « girls » qui « font la nique » à tous les « blaireaux en cravate ». Pourtant, au moment de choisir, elle décidera, sans sourciller, de disqualifier l’un de ses meilleurs éléments (Elaine Cassidy, à droite sur la photo) en raison de son comportement. Doué(e) ou pas, on ne badine pas avec la Loi.

Inscrite dans les pas des hommes et femmes en bleu, l’enquête court sur huit épisodes, soit toute la saison, sans pour autant négliger les affaires courantes (incendie criminel, agressions, trafics, etc.). Une progression improbable, parfois crue, souvent chaotique et drôle qui porte la marque de fabrique de Paul Abbott (Shameless, Hit & Miss) et dont l’ambition est parfaitement annoncée par son titre No Offence.

Restent deux écueils majeurs à cette découverte proposée par France 2 : la diffusion en VF qui gâche une bonne partie de la saveur de cette série – No Offence brille surtout par la qualité de ses dialogues – et la décision de diffuser la série en marathon : 4 épisodes à la suite.

KT

nb: la série a bien tenu le choc puisqu’elle a attiré 5,4 millions de curieux pour son premier épisode (sur les 4 proposés ce lundi soir) et enregistré 20,4% de PDM. (La moyenne d’audience sur les 3 premiers se chiffre à 4,6 millions soit 19,3 % de PDM). Dommage que les fans n’auront que deux soirées pour profiter de cet univers loufoque et décomplexé made in Manchester…