les revenants S2.jpgL’aura mystérieuse qui nimbait la première saison de la série de Canal+ nous avait séduits. Cette “presque normalité” de personnages perdus entre la vie et la mort, errant dans un paysage montagneux poétique et grandiose, avait quelque chose d’étrange et, en même temps, d’apaisé.

Les Revenants**, série inscrite aux frontières du fantastique, jouant avant tout sur le mystère et les sentiments, plutôt que sur le démonstratif ou le sanglant, avait touché un public bien plus large que celui habitué à fréquenter les rives du surnaturel. Or la saison 2, plus âpre, qui démarre ce lundi à 21h sur Be TV, donne le sentiment de s’enfoncer toujours plus dans le brouillard.

Trois ans, assurément, c’était trop long et l’on se perd entre les nouveaux arrivants et les revenants qui ont déménagé dans une autre partie de la vallée. Au lieu de s’éclaircir, l’intrigue semble devenir plus complexe et plus étrangement ramifiée encore…

les revenants 21.jpgJolie parabole sur le manque et l’absence, Les revenants ont davantage misé dans leur deuxième tome sur le sentiment d’étrangeté et de mélancolie. En multipliant les retours et en ajoutant une nouvelle vague de personnages sans véritablement permettre de s’y attacher, Fabrice Gobert sème le trouble dans l’esprit de ses téléspectateurs. Le ton a donc changé et cela pourrait ne pas plaire à tout le monde.

Dans ce 2e volet plus sombre, moins éthéré, un nouveau venu, l’énigmatique Berg (Laurent Lucas, à droite), nous sert de guide. Cet ingénieur cherche à comprendre ce qui s’est passé dans le village notamment lors de la rupture du barrage. Ajouter à cela une horde de militaires et de scientifiques envoyés sur place pour tenter de déjouer et de comprendre les phénomènes en cours et vous obtenez un labyrinthe dans lequel il faut bien avouer que l’on se perd un peu.

Le charme est en partie rompu et la lenteur, plutôt que de fournir un indice de notre fascination, introduit parfois les prémisses de l’ennui. Reste la révélation ou la confirmation de formidables talents de comédiens: Céline Sallette (Julie), Swann Nambotin (Victor), Clothide Hesme (Adèle) et Guillaume Gouix (Serge).

Une déception, trois raisons

les revenants 23.jpgDiffusé en septembre en France, le retour des Revenants a déçu son premier public, pourtant fervent. Il y a à cela plusieurs raisons.

D’une part, il y a le temps trop long qui fait que, même curieux, le public est en partie passé à autre choses et que les fils de la relation établie en 2012 se sont largement distendus en trois ans.

Bombardé de nouvelles propositions sans cesse plus intrigantes, l’amateur est de plus en plus sollicité et mis à part pour les séries vintage comme X-Files ou Twin Peaks, attendues respectivement en 2016 et 2017, il a facilement l’impression qu’on essaie de lui refiler un produit culturel défraîchi.

D’autre part, il y a les attentes trop importantes. On connaît tous cette sensation de déception qui peut vous saisir lorsque vous découvrez enfin un livre, un film ou un lieu dont vous avez beaucoup entendu parler. Précédée d’un fameux battage médiatique, amplifié par le succès que la série a connu sur la cène internationale (un Emmy Award, vente dans 70 pays, adaptation aux Etats-Unis), la saison 2 ne peut être à la hauteur de tous les espoirs et forcément déçoit.

Enfin, le reproche peut étonner, face à tant de séries ineptes, mais le concept de cette saison semble trop travaillé. Ce qui plaisait dans la première saison, c’est cette impression d’étrangeté et cette brume qui nimbait la vallée autant que le scénario de Fabrice Gobert. Cette impression de ne pas bien savoir où on était. De flotter entre deux eaux. Une fois le concept révélé et l’affrontement évité de justesse (à la fin de la saison 1), finalement il aurait sans doute fallu ne toucher à rien et laisser les revenants et leurs proches s’enfoncer dans la brume. En voulant à tout prix prolonger le récit, en l’étoffant et le complexifiant davantage, Canal+ et Haut et Court ont perdu une partie de leur public en route. Seul ou presque face au défi de la saison 2, Fabrice Gobert, à la fois auteur et réalisateur, a peiné à retrouver le bon angle d’attaque, la bonne distance (une ellipse de six mois, est-ce crédible ?) pour aborder la suite de son récit. Il ne s’en cache pas.

C’est aussi ce qui ressort des résultats d’audiences enregistrés par Canal en septembre dernier: passées de 610 000 à 400 000 fans en fin de saison 2, contre 1,4 million en fin de saison 1. La Belgique résistera-t-elle, à son tour, ou sera-t-elle séduite par le come-back des Revenants ? Suspense.

KT