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american crime S1.jpeg« Mon ambition initiale était de réunir, dès le pilote, un hispanique, un Noir, un Blanc, un musulman, un chrétien, un catholique, tous ces éléments très représentatifs du monde dans lequel nous vivons, mais que nous voyons peu à la télévision », a expliqué John Ridley, créateur de la série American Crime***. Les gens aiment parler de la diversité, une idée née dans les années 70, qui est devenue une réalité aujourd’hui. Je devais m’assurer que mes scénaristes allaient bien retranscrire cette réalité. »

Aux Etats-Unis, peut-être plus qu’ailleurs, cette cohabitation harmonieuse entre les différentes communautés, bien qu’inscrite dans l’ADN de la nation depuis les origines, reste problématique. Comme l’ont encore récemment démontré les événements de Ferguson.
En quelques semaines, HBO en a fait la démonstration à travers deux de ses plus récentes séries: Show me a hero et American Crime dont Be TV entame la diffusion ce lundi à 21h.

Suivant l’intrigue de Show me a Hero, on voit à quel point la méfiance et l’agressivité envers « l’étranger » qui prévalait dans les années 80 (au moment où sont généralisées les habitations sociales), reste de mise plus de 35 ans plus tard.
Un meurtre, des accusés marginaux et un procès sur fond de tensions raciales: on retrouve dans American Crime ces a priori et ces vieux réflexes que l’on croyait à jamais révolus.

american crime 4.jpgTout commence par un coup de fil dans la nuit. Une voix inconnue annonce à un homme la probable mort de son fils, Matt, lors d’un cambriolage. L’officier le prie instamment de venir sur place afin de reconnaître le corps. Russ Skokie (Timothy Hutton) apprend dans le même temps que sa belle-fille, Gwen, agressée par les voleurs, est dans un état critique. Folle de douleur, la mère de Matt n’a de cesse que les coupables soient arrêtés.

Immigration, tensions raciales, inégalités face à la Justice, addictions, drogue, prostitution… Tous les maux de l’Amérique contemporaine sont abordés frontalement. American Crime regarde bien en face le racisme ordinaire de ses concitoyens. C’est la force de cette série sinueuse et complexe qui va bien au-delà de la « simple » enquête de police. Un récit d’autant plus prenant que le rôle principal est confié à une comédienne d’exception : Felicity Huffman (Desperate Housewives).

A l’écran, Barbara transpire littéralement la haine, froide, intangible, contagieuse. Rien ne peut lui ôter de l’esprit que les assassins de son fils, des « illégaux » et des « marginaux » certainement, doivent être châtiés, sans délai. Afin que justice soit rendue à son « bébé » qui, lui, était parti se battre jusqu’en Irak pour défendre « son pays ».

american crime 5.jpgCréateur et producteur de cette série en 11 épisodes, John Ridley (oscarisé pour 12 Years a Slave) a réuni un casting à la hauteur de son intrigue qui mêle les déficiences du système judiciaire, les gangs tout puissants et les paumés Blancs, ainsi que les ombres menaçantes des partisans de la peine de mort et des croyants trop fervents.

Au cœur d’un écheveau plutôt dense et de la lourdeur d’un procès, Ridley montre que les protagonistes de ce drame, ce banal mais sordide fait divers, ont un passé plutôt chargé. En révélant au grand jour les vilains secrets ou dérapages que chaque personnage cache, il invite le téléspectateur à réviser ses jugements trop hâtifs et souvent réducteurs.

Karin Tshidimba

nb: Nominée à trois reprises pour les prochains Emmy Awards (meilleure mini-série, meilleure actrice pour Felicity Huffman et meilleur acteur pour Timothy Hutton), American Crime prépare sa saison 2 qui abordera une tout autre thématique.

nb2: le trailer était déjà dispo ici