Visite dans les coulisses de La Trêve, nouveau polar 100 % belge en tournage jusqu’à la fin juillet près de Bastogne.
A mesure que serpente la route qui mène vers l’ancienne clinique de Sainte-Ode, la forêt se fait plus présente, imposante. Mais le ressenti varie fortement selon que le ciel se voile au-dessus des cimes ou que le soleil enveloppe les troncs élancés. Le jeu des ombres prend alors un tout autre relief.
Au bout de la route, le grand bâtiment blanc, partiellement décrépit et inoccupé, s’étale. Le parking vide rappelle qu’ici on n’accueille plus de malades depuis que le regroupement régional a donné la priorité à l’hôpital de Libramont. Le sas, à peine franchi, un incroyable amoncellement de bibelots et de mobilier, entreposé dans l’attente d’une future scène à habiller, fait croire à l’installation d’une brocante éphémère. Durant trois mois, la clinique est transformée en studio géant, accueillant une dizaine de décors majeurs de la future série La Trêve, développée grâce au Fonds alimenté par la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Du rez-de-chaussé au troisième étage, au fil des espaces réinvestis, on découvre le commissariat, l’hôpital, la morgue, le bureau du Proviseur, un studio radio, le centre de planning familial, etc. Une concentration de lieux qui va permettre à l’équipe de gagner un temps précieux. Avec un budget serré, il importe de faire preuve de créativité et de réflexion en amont.
« Tout est parti du pont d’Herbeumont qui plaisait beaucoup aux auteurs pour une scène cruciale. On a donc concentré nos recherches dans la région. On rêvait de trouver un endroit suffisamment grand pour accueillir plusieurs décors et on nous a parlé de Sainte-Ode. On est venu en janvier pour faire des repérages des espaces à aménager. On a été conquis. Une partie du tournage aura aussi lieu à Bruxelles et en Brabant wallon, pour quelques intérieurs, à la mi-juin. Et nous reviendrons en juillet pour la fin de tournage », explique François Dubois, le directeur de production.
« Nous avons fait pas mal de recherches en amont avec le chef opérateur pour simplifier au maximum tout le côté technique afin d’être efficaces et rapides et se concentrer sur le jeu » explique Benjamin d’Aoust, l’un des trois coauteurs.
« Pour tenir le rythme, on avait prévu de ne faire que deux prises par scène et là, on peut en faire beaucoup plus parce que tout le côté technique, éclairage, etc, a été allégé. Il y a dans l’équipe et le casting 80 % de personnes avec lesquelles on avait déjà travaillé. Le fait d’avoir déjà réalisé un premier long métrage, cela aide parce que le rythme était forcément soutenu. Et le fait de penser à des acteurs précis au moment de l’écriture, cela facilite aussi le jeu » précise Matthieu Donck, auteur et “showrunner” désigné.
« On leur a présenté notre projet comme une série à la danoise ou à l’américaine, ça les a motivés. Notre volonté est de faire du cinéma à la télévision, c’est la promesse que nous leur avons faite. C’est un défi à relever, même si aux Etats-Unis et en Flandre, cela existe déjà depuis longtemps. »
Pour mettre toutes les chances de son côté, le trio a fait appel à un «script doctor», Guy Goossens, rompu à l’exercice en Flandre. Il leur a donné de précieux conseils d’organisation, de structure et de rythme des épisodes. « Les membres du jury nous ont dit que l’histoire leur faisait penser à Broadchurch par son côté drame très sombre qui se déroule dans un contexte lumineux. On ne va pas pas citer cette référence car elle est pesante », souligne Matthieu Donck. « Et puis, on veut surtout faire notre propre série. D’autant que La Trêve est loin de Broadchurch sur plein de plans », insiste Stéphane Bergmans, le troisième larron. Comme le prouve la bande annonce que l’on peut découvrir ici.
Les dix épisodes de cette coproduction Helicotronc sont attendus à l’automne sur la RTBF.
KT
nb: photo 1, Matthieu Donck, coauteur et showrunner de La Trêve
photo 2, Guillaume Kerbusch et Yoann Blanc, le duo d’inspecteurs chargé de l’enquête inscrite au coeur de La Trêve.
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