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spotless 2.jpegOn les a vus arriver de loin avec leur combinaison de «techniciens» du crime, façon Experts, Dexter ou Breaking Bad.
Ils sont deux. Deux frères que tout semble séparer. L’un, belle gueule et physique ombrageux de jeune cadre, est installé dans une existence confortable: jolie femme, deux enfants et un boulot qui lui procure une certaine satisfaction. L’autre, moins net, plus expansif et rondouillard, semble fuir les ennuis qu’il a lui-même provoqués.

En débarquant dans la vie londonienne en apparence tranquille de son cadet, Martin (Denis Menochet) va en bouleverser radicalement l’équilibre, l’entraînant dans de sombres magouilles dont Jean aurait préféré tout ignorer.
Une méprise constatée lundi soir sur Canal+, dans le 1er épisode de Spotless** visible sur le site de la chaîne jusqu’au 23 mars.

Jean (Marc-André Grondin), qui se maintenait jusque là à la frontière de la légalité, va subitement basculer du côté obscur de la force lorsque son frangin va lui demander de l’aider à récupérer les petits paquets de drogue que transportait sa «mule» récemment décédée. Fatale erreur. Car si Jean est familier des scènes de crime ou de suicide, que son métier de nettoyeur hors pair lui fait fréquenter, il n’est en rien représentatif de l’univers scientifique que son aîné imagine «façon Experts Manhattan» (sic).

Décidément peu inspiré et peu soucieux des détails, Martin organise l’échange de la «marchandise» avec différents dealers sur les lieux mêmes de «l’autopsie» de la mule. Il n’en faut pas plus pour que la situation vire à l’aigre et que l’un des groupes contactés décide d’éradiquer, séance tenante, toute concurrence.

spotless 3.jpg«Pour sauver sa peau, Jean leur propose de l’engager afin d’éliminer toute trace du crime qu’ils viennent de commettre. Impressionnés par le résultat, ils parlent de mon travail à leur boss, un caïd du milieu, et je me retrouve forcé d’accepter d’autres chantiers du même type… Jean n’a pas beaucoup d’argent, il vit un peu au-dessus de ses moyens et c’est comme cela qu’il va tomber dans cet engrenage» nous expliquait Marc-André Grondin en octobre dernier lors de la présentation de la série dans le cadre du Mip cannois.

Truffée de références connues et de clins d’oeil appuyés à des séries réputées – jusque dans son générique qui mêle allègrement l’influence de True Blood, de True Detective et de Dexter -, Spotless connaît un démarrage plutôt pépère. Et on se demande d’abord, si ce n’est pas lié à ses origines mixtes, mariant création française et tournage londonien. Il flotte sur tout ceci un petit parfum potache qui hésite entre nonsense british et gags maladroits façon Pierre Richard.

Des ressorts scénaristiques connus, donc, en partie compensés par des personnalités complexes. On comprend en effet très vite que malgré des différences fondamentales, leur histoire familiale tragique dans leur Vendée natale est le ciment ultime entre les frères Bastière.

Ainsi Jean est visiblement hanté par son passé et son choix de carrière professionnelle n’est nullement le fruit du hasard, comme permet de le découvrir l’étrange relation qu’il a nouée avec sa maîtresse. Tandis que Martin ne supporte pas qu’on s’en prenne à son petit frère.

Côté truands aussi, l’étude psychologique se révèle instructive avec une bande de malfrats cinéphiles emmenés par un patron philosophe: le dénommé Nelson Clay incarné par Brendan Coyle (le fidèle Bates de Downton Abbey). Reste à voir où tout cela va nous mener.

Ces «influences» diverses ne sont pas étonnantes vu le pedigree des créateurs: Corinne Marrinan (Les Experts) et Ed McCardie (Shameless) soutenus par Tandem Communications. Ce nouveau projet produit et tourné en anglais (et ensuite doublé en français par les comédiens eux-mêmes) est destiné à affirmer le parcours international de Canal+. Comme l’ont fait The Tunnel ou Carlos avant lui.

Cette première saison compte 10 épisodes, à prolonger en cas de succès.
KT

Une première bande-annonce était déjà dispo ici