Un ours polaire menaçant, dressé sur ses pattes arrières, un blizzard impressionnant et la neige maculée de sang, le tout sur fond de roches et d’icebergs à perte de vue.
La scène d’ouverture de Fortitude**,la nouvelle série lancée jeudi soir par Sky Atlantic, sonne comme un appel au wild wild Pole. Un paysage perdu dans lequel un homme erre seul, armé d’une carabine: le vénérable et toujours bien charpenté Michael Gambon (aka le professeur Dumbledore de la saga Harry Potter).
Dévoilant les très lointaines lumières de la ville, la série rappelle d’abord que l’Arctique n’est pas qu’un site de toute beauté, un décor idéal pour publicité virginale mais un lieu de (sur)vie particulièrement hostile à l’homme.
Si l’arène gelée est un décor à couper le souffle, voulu et recherché par le créateur Simon Donald (Wallander, Low Winter Sun), il faut bien plus qu’un paysage enneigé, baigné des lueurs changeantes de l’aurore boréale, pour expliquer l’attrait exercé par Fortitude, la ville la plus septentrionale du monde.
Dans cette cité que l’on jurerait parfaitement protégée et même presque imperméable aux soubresauts du monde, la violence fait soudain irruption devant les yeux de la population médusée. Persuadée jusqu’alors que la police fait avant tout partie du folklore local, consistant à rappeler les consignes de sécurité à tous ceux qui souhaiteraient s’éloigner de la ville.
Avec un ratio de 3000 ours polaires pour 2000 habitants, il convient en effet de se promener armé. Une réalité qu’on a tendance à oublier lorsqu’on rêve de l’Arctique. Mais une réalité particulièrement dérangeante aux yeux d’Hildur Odegard (Sofie Grabol vue dans The Killing) qui rêve de faire de cette destination le point d’attraction d’un nouveau tourisme d’exception, symbole de calme et d’immensité inviolée. Au vu des derniers événements, l’image de Fortitude apparaît brutalement écornée.
Des contours d’intrigue relativement flous et polymorphes*, une nature hostile, une mort violente, une découverte scientifique étonnante et un environnement en pleine mutation: en quelques minutes, les éléments s’accumulent, en ordre dispersé, face au téléspectateur interloqué. Le puzzle arctique peut désormais commencer.
Heureusement, le public peut compter sur un casting trois étoiles pour le guider dans ce dédale glacé: Christopher Eccleston (ex-Doctor Who, il incarne le scientifique britannique menacé), Stanley Tucci (l’agent britannique envoyé pour élucider le meurtre), Richard Dormer (le policier local scandalisé que son territoire soit envahi), Jessica Raine (la mère traumatisée)…
Autant de profils contrastés qui permettent d’asseoir les bases d’un solide récit.
Reste au mystère central à se montrer à la hauteur de nos attentes légitimes. La série sera composée de 12 épisodes.
KT
* à la fois enquête policière et thriller psychologique, saupoudré d’une pincée de polar environnemental et de quête scientifique
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