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happy valley.jpgLe palmarès du Fipa 2015, révélé ce samedi soir, prouve cette année plus que jamais que le quotidien est le meilleur fournisseur officiel de héros. C’est bien sûr vrai dans les catégories documentaires et grands reportages mais ça l’est plus encore dans les catégories fictions et séries. La preuve par la britannique Happy Valley et la belge Marsman.

Le quotidien de Catherine Cawood (Sarah Lancashire) n’a rien d’extraordinaire. La quarantaine volontaire, elle est flic dans le commissariat d’une petite ville du Yorkshire. Entre troubles du voisinage et querelles d’amants défoncés, il n’y a là rien de très sexy ou de bien compliqué à gérer pour une femme de sa trempe. Même si en dehors de son boulot, elle doit aussi s’occuper de son petits-fils de huit ans, Ryan, depuis la mort de sa fille. Les choses vont pourtant singulièrement se corser lorsque le responsable de la mort de sa fille va sortir de prison et qu’une tentative d’enlèvement va lui être signalée. Car le «témoin» en question n’est autre que le commanditaire des faits, confus et totalement dépassé par les événements et par les «partenaires» qu’il s’est choisis.

Ce qui séduit dans cette série, c’est le mélange de burlesque et d’enquête, la façon dont ce plan relativement improvisé fait irruption dans la vie d’un pauvre homme jusque là totalement inoffensif (Steve Pemberton vu dans Whitechapel) mais rongé, au départ, par la colère et la jalousie qu’il éprouve vis-à-vis de son patron. De quoi démontrer que la vie est loin de se dérouler dans une Happy valley. D’après le titre de cette série produite par la BBC qui s’arroge donc le Fipa d’or de la catégorie. Un bel encouragement pour Sally Wainwright, sa créatrice, alors que la saison 2 est attendue cette année.

On retrouve ce schéma d’un quotidien qui bascule et s’embourbe dans la formidable série belge Marsman produite pour la VRT par Sultan Sushi. Le même jour, Nico Marsman perd en effet son boulot et apprend que sa femme le quitte. Une situation d’autant plus délicate à gérer qu’il doit aussi prendre soin de son jeune frère autiste depuis le décès de leur mère, intervenu un peu plus de deux mois auparavant.

Présenté comme cela, on pourrait croire à une tragédie ou à une série dépressive, mais il n’en est rien et la tendresse, l’ironie et le burlesque qui se dégagent de cette fiction découlent en grande partie de l’énorme affection que Mathias Sercu, son créateur, éprouve pour tous ses personnages.
marsman.jpgUne véritable réussite pour le comédien qui signe ici son tout premier scénario. Marsman revient donc de Biarritz bardée de deux prix. Le prix Mitrani qui souligne la qualité d’une première oeuvre et le prix de la meilleure interprétation masculine attribué à Jurgen Delnaet (à droite sur la photo) qui incarne Nico Marsman. Si l’acteur brille effectivement par son interprétation pleine de justesse, le reste du casting est à la hauteur de l’enjeu.

Déterminés à le sortir de ce mauvais pas, ses trois potes inséparables (dont l’un est d’ailleurs interprété par Mathias Sercu) vont tout mettre en oeuvre pour le remettre sur les rails. Et ce, même si leurs plans foireux, leurs petites embrouilles ou leur manque d’argent devraient les encourager à davantage de prudence et de modération.

Le Fipa d’or de la meilleure interprétation féminine vient saluer le travail de Marie Dompnier dans la série Les témoins signée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux. Egalement portée par Thierry Lhermitte, elle a déjà été diffusée sur la RTBF (cf. note précédente) et est attendue prochainement sur France 2.

Le Fipa d’or du meilleur scénario est accordé à Shelley Birse, créatrice de la série australienne The Code. Intrigante et très réussie, cette fiction qui mêle recherche scientifique proscrite et meurtre est attendue en février sur Arte. Nous allons donc forcément très vite en reparler. D’autant que la série repose sur un duo de frangins un peu cabossés.

Enfin, le Fipa d’or de la meilleure musique originale est attribué à Kristian Selin Eidnes Andersen pour son travail sur la série norvégienne Kampen om Tungtvannet (The heavy water war ou La bataille de l’eau lourde en VF) signée par Peter Olav Sorensen. Six épisodes qui décrivent la résistance norvégienne à la volonté allemande de développer l’arme nucléaire durant la Seconde guerre mondiale.
KT, à Biarritz

mise à jour (12/05): L’excellente Happy valley a reçu le Bafta Award 2015 de la meilleure série dramatique. Reste à espérer qu’elle sera prochainement diffusée en Belgique.