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hatufim S2.jpgSi The Honourable woman examine la question du processus de paix israélo-palestinien sous toutes les coutures (cf. note précédente), Hatufim*** met le doigt au plus profond de la plaie. Celle, bien vivace, qui concerne 1500 prisonniers de guerre, aujourd’hui encore en Israël. Un problème aigu, pourtant enfoui sous de nombreux tabous.

Dès la 1e saison de ce thriller intimiste à l’ampleur nationale, Gideon Raff, son créateur et inspirateur de la série Homeland, insistait sur la nécessité de combattre la notion vaine du «happy end». Il souhaitait mettre en lumière une réalité taboue en Israël :« la façon dont sont traités les prisonniers de guerre quand ils rentrent de captivité et le stress post-traumatique dont ils souffrent. Revenir est parfois plus dur que d’être emprisonné” soulignait-il à contre-courant.

En découvrant le vécu de Nimrod et d’Uri, libérés après 17 années passées dans des geôles sordides, on ne pouvait guère en douter. Et les 10 épisodes de la saison 1 permettaient de mesurer le fossé qui s’était creusé entre eux et leurs «proches» au fil des tortures et des privations.

La saison 2 propose d’observer l’autre versant de cette réalité. Parmi les centaines de prisonniers échangés contre la libération de Nimrod et Uri, figure Abdallah Ben Rachid, terroriste qui a participé il y a 23 ans à une sanglante prise d’otages dans une école primaire israélienne. Causant la mort de 15 personnes, dont le père du petit Noni, 6 ans, abattu sous ses yeux.

hatufim 4.jpgAu début de cette saison 2, on retrouve Noni devenu adulte. Se pose alors forcément la question de savoir ce que le jeune homme a décidé de faire de cet héritage douloureux. D’autant qu’on apprend qu’Amiel, le troisième soldat libéré que l’on croyait décédé, ne serait en fait peut-être pas mort mais aurait été retourné et résiderait en Syrie. Une nouvelle qui ne fait que raviver les plaies et la culpabilité de Nimrod et Uri…

Si sur la scène internationale, Hatufim s’inscrit dans l’ombre d’Homeland, c’est bien la série israélienne qui a inspiré le hit américain et non le contraire. Pourtant, même en sachant cela, on est bien loin d’imaginer la distance (psychologique et mentale) qui sépare les deux séries.

La question de l’ennemi intérieur est centrale dans l’intrigue de Homeland, thriller politique mulitpliant les rebondissements et les tensions diplomatiques. Si cette question vient planer au-dessus de la saison 2 d’Hatufim, elle n’en change pas les fondements. Le quotidien devenu épineux, voire impossible à vivre et l’amertume d’un passé qui vous hante, continuent à définir le comportement de Nimrod et Uri. Deux thématiques aux multiples résonances en terre israélienne.
KT

nb: Avant même d’être diffusée sur Arte, la série est proposée en DVD.
Hatufim, saison 2, 14 épisodes. Arte Editions, coffret 5 DVD, env. 30 €