Avec 1,6 million de fans présents au rendez-vous du démarrage de la saison 4 de Homeland, la série Showtime est loin de son record précédent.
Il faut dire que la saison 3 a offert un final aussi spectaculaire qu’attendu après de nombreux errements coupables. De quoi rassurer les 2,4 millions de fidèles qui voulaient croire à un retour à l’ADN véritable de la série: traque et complots terroristes, cas de conscience lancinants et délicate analyse géopolitique.
Ici, tous ceux qui ne l’ont pas encore vu feraient mieux d’arrêter la lecture.
Balayées les erreurs du passé, envolés les personnages répétitifs ou toxiques, dégoupillée l’intrigue sentimentale indigente, Homeland** repart sur de nouvelles bases. Et pour mieux nous en convaincre, Alex Gansa et Howard Gordon ont expédié leur héroïne Carrie Mathison sur un nouveau terrain d’opérations: Kaboul, capitale d’un Afghanistan rongé par la guerre.
Deux épisodes à suivre ce jeudi sur Be1, à 20h55
Carrie Mathison y est devenue en quelque sorte la «reine des drones», sorte de personnage fantomatique mais opérationnel qui agit presque les yeux fermés pour le « bien supérieur » de la nation américaine. Pourtant, le doute s’insinue: comment supporter les «dommages collatéraux» quand ils représentent des femmes et des enfants assistant à un mariage à Islamabad (Pakistan) auquel assiste l’un des principaux ennemis publics des Etats-Unis ?
A ses côtés on retrouve Sandy Bachman (Corey Stoll vu dans House of cards), chef de station, bientôt démasqué et donc mis en danger (décidément, ce garçon porte la poisse).
Peter Quinn (Rupert Friend, à droite sur la photo), ancien second de Carrie, vient lui prêter main forte, mais l’opération est un échec. Lui que l’on avait rencontré sous les traits d’un animal à sang froid, détaché et pragmatique, paraît soudain s’effriter sous la pression.
Face à lui, c’est Carrie qui semble le mieux mettre ses émotions en veilleuse, à croire qu’elle est devenue un simple robot, comme les drones qu’elle pilote à des milliers de kilomètres de distance, incapable d’éprouver le moindre sentiment et de sortir du cadre strictement défini de son boulot. La faute au traumatisme constitué par la mort de Brody? Sans aucun doute.
Maintenant que Saul (Mandy Patinkin, à gauche sur la photo), passé dans le giron d’une firme privée, n’est plus à ses côtés, qui d’autre veillera sur elle? On la retrouve donc faussement crâneuse mais terriblement seule, paniquée à l’idée de devoir s’occuper de son propre bébé.
On ne va pas se mentir. Après les déceptions cumulées dans les saisons 2 et 3, la série n’a plus grand chose de réellement palpitant ou surprenant à proposer. Dans sa version actuelle (les deux premiers épisodes ont été diffusés dimanche soir), elle suscite même l’ennui par moments. Et on se demande quand ils vont arrêter le jeu de massacre car si Homeland s’était révélée brillante et (faussement) détonante dans sa première saison, cela fait au moins deux ans qu’elle n’étonne plus que pour de mauvaises raisons. De série fine et intelligente, elle s’est transformée en honnête divertissement.
Ci-dessous, la bande annonce plutôt explicite.
Bien sûr, par définition, les premiers épisodes doivent toujours permettre de renouer les fils de l’intrigue, remettre les pendules à l’heure et exposer la nouvelle situation. On sent bien que, pour rester fidèle à elle-même, Homeland dévoilera bientôt d’autres trahisons et d’autres champs d’action. Attendons.
Seul point positif: même totalement erratique et déshumanisé, ce début de saison se révèle assez fidèle au réel avec des «guerriers» en plein choc post-traumatique, des déprimé(e)s fonctionnant telles des machines, des drones plus vrais que nature et des guerres sans fin qui n’ont rien d’un leurre. Un terreau suffisamment riche pour éviter à la série de nouvelles divagations.
KT
mise à jour (11.03.2015): Alex Gansa a révélé que la saison 5 d’Homeland effectuera un bond en avant de 2 ans et sera tournée en Europe (en Allemagne). Pour singer la trajectoire de 24h chrono tournée à Londres ?
Commentaires récents