the fear.jpgLes histoires de gangs et de bandes sont vieilles comme l’humanité elle-même. Pas étonnant dès lors qu’elles ressurgissent régulièrement sur nos (petits) écrans. La preuve par trois séries récentes – Boardwalk Empire, Mafiosa et The Fear – qui partagent de nombreux sédiments mafieux.

Au-delà des histoires de famille, de vengeance, de trafics et de sang qui baignent forcément les trois polars évoqués aujourd’hui, d’autres fils les relient qui n’ont rien de ténu… Entre Boardwalk Empire et The Fear, un lien géographique et thématique (le déclin du pouvoir) se tisse tandis qu’un lien physique se tend entre The Fear et Mafiosa. Lesquels? On s’explique.

nb: On en parle parce que la saison 3 de Boardwalk Empire a démarré hier sur La deux RTBF et qu’elle est proposée du lundi au vendredi vers 22h50…

Les premières images de The Fear*** balaient la jetée de Brighton, mais on jurerait celle d’Atlantic city. En réalité, les deux fronts de mer ont tellement de points communs qu’on s’attend presque à entendre résonner le générique si caractéristique de Boardwalk Empire. La magistrale série produite par Martin Scorsese et créée par Terence Winter, ancien des Soprano.

boardwalk 5.jpgAprès la déflagration provoquée, à la fin de la saison 2, par la mort de Jimmy Darmody, les ennuis de Nucky Thompson (Steve Buscemi) ne font que se confirmer dans une 3e saison à la noirceur renforcée. Nucky fait en effet face à un nombre grandissant d’ennemis, une nouvelle vague de seigneurs du crime qui viennent bouleverser l’ordre établi dans sa ville d’Atlantic city. Dans ce nouveau chapitre magistral et prenant, ses multiples commerces illicites sont mis en difficulté.

Cent cinquante ans plus tard, on ne parle plus de pègre mais de mafia, albanaise ou autre. Pourtant les enjeux et les ennuis sont les mêmes dans les deux séries. Si ce n’est que la drogue a remplacé l’alcool et que le trafic d’êtres humains représente une plus grande part de marché encore.
Dans ce contexte où la violence est loin d’être sourde, on suit Richie Beckett, un «parrain» local, dont la vie est en train de virer à l’aigre, la faute à l’un de ses rejetons (Cal), avide de plaisirs défendus, volontiers matamore et pas très futé.

L’arrivée en ville d’une bande d’Albanais aussi conquérants que violents ne va pas arranger les affaires familiales. D’autant que Richie se rend peu à peu compte – en raison d’hallucinations répétées, de vertiges et de trous de mémoire – que son cerveau est en train de lui jouer des tours.
A ce moment-là du récit, c’est forcément à la série Boss*** que l’on songe qui décrivait aussi la lente perte de moyens d’une homme puissant et dur atteint d’une grave maladie dégénérative.
Peter Mullan, fascinant comme toujours, campe cet homme qui se bat sur tous les fronts: face à son fils, face à ses adversaires, face à la maladie, dans cette subtile transposition du «Roi Lear» de Shakespeare. Un récit en quatre actes à la troublante poésie visuelle et narrative, cruelle métaphore d’une descente aux enfers.

KT

nb: Créée par Richard Cottan, cette mini-série britannique diffusée  en décembre 2012 sur Channel 4 est inédite chez nous. Elle est toutefois disponible en DVD: Editions Montparnasse, coffret 2 DV, env. 20€.