Sur l’île de Beauté, l’heure est aux adieux pour la Mafiosa**.
En huit années et 5 saisons, le concept imaginé par Hugues Pagan, repris ensuite par Eric Rochant et Pierre Leccia, a connu de nombreuses mutations, n’évitant ni les hésitations, ni les errements, ni les revirements. La fin du cycle (de violence) annonce aussi l’heure de la délivrance même si rien ne dit qu’elle se fera dans l’allégresse.
Dans cette ultime saison imaginée par le journaliste corse Pierre Leccia, Sandra Paoli, enfin sortie de prison, doit se méfier à la fois de ses anciens alliés (Tony et Manu, photo) et affronter sa nièce Carmen qui est sans doute la seule personne de sa famille dont elle ne s’était jamais méfiée.
Ce quotidien de combats est celui de la chef de clan depuis cinq saisons. Dans le chapitre final (8 épisodes) de cette vaste fresque familiale corse produite par Canal+, la comédienne Hélène Fillières affiche une redoutable maigreur. Une transformation physique qui fait écho à ses déboires personnels : cette “coquille vide” qu’elle semble être devenue au fil des heurts, des meurtres, malheurs et décisions toujours plus difficiles qu’elle a dû prendre vis-à-vis de ses proches “collaborateurs” ou de sa famille.
Entamée sur un ton volontiers lugubre, la tension de cette dernière saison monte lentement jusqu’à l’affrontement final, digne d’une tragédie grecque. Rappelant les liens étroits du genre mafieux avec l’univers de Shakespeare et celui du western. Car sous le soleil de Corse, ce sont les mêmes liens de sang et sombres trafics qui font battre les cœurs plus vite et crépiter les armes à feu.
Jouant la carte de la proximité et de la véracité, Pierre Leccia réintroduit la composante nationaliste dans la trame de sa dernière saison avec un résultat forcément explosif à la clé.
Et si l’on a pu reprocher à la série son manque de crédibilité liminaire (jamais une femme ne pourrait devenir chef de clan), force est de reconnaître le parcours créatif contrasté, dense et culotté de son personnage principal.
Cette saison 5 est l’histoire d’un engrenage fatal, d’une lente dégringolade. «C’est ça ma vie: des gens qui se tuent et des gens qui meurent. Même si je fais tout pour que ça s’arrête, ça ne marche pas» confie Sandra Paoli dans un rare moment de confidence et d’introspection.
Besoin de vous rafraîchir la mémoire? Canal+ a songé à tout.
La force de Mafiosa, ce sont ses personnages secondaires et une solide atmosphère. A commencer par Manu, un rôle pourtant difficile à reprendre par Philippe Corticchiato puisqu’il était celui de Frédéric Graziani jusqu’au décès inopiné du comédien à la fin de la saison 4*.
Après 18 ans de silence, Sandra a décidé de renouer avec son oncle Orso, et ses 3 cousins, un rôle endossé avec une souplesse quasi féline par le ténébreux Carlo Brandt. Ajouter à cela la prestation pimentée d’Asia Argento et le beau travail sur la musique réalisé par Pierre Gambini – parfum de country et d’électro mêlé de saveurs locales – et l’on obtient une potion originale à défaut d’être magique..
KT
*Raison pour laquelle cette saison 5 lui est dédiée.
“Mafiosa l’ultime saison”, Studio Canal, coffret 3 DVD, env. 30€
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