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true detective 5.jpgIls ont fait sauter la plateforme de vidéos à la demande d’HBO ! Bien sûr, la performance de Marty Hart et Rust Cohle n’avait pas besoin de cela pour être jugée remarquable, mais cela prouve à quel point le final de True Detective*** était attendu dimanche soir sur l’une des chaînes câblées les plus réputées des Etats-Unis.

Outre l’explosion totalement inhabituelle de la demande de connexions à la plateforme légale de VOD, la chaîne HBO a enregistré un record d’audience pour cet épisode 8 porté par Woody Harrelson et Matthew McConaughey (photo).

Quelque 2,3 millions de téléspectateurs avaient regardé le premier épisode de cette enquête au long cours, le 12 janvier dernier. Ils étaient 3,5 millions dimanche soir pour assister à la fin de la quête. Ils étaient même 4,9 millions si l’on comptabilise l’ensemble des diffusions de la soirée et 11 millions en tenant compte des utilisateurs de la VOD ou de la télévision de rattrapage. Ce qui fait de « True detective » la nouveauté la plus suivie de la chaîne depuis Six Feet Under en 2001, qui avait attiré 11,4 millions de curieux…

L’impact va même bien au-delà puisque le Wall Street Journal notait il y a quelques semaines déjà qu’Amazon avait été prise d’assaut et que le livre de Robert W. Chambers «The King in Yellow» (1895 !), mentionné de manière incidente dès les premières heures de l’enquête, avait été propulsé dans le top 10 des commandes sur le site de vente en ligne.

True Detective, peinture âpre d’une Amérique profonde en proie au doute et à la superstition, hantée par les meurtres à caractère rituel et les rites vaudou, rejoint la grande tradition du genre. Tout y est noir à souhait, comme si chaque être humain était le jouet de ses propres peurs. Pris aux tripes, avançant à tâtons, le coeur battant comme son double dans la série, le téléspectateur est pétri de doutes mais ne se rend pas, tenaillé par l’envie de savoir et de comprendre. true detective 6.jpgLes signes et les éléments à décrypter foisonnent dans cette enquête touffue et oppressante qui déroule son fil obsessionnel sur 17 années. Tel un cauchemar éveillé. Une profusion de signes et de fausses pistes qui a généré son lot de théories sur la toile et a connu son soubresaut final dimanche et lundi après l’ultime assaut.

Malgré le caractère très sombre et la charge émotionnelle intense, impossible de détourner le regard. Nic Pizzolatto procède par ellipses et par allusions, ne versant jamais, malgré l’obsession de son personnage principal, dans l’ostentatoire. Ce qui le différencie des nombreuses séries qui se complaisent dans la représentation de mise en scène morbides et qui démontre, aussi, la force de la suggestion et de l’imagination humaines.
En résulte un trip parfaitement calibré, haletant et dense, noir comme le geai et maîtrisé de bout en bout. Une histoire qui sonde les âmes et révèle les personnalités – à commencer par celles de Rust et Marty -, dans la plus pure tradition des grands romans noirs.

A un point tel que l’on peut déjà craindre que la saison 2 dûment annoncée ne soit pas à la hauteur de cet objet incandescent. Conçue comme une anthologie, ce qui sauvera « True Detective », c’est le fait que la série postule à chaque nouvelle saison un total changement de cadre et de personnages, mais vraisemblablement pas de ton.
A la façon d’American Horror story, notamment, qui propose une nouvelle thématique à chaque session, True Detective introduira un nouveau tandem d’enquêteurs l’an prochain. Un défi de taille quand on songe à toutes les circonvolutions, les confrontations et les émotions que nous a fait vivre ce duo-ci.
Matthew McConaughey, l’impressionnant et très mystique Rust de cette première salve, avait déjà annoncé qu’il ne reviendrait pas pour la saison suivante. Comment lui donner tort ? Puisque tout a été dit.
KT