walking dead s4.jpgL’épidémie a démarré en 2010. Quatre ans plus tard, elle a forcément pris des proportions gigantesques.

Avec plus de 13,2 millions de téléspectateurs en moyenne, la saison 4 de The Walking Dead est en effet, à ce jour, la plus suivie de l’histoire de la série. Et le final, attendu le 30 mars prochain sur AMC, ne devrait pas faire pâlir son blason.

Il faut dire que le premier épisode de la saison 4 (diffusé le 9 février dernier) avait déjà donné le ton avec ses 16,1 millions de fans fidèles au rendez-vous. Des scores dignes des grands réseaux qui permettent à AMC d’affermir sa position sur la scène nationale et internationale.

Car si The Walking Dead est l’une des séries les plus piratées du moment, elle est aussi l’une des plus exportées à travers le monde, une stratégie de développement d’avant-garde mise en place par une femme étonnante, Gale Anne Hurd, que nous évoquions déjà ici.

Pourquoi en parler aujourd’hui? Parce que ce succès va donner lieu à une nuit zombie ce vendredi dès 20h30 sur le site de Tour & Taxis. On vous explique…

Les scores impressionnants réalisés par la série AMC feraient, presque, oublier le succès que cette saga a d’abord rencontré en bande dessinée. Or, avant même d’envahir le petit écran, les amateurs de chair humaine avaient colonisé un nombre inouï de cases aux Etats-Unis et bien au-delà. En effet, depuis le lancement de la série, en 2003, 30 millions d’albums de “Walking Dead” ont été vendus à travers le monde, dont 2,5 millions de la version en français, éditée par Delcourt. Le tout récent 19e tome de l’édition française, “Ezechiel”, a même été tiré à 120 000 exemplaires.

Ce lien étroit entre écrit et écran, la Foire du livre de Bruxelles a décidé de le mettre à l’honneur à travers la nocturne consacrée à The Walking Dead.
charlie adlard.jpgA l’occasion de la venue du dessinateur de la BD originelle, Charlie Adlard, une nuit zombie est en effet organisée dès 20h30 à Tour & Taxis, avec la complicité de la troupe Puck (compagnie spécialisée dans les spectacles de rue ayant trait au fantastique).
L’occasion de saluer un succès mondial fulgurant sur lequel deux de mes collègues se sont penchés récemment.

Au sujet de la bande dessinée, Olivier le Bussy écrit:

Pour ceux qui ne poussent jamais la porte d’une librairie (et n’ont jamais vu l’adaptation du comics en série télévisée), un bref rappel du pitch de “The Walking Dead” s’impose : la quasi-totalité de la population mondiale s’est transformée en zombies. Mais autant, sinon plus que les zombies, les vrais walking dead (morts-vivants), sont les rares rescapés du monde ancien. Dont l’ancien policier américain Rick Grimes, son fils et quelques compagnons de route qui s’organisent pour survivre dans un environnement hostile, où le moindre faux pas peut être fatal. A fortiori quand le plus grand danger n’est pas nécessairement celui qu’on pense. Dans ce retour à l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme.

A scénario (post)apocalyptique, scènes apocalyptiques. La série place le lecteur dans un état de tension permanente, dans l’attente de l’explosion de violence qui ne manquera pas de se produire et dont le trait réaliste et efficace de Charlie Adlard permet de rendre la sauvagerie.

Il serait cependant réducteur de considérer “Walking Dead” comme un simple récit d’horreur. Comme souvent dans les histoires de zombies, ceux-ci “sont le plus gros MCGuffin du livre”, rappelle Charlie Adlard, précisant que son vrai plaisir est “de dessiner les personnages et les relations qu’ils entretiennent”. Car le comics est, avant tout, un vrai thriller psychologique. Les personnages y sont confrontés à des choix et posent des actes qui interrogent leur condition d’être humain. Passé maître dans l’utilisation du noir (et gris) et blanc, le dessinateur excelle à rendre la violence et la complexité des sentiments qui habitent les protagonistes de l’histoire, notamment lorsqu’il cadre les visages en gros plans.

Quant au parcours de la série, voici ce qu’il inspire à Hubert Heyrendt:

walking dead 4.jpgLe succès de The Walking Dead témoigne du triomphe de la culture geek depuis le carton planétaire du “Seigneur des anneaux” à la fin des années 1990. On le constate, en télévision, avec le succès de séries comme True Blood (basée sur la saga vampirique “La Communauté du Sud” de Charlaine Harris) ou Game of Thrones (d’après les romans d’heroic fantasy “Le trône de fer” de George R.R. Martin).
L’adaptation du comics de Robert Kirkman (créé en 2003 et toujours en cours) a été très intelligemment confiée à Frank Darabont. Le bonhomme n’est pas un grand réalisateur mais c’est un spécialiste du genre, qui a notamment porté à l’écran trois romans de Stephen King : “The Shawshank Redemption”, “La Ligne verte” et “The Mist”. Autant dire que l’horreur, ça le connaît ! Bossant pour une chaîne câblée et non pour un grand network, Darabont a pu se permettre de rester fidèle à la bande dessinée sans l’affadir, contrairement au pathétique Under the Dome vu récemment sur CBS (d’après King également).

Tant stylistiquement – la série y va à fond dans le gore par moments – que thématiquement, “The Walking Dead” respecte l’univers apocalyptique imaginé par Robert Kirkman, cocréateur de la série (que l’on voit dans l’extrait ci-dessous). Darabont a malheureusement été éjecté de son fauteuil de showrunner par AMC au bout de deux saisons. Mais ce qui l’intéressait dans les aventures du shérif Rick Grimes, ce n’était pas tant l’aspect “survival” que les questions métaphysiques et politiques que pose Kirkman.
Au nom de la survie, tout est-il permis ? Faut-il renoncer à la démocratie ? Sans cesse, en effet, la série interroge ce qui fait de nous des êtres humains. Car à voir comment les hommes se comportent dans “The Walking Dead”, on se demande ce qui les différencie des zombies qu’ils combattent…

Que vous connaissiez, ou non, le travail graphique à la base de la série, le rendez-vous est donc pris pour les fans des zombies: 20h30 à Tour & Taxis.
Qu’on se le dise…
KT