Dès les premières images, on pense forcément au «Silence des agneaux». Cette histoire de criminel réputé dangereux et mondialement recherché qui ne consent à parler qu’à une jeune profileuse fraîchement recrutée par le FBI a en effet plus qu’un air de ressemblance avec le film de 1991.
Avec son regard plissé et sa bouche pincée, James Spader (« Boston Justice ») s’est composé un fascinant faciès de monstre apprivoisé, mêlant à la fois cruauté et élégance. Du grand art. Il est l’argument principal de cette série et le créateur Jon Bokenkamp entend bien exposer au mieux sa meilleure carte. Visiblement, cela fonctionne car The Blacklist** est la nouveauté la plus cotée de cette rentrée américaine 2013.
Si le premier épisode ne faisait pas dans la légèreté, imposant d’emblée la grosse artillerie, heureusement, le propos se raffine par la suite et les échanges entre Reddington (James Spader) et l’agent Keen (Megan Boone) deviennent plus intéressants à mesure que chacun laisse échapper une part moins prévisible et, forcément, plus authentique et fragile de son être, parfois à son corps défendant.
Dans la relation ambiguë qui s’établit entre Elizabeth Keen et Raymond Reddington, il y a quelque chose de l’ordre de la torture mentale qui n’est pas sans rappeler la relation entre Patty Hewes (Glenn Close) et Ellen Parsons (Rose Byrne) dans «Damages» ou, plus récemment, celle du profiler Will Graham avec le Docteur Lecter dans Hannibal.
D’autres duos, hésitant entre méfiance et collaboration, ont su imposer leur style au fil des épisodes. On songe bien sûr à White Collar, à cause du personnage de l’escroc amené à collaborer avec le FBI, mais aussi à Person of interest où la méfiance entre les deux partenaires, au départ, n’est pas du tout feinte.
Mais au-delà de la défiance et de l’aversion de l’agent Keen, on comprend très vite que Reddington cherche à se rapprocher d’elle pour des raisons qui tiennent à son passé. Une pensée qui fait jaillir une étincelle dans son regard d’ordinaire si froid. Cette relation étrange vient enrichir un thriller à la trame plutôt efficace qui voit chaque épisode (4 ont été diffusés jusqu’ici) apporter son lot d’énigmes à résoudre et de « bad guys » à poursuivre.
Reste à voir si la trame de fond (les questions sur leurs passés respectifs) parviendra à retenir suffisamment l’attention de ceux que motivent moins l’enquête du jour à laquelle fait référence le titre de la série. La fameuse «liste noire» des plus fameux truands, mafieux, hackers qui hantent l’Amérique, et dont le FBI ignore parfois jusqu’à l’identité. Cette liste que Reddington dit entretenir depuis 20 ans, au fil des relations établies dans le milieu par ses multiples activités illégales et qu’il ne consent à révéler au compte-gouttes qu’en présence de l’agent Keen.
Homme aux méthodes retorses et dénué de remords, Reddington révèle la part plus sombre de la personnalité de la jeune Elizabeth Keen.
Très satisfaite de ses audiences (11 millions de fidèles), NBC a déjà annoncé que The Blacklist aurait droit à une saison complète (22 épisodes).
KT
nb: Et le trailer? Il était déjà disponible ici
mise à jour (08/11): Avec 11 millions de fidèles en moyenne, The Blacklist enregistre de très bonnes audiences depuis la rentrée. La série bat, en outre, tous les records de vision en différé puisqu’elle voit ses scores augmenter de 60% à J+7 avec 6,6 millions de fans en plus.
mise à jour (05/12): Lundi soir, pour son dernier épisode avant la pause hivernale, The Blacklist a réuni 12,3 millions d’Américains. Elle est même la nouvelle série la plus suivie par les 18-49 ans, cible- fétiche des annonceurs. Sans surprise NBC l’a renouvelée pour une 2e saison.
Excellent article ! Merci !