Dans la famille Pritchett, il y a le père Jay (à gauche), un peu bourru mais un bon fond, qui peine à s’adapter aux nouvelles situations. Il y a ensuite ses enfants, Claire et Mitchell, respectivement en couple avec Phil et Cameron.
Le mariage gay de son fiston Mitchell (à droite): première situation à laquelle Jay doit s’adapter, non sans mal.
On pourrait croire que dans Modern Family**, la nouveauté et l’audace viennent de l’irruption dans le quotidien d’une famille homoparentale, mais le couple Mitchell-Cameron a un fonctionnement des plus classiques et, surtout, en cherchant à ne pas se faire remarquer et à ne froisser personne, un parcours plutôt traditionnel. En décidant d’adopter une petite fille d’origine vietnamienne, Cam(eron) et Mitchell sont mis face à une nouvelle responsabilité qu’il s’agit pour Mitchell d’assumer en même temps que le regard des autres sur son couple. Ce qui n’est pas toujours simple.
Incarnant la «famille classique», Claire et Phil ont trois enfants; de l’ado en ébullition au petit dernier en pleine construction, le quotidien ne manque ni de surprises, ni de bêtises d’autant que Phil, lui-même, n’a pas totalement fini de grandir. C’est du décalage entre Claire, femme très stressée qui voudrait que tout soit toujours parfait et Phil qui croit incarner le type même du père «cool» que naissent les dérapages et le rire.
Enfin, Jay forme une famille recomposée avec l’explosive et généreuse Gloria et son fils Many, d’origine colombienne. En choisissant une compagne sexy, latino et forte en gueule à Jay (Ed O’Neill), les créateurs Christopher Lloyd et Steven Levitan savaient qu’ils disposaient d’un ressort détonant. Et pour cause: la série peut ainsi aborder dans le même élan les différences et stéréotypes culturels, le conflit de loyauté d’un enfant face à son beau-père, la différence d’âge au sein d’un couple, les commérages ou soupçons du voisinage: autant de sujets qui prêtent à sourire mais pas seulement.
On a beaucoup parlé de la proximité de Modern Family avec The Office à cause du style utilisé: le mockumentaire où les personnages sont invités à commenter ce qu’ils vivent face caméra pour les besoins d’un documentaire en cours de réalisation. Ainsi révèlent-ils souvent tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Directement interpellé, le téléspectateur est invité à prendre parti ou à éprouver de la sympathie, de la compréhension, ou tout autre sentiment, vis-à-vis des divers protagonistes.
Mais c’est plus certainement à Un gars, une fille que fait penser cette série qui s’immisce dans le quotidien de trois foyers américains, pointant tous les petits débordements, malentendus et frottements qui torpillent la routine et peuvent amener rires ou tensions.
Chérie par la critique américaine qui y voit un intéressant renouvellement du genre, «Modern Family» a été auréolée des six Emmy awards en 2010 – dont celui de la meilleure comédie et du meilleur scénario dans une comédie, alors qu’Eric Stonestreet était désigné meilleur second rôle dans une comédie pour son interprétation de Cameron.
La série vient encore d’être sacrée meilleure série (catégorie comédies) durant le 53e Festival de Monte-Carlo.
KT
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