Cette semaine sera Cumberbatch,
ou ne sera pas !
Le comédien squatte en effet avec une égale fausse nonchalance le grand et le petit écrans.
Dès mercredi, il incarne l’inquiétant John Harrison dans la recréation de Star Trek, imaginée par l’ineffable JJ Abrams.
Et vendredi, il endosse le rôle de Christopher Tietjens, incorrigible gentleman, pris dans les tourments de la Première guerre mondiale, dans Parade’s End, la mini-série scénarisée par le grand Tom Stoppard. Une coproduction HBO-BBC, tournée partiellement en Belgique, à découvrir sur Arte.
Aussi épatant en Sherlock qu’en Lord dépassé par l’évolution des moeurs, l’acteur aborde, ce mercredi son premier rôle de «bad boy». Un voyage intergalactique et personnel, qui se joue désormais des frontières des écrans.
En scrutant les deux affiches, le (télé)spectateur ne pourra manquer de reconnaître ses traits singuliers. Visage émacié, port altier, regard bleu d’acier, allure élancée: le physique du Britannique Benedict Cumberbatch est de ceux que la rétine imprime.
Dans Sherlock – la brillante adaptation de Steven Moffat et Mark Gatiss qui l’a fait connaître du grand public -, ses soudaines sautes d’humeur, sa posture inquiétante et son trench coat flottant dans le vent offraient un bel aperçu du potentiel de l’homme. Tandis que sa complicité avec Martin Freeman (aka Watson) donne tout son sel à cette série qui a su insuffler un nouvel élan au mythe, sans rien sacrifier de sa saveur initiale. S’il apparaît sérieusement rajeuni face à son modèle de papier, la psyché de Holmes n’a pas varié d’un iota. Toujours aussi misanthrope et imbu de lui-même, Sherlock y reste délicieusement horripilant.
En le plongeant en plein 21e siècle, en imaginant un être plus bondissant, accro aux patchs de nicotine, aux sms et aux smartphones, Steven Moffat aurait pu décevoir les fans, mais il n’en est rien. Son nouveau Sherlock est un Holmes puissance 10. Soit le même que celui imaginé par Doyle mais dopé aux nouvelles technologies, tout en conservant ce qui fait à la fois son attrait et son charme: son incroyable sens de l’observation et sa formidable capacité de déduction.
Dans ce rôle complexe – un cerveau brillant, observateur pathologique, arrogant et asocial -, l’acteur, aujourd’hui âgé de 36 ans, fait merveille, emportant l’adhésion de 10 millions de Britanniques à chaque épisode. Extraordinairement expressif, il passe d’un extrême à l’autre en un claquement de doigt. Sorte de yakuza intrépide, il est capable de s’abîmer des heures durant dans une réflexion immobile et l’instant d’après, de se relancer dans une poursuite infernale.
«J’ai toujours su que même si je n’en faisais pas une spécialité, j’interpréterais des intellectuels sociopathes, légèrement asexués» confie-t-il à la presse britannique. C’est d’ailleurs son interprétation du célèbre astrophysicien Stephen Hawking qui l’a révélé au grand public, la fiction Hawking (2004 – photo) ayant remporté un égal succès auprès de la critique.
En Flandre, sous les bombes
Alors même que son visage est dans tous les magazines en ce début de mois de juin, Benedict Cumberbatch est en plein tournage de la saison 3 de Sherlock, impatiemment attendue par les fans. Mais avant de le retrouver au 221B Baker Street, on pourra le découvrir vendredi, en Lord tourmenté dans la mini-série Parade’s End (photo), sur fond de Première Guerre mondiale – conflit qu’il a déjà traversé en major de cavalerie dans War Horse (2011) de Steven Spielberg.
Le visage étrangement pâle et mélancolique de Cumberbatch est exactement ce dont rêvait le scénariste Tom Stoppard pour bâtir sa mini-série. Cheveux blonds et regard triste, l’acteur campe Christopher Tietjens, aristocrate et brillant intellectuel, passionné par les statistiques et les connaissances rassemblées dans l’Encyclopedia Britannica. De quoi horripiler son épouse volage qui ne songe qu’à plaire et à s’amuser. Ces deux-là se sont aimés sur un malentendu, mais Christopher ne peut se résoudre à rompre son engagement. Même lorsqu’il rencontre une jeune suffragette partageant, visiblement, davantage ses élans.
Son éducation, plutôt stricte et privilégiée à la Harrow School de Londres, plus ancien et réputé pensionnat pour garçons du Royaume-Uni, a certainement aidé l’acteur à décrypter le destin de cet homme défini par son respect de la tradition. Une interprétation également nourrie par le goût de Benedict Cumberbatch pour les personnalités ambiguës ou difficiles à classer. «J’ai toujours eu envie de jouer un espion car c’est l’exercice ultime pour un acteur. Vous n’êtes jamais ce que vous semblez être.»
Du côté obscur de la force
Mince sans être frêle, du haut de son mère quatre-vingt-trois, Benedict Cumberbatch promène une silhouette dégingandée que l’on peut aisément rendre fantomatique ou inquiétante, ce dont JJ Abrams use dans sa nouvelle version de Star Trek.
Pour le comédien, qui rêvait de reprendre le rôle de Seigneur du Temps dans la série Doctor Who, avant d’être contacté par le même Moffat pour devenir Sherlock, cette aventure spatiale est bien plus qu’une revanche: une promotion.
Dans Star Trek into darkess, à découvrir en salle ce mercredi, Cumberbatch campe en effet John Harrison, ennemi d’autant plus dangereux pour l’équipage de l’Enterprise qu’il semble parfaitement connaître les points faibles du capitaine Kirk et du Docteur Spock. Un premier grand rôle de «bad guy» qui devrait contribuer à asseoir sa notoriété aux Etats-Unis et au-delà, et qui fut surtout une grande joie. «J’adore usurper les identités. Plus vous vous éloignez de ce que vous êtes vraiment, plus le défi est grand. Mais sortir de sa zone de confort est un tel plaisir…»
Outre les deux suites du “Hobbit”, son nom est déjà associé à une demi-douzaine de films. Dont les très attendus Twelve Years a Slave de Steve McQueen (“Shame”) avec (excusez du peu) Brad Pitt et Michael Fassbender, Crimson Peak de Guillermo del Toro avec Jessica Chastain ou The Fifth Estate, où Benedict Cumberbatch incarne un autre blond énigmatique au regard bleu acier : Julian “Wikileaks” Assange (photo).
Plutôt alléchant non, qu’en dites-vous?
Et la bande annonce du film? Elle était déjà disponible, ici
KT
ps: merci à Alain Lorfèvre pour les infos sur ses futurs projets au cinéma.
mise à jour (29/11): Après deux ans de patience, la saison 3 de Sherlock se profile, enfin, à l’horizon. La BBC a retenu la date du 1er janvier pour la lancer. Lars Mikkelsen (The Killing) y tiendra un rôle récurrent.
Commentaires récents