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Oubliés les monstres, les zombies et les tueurs en série !
Aujourd’hui, cap sur la série la plus classe de l’histoire de la télévision. C’est aussi l’une des fictions les plus primées aux Etats-Unis puisqu’elle a glané l’Emmy award de la meilleure série dramatique pour chacune de ses saisons jusqu’en septembre dernier… Lorsqu’elle a été détrônée par le phénomène « Homeland ».


Visuellement, Mad Men*** fait preuve d’une classe folle, même si c’est surtout sa profondeur et sa justesse psychologique que l’on loue. Alors qu’AMC s’apprête à enfin délivrer le 6e volet de sa quête identitaire et historique, ce dimanche 7 avril, et alors qu’il ne reste que deux jours à patienter. retour sur les raisons d’un si grand amour.

Dans l’incroyable avalanche de séries à laquelle nous expose le petit écran aujourd’hui, pourquoi arrêter son choix sur Mad Men ? Quels sont les arguments qui prêchent en la faveur de cette série sacrée reine de l’élégance, chérie par la critique, mais souvent considérée comme très mélancolique ? Nous avons pointé 7 bonnes raisons de regarder Mad Men mais, bien sûr, à chacun les siennes…

1. Son incroyable qualité cinématographique. mad men 3.jpg“Mad Men”, ce sont d’abord des plans dignes de l’âge d’or du cinéma américain, une photographie et une construction qui ne doivent rien au hasard, mais au talent conjugué d’un créateur (Matthew Weiner) qui a travaillé sur “Les Soprano” et d’une responsable des costumes (Janie Bryant), qui a bâti l’univers de “Deadwood”, série magistrale sur la véritable conquête de l’Ouest américain.
En s’attaquant aux années 60 avec le même recul historique, la série semble offrir un vibrant hommage à Grace Kelly, Cary Grant, Gregory Peck et Sofia Loren. Un soin et une maîtrise qui lui ont valu une incroyable galerie de récompenses.

2. Sa formidable dimension romanesque. Ceci est une véritable série. Entendez : une histoire avec un début, un milieu et une fin, pas une succession de sketches ou d’enquêtes préformatées et dupliquées à l’infini comme en proposent de trop nombreuses séries américaines aujourd’hui. Et si elle prend racine dans le milieu de la pub des années 60, ce n’est pas seulement pour le décor offert par Madison Avenue – qui vaut le surnom de “Mad Men” à ces créateurs de pub un peu fêlés. C’est parce que ce secteur, en tant que créateur de “tendances”, est forcément l’un des postes d’observation privilégié d’une société.
Don Draper est le parfait anti-héros de cette histoire, mais la série s’intéresse à tous les membres de l’agence Sterling Cooper : des jeunes téléphonistes au big boss qui passe son temps à deviser entre deux volutes de fumée et deux verres de whisky. Un incroyable microcosme décrit au fil des contrats qu’on gagne ou pas, des campagnes sur lesquelles on cale, des femmes qu’on désire mais qu’on n’aura jamais, des hommes qu’on déteste et admire à la fois. Au fil des mariages, naissances, décès et divorces, comme dans la vraie vie. Une savante combinaison qui expliquerait, selon Jonathan Hamm, son acteur principal, le succès de la série en Europe. “Cela s’explique par votre tradition littéraire et cinématographique tout en analyse et en finesse.” Des qualités qui ont valu à “Mad Men” de faire la une des “Cahiers du cinéma” en septembre 2010.

mad men 2.jpg3. Sa finesse psychologique. Série sur les apparences et les illusions perdues, la solitude des êtres et les blessures du passé, les secrets enfouis et les tromperies plus ou moins assumées, “Mad Men” interroge la culture du mensonge, la quête d’identité et la peur de la nouveauté… Des travers humains qui traversent les âges. Vendue dans plus de 15 pays à travers le monde, elle a même engendré des livres de philosophie sur le “rapport entre réel et apparences”.

4. Son caractère historique. Inspirée de la vie de quelques “ad(vertising) men” célèbres (David Ogilvy, George Lois et Draper Daniels) mais aussi de la littérature de John Cheever, le “Tchekov des banlieues américaines”, “Mad Men” fourmille de détails rigoureusement historiques. On y suit la campagne du jeune Kennedy, on s’y méfie des femmes divorcées ou trop émancipées et on y pratique sans vergogne la ségrégation raciale et l’homophobie. Si on y ajoute un marketing cynique et qu’on exclut la sape et le style de vie, tout n’y est pas très joli joli. Pourtant, cette série sur l’Amérique d’hier en dit surtout long sur l’Amérique d’aujourd’hui. Comme un miroir tendu à une société de consommation en plein désenchantement.

5. Sa qualité de miroir déformant. Bien ancrée dans son époque, “Mad Men” propose une formidable comédie humaine. La grande force de Matthew Weiner, son créateur, est de montrer que tout ce petit monde de la pub new-yorkaise des années 60 n’est pas aussi daté et sexiste, et de briser le mirage qui consiste à dire que “c’était mieux avant”.
L’époque était bonne pour un tout petit groupe de gens : les plus fortunés, les plus éduqués. La série ne glorifie ni les 60’s ni les années 2000, elle met les téléspectateurs au défi d’être meilleurs. “Mad Men” rappelle que l’objectif d’une société est d’avancer, pas de regarder le passé qui n’est pas si glorieux. Je ne pense pas que les gens des 60’s réagissaient très différemment de nous”, nous expliquait Jon Hamm en octobre 2010.

6. Pour comprendre la folie “Mad Men” qui a déferlé sur les Etats-Unis et ailleurs, entraînant la multiplication des soirées et cocktails parties. Remettant au goût du jour une différenciation sexuelle prononcée : des hommes très mâles et des femmes… fatales ainsi qu’un tas de lieux et d’objets jadis déclassés, “Mad Men” a une influence notable sur la mode et le design. Influence soulignée lors d’une soirée hommage organisée, la saison dernière, au Lacma (Musée d’art contemporain de Los Angeles). Jusqu’à Mattel, trop heureuse de donner à Ken et Barbie les visages de Don Draper et de sa femme Betty.

7. Pour la beauté ténébreuse de Don Draper, l’élégance éternelle de sa femme Betty et la plastique sculpturale de Christina Hendricks alias Joan Harris. L’actrice rousse qui a remis au goût du jour les physiques incendiaires à la Sofia Loren.
Dans le fond, on aurait peut-être dû commencer par cela…
KT

Une liste établie dès janvier 2011 (… mais depuis, rien n’a changé)