bates motel.jpgC’était l’une des nouveautés les plus attendues de cette saison: la série Bates Motel présentée comme le «prequel» (avant-propos) du film «Psychose» d’Alfred Hitchcock.
Un pari forcément osé vu l’aura de l’oeuvre initiale du maître et une filiation flatteuse si elle parvient à attirer l’attention à bon escient.

Pour juger du premier point, il faudra forcément encore un peu patienter. Le premier épisode, bien que toujours particulièrement soigné par les auteurs et producteurs, ne peut en effet combler toutes les attentes. Or attentes, il y avait, visiblement, puisque trois millions de curieux s’étaient donné rendez-vous lundi soir sur A&E pour regarder le pilote en question. Avec la multidiffusion et sans compter internet, ce sont déjà près de 5 millions de téléspectateurs américains qui se sont rués sur la série. Soit le meilleur score de démarrage d’une nouveauté sur la chaîne, juste derrière « Breakout kings ». Joli présage…

En voulant se pencher sur l’adolescence du jeune Norman Bates, Carlton Cuse, ex-scénariste de «Lost» et Kerry Ehrin, co-créatrice de «Friday Night Lights» savaient qu’ils se placeraient au centre d’intérêts divergents: ceux de fans inconditionnels qui exigeraient que rien ne soit ajouté ou ôté à l’oeuvre initiale et ceux qui, au contraire, plaideraient pour qu’elle soit enrichie.

Transposée en 2012, l’intrigue opte d’emblée pour la libre interprétation du modèle originel. La logique aurait en effet voulu que l’action se déroule dans les années 40 ou 50, celles de la véritable jeunesse de Norman. L’anachronisme énorme aura certainement découragé plus d’un fan, mais les autres notent avec amusement que, passés quelques gadgets bien dans l’époque, les tenues vestimentaires et le décor principal (le motel et la maison de la famille Bates) sont suffisamment neutres ou résolument «datés» pour que l’ambiance du film originel soit en partie ravivée. Notamment grâce à un incident mettant déjà en scène un célèbre rideau de douche…

Basée sur les personnages du roman «Psycho» de Robert Bloch, également dépeints dans le film « Psychose » d’Alfred Hitchcock (cf. note précédente), la singularité de Norma et Norman Bates s’impose dès les premiers instants. Où l’on découvre le drame initial qui a sans doute fait basculer la vie du jeune Norman, garçon timide de 17 ans: la mort brutale de son père. Décidée à repartir à zéro, sa mère lui annonce qu’ils vont déménager dans un petit village calme et retiré (clin d’oeil à « Twin Peaks » assumé) où ils gèreront « ensemble » un motel.

Bates-Motel-04.jpgDepuis « Desperate Housewives », plus personne n’ignore qu’il faut se méfier de l’eau qui dort et des femmes au foyer apparemment bien sous tous rapports. Avec ses faux airs de Lynette Scavo (alias Felicity Huffman), Vera Farmiga impose d’emblée cette hystérie rentrée prête à exploser à la moindre contrariété. Impulsive et passionnée, Norma est aussi extrêmement possessive vis-à-vis de ce fils qu’elle aurait aimé unique.

Autre différence majeure avec le film, la série le dote en effet d’un frère aîné, plutôt paumé: Dylan, avec lequel Norma voudrait rompre tout lien.

Dans ce huis-clos familial singulier que sa mère semble entretenir et souhaiter, Norman (Freddie Highmore) est une victime en partie «consentante», se voulant indépendant mais sans l’assumer pour autant. Sous son sourire angélique à la Harry Potter, il cache son trouble, ses émois, ses états d’âme, en tout cas. Formant avec sa mère un duo potentiellement plein de surprises.
Avec la découverte d’un mystérieux carnet de dessins sous un des tapis du Motel, le passé trouble de la bâtisse semble faire écho aux démons personnels des nouveaux maîtres des lieux…
KT

nb: pour visionner les premières minutes de la série, c’est par ici