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the hour.jpgPour certains, il restera à jamais Jimmy McNulty, détective irlandais suivi durant les 5 saisons passionnantes de la série la plus acclamée de la dernière décennie: The Wire (« Sur Ecoute »). Pourtant, depuis la fin de la série en 2008, Dominic West n’est pas resté inactif.

Ce jeudi soir, c’est Arte qui nous propose de renouer le contact à travers une série britannique précédée d’une jolie réputation. Ancrée au coeur des fifties, The Hour retrace la naissance du premier magazine d’investigation de la télévision anglaise, en pleine crise du Canal de Suez. Sacrée meilleure série et prix du public dès 2011 en Suisse, elle a valu à Dominic West le « Broadcasting Press Guild Award 2012 » du meilleur acteur.

« J’avais décidé il y a deux ans de ne plus jamais parler de « The Wire » mais j’ai réalisé que personne ne me parlerait plus, si je faisais cela. Alors, me voilà. »
Dominic West a assurément le sens de la formule et de l’entrée en scène. Pour sa rencontre avec le public parisien du Festival « Séries mania », il ne s’était pas trompé et fut donc très applaudi, d’entrée de jeu.
Invité en avril dernier, le comédien y a longuement évoqué ses deux rôles marquants: l’ancien (Mc Nulty) et le nouveau (Hector Madden)…

Arrivé par hasard sur le tournage de The Wire, Dominic West a bien failli ne pas y rester… « Au départ, mon agent m’a conseillé de signer car il ne pensait pas que j’aurais le rôle, ni que la série durerait très longtemps. J’ai été engagé car j’avais fait marrer David Simon durant les essais avec mon faux accent à la « Robert De Niro ». J’étais là pour les amuser, en fait. Au départ, ils voulaient Ray Winstone (autre acteur anglais, NdlR), mais lui ne voulait pas aller habiter à Baltimore. »

Décrivant son approche du personnage, il poursuit : « J’ai grandi à Sheffield en regardant des séries américaines. Pour moi, c’était très compliqué de me sentir à ma place dans « The Wire ». Pendant 5 ans, j’ai continué à me considérer comme un imposteur. Comme lorsque je faisais semblant d’être flic, enfant. »
Après la première saison, « les choses sont devenues plus faciles avec la population car tout le monde aimait le show. Mais la première année lorsque David m’a montré les endroits glauques de Baltimore, ça craignait vraiment. Et pourtant, ce n’est pas ce qui manque à Sheffield, la ville minière où je suis né. La seule grosse différence entre les deux était la pluie. Autant dire que ça ne donnait pas forcément envie de s’installer là pour 5 ans «  (Il rit)

the wire1.jpgS’il est resté, il ne s’en cache pas, c’est par fidélité à David Simon. « Je l’adore, c’est vraiment un personnage hors du commun. Il était toujours très détendu et blagueur sur le tournage. En fait, chaque année il devait me convaincre de rester sur la série car je pensais sans cesse à ma fille, restée à Londres. Et puis, HBO était pessimiste sur l’avenir de la série, David était le seul à toujours rester optimiste. Je savais que c’était très bien écrit mais je ne réalisais pas à quel point cela marquait les gens. En fait, j’ai vraiment mis beaucoup de temps à prendre conscience du succès de la série, j’ai été un des derniers à m’en rendre compte. » (Il rit)

Selon l’acteur, si on étudie The Wire dans les universités aux Etats-Unis « c’est parce que la série a été écrite par un écrivain talentueux. David Simon a été enseignant et journaliste, il était bien placé pour parler des différentes composantes de cette communauté. A ses yeux, il écrivait un roman. Le travail de David est comme celui d’un nouvelliste du XIXe siècle, c’est la qualité d’écriture qu’il recherchait. »

« L’époque était dure aux Etats-Unis, avec le président Bush et toute l’insatisfaction que cela générait. On ne pouvait rien critiquer après 2001. Il n’y avait que quelques séries comiques qui osaient parler de ce qui se passait vraiment aux Etats-Unis. « The Wire » est née de cette colère contre la façon dont le pays évoluait. » D’ailleurs, comme beaucoup d’acteurs de « The Wire », qui ont suivi David Simon sur son nouveau projet Treme à la Nouvelle-Orléans, Dominic West « espère les rejoindre un jour, sur une prochaine saison car ils me manquent beaucoup. »

« Voir le monde à travers les yeux de quelqu’un d’autre, c’est l’aspect le plus noble de notre métier, poursuit le comédien. Je n’y vois aucun processus mystique, c’est la raison pour laquelle je passe d’un rôle à un autre le plus différent possible. »

dominic west.jpgPour aborder Hector, son personnage dans The Hour, Dominic West a donc pensé à son père. « Il ressemble beaucoup à ce dont je me souviens, enfant. La série a été présentée comme le « Mad Men » anglais mais ce n’était pas le but. L’action se déroule dans le Londres des années 50 qui sort du rationnement de l’après-guerre. Hector Madden est beaucoup moins brillant que Don Draper. Il est un peu fou et naïf; leur point commun est que Don et Hector sont tous les deux des hommes à femmes J’aborde mon travail par l’extérieur. J’aime tenir les rôles à distance de moi : les costumes, les accents, etc. m’aident à le faire. »

« En termes de jeu et de production, il n’y a pas beaucoup de différence entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Mais, forcément, sur une série en 6 épisodes, on a moins de scénaristes, moins de temps pour les détails et moins d’argent aussi » note l’acteur.
« J’ai choisi « The Hour » à cause de la scénariste Abi Morgan qui est l’une des meilleurs en Grande-Bretagne. Elle a développé « Shame » et « The Iron Lady ». « The Hour » est à la fois une enquête sur un crime, la naissance d’un magazine d’info, un triangle amoureux et une réflexion sur le climat politique de l’époque. »

Voilà qui devrait vous avoir mis l’eau à la bouche… en attendant la présentation de la série.
KT